dimanche 29 avril 2012

Visions Fugitives Le Fresnoy : L'aptitude de l'animation à montrer les métamorphoses ne la voue pas pour autant au féerique.



"Domaine de la trace et de l'evanescence, l'animation se prête à l'évocation des projections mentales, à celle du souvenir comme à celles du fantasme" Marie-Thérèse Champesme

C'est ainsi que commence l'exposition Visions Fugitives  au Fresnoy, une exposition sur l'animation, les images de synthèses, mais cette exposition reste néanmoins assez restrictive, on peut y voir quatre thèmes différents ; un travail sur la mémoire, la ville et les utopies urbaines, l'infraction du réel dans l'animation et enfin les différents moyens au service de l'animation .

En effet on peut voir dans cette exposition un travail sur la mémoire. A l'heure où les ordinateurs remplacent la mémoire collective Visions Fugitives nous montre un beau travail sur la reconstitution du temps à commencer par l'oeuvre Sound of chiarosumo de Anxiong où on peut contempler simplement le vacillement d'une bougie, allégorie du temps qui passe. On retrouve cette question de la place de la mémoire dans Tirana d'Alexander Schellow qui dessine de mémoire les lieux et les personnes qu'il a vu, ce qui permet de laisser une place à son imagination dans un film qui se veut documentaire, on retrouve aussi ici une grande thématique de l'exposition qui est l'infraction de la fiction dans le réel (ou inversement).
Visions fugitives est aussi une réflexion sur l'urbanisation et les problèmes qui en découle, huit films y sont consacrés en passant du numérique à la 3D, et la réflexion est bien menée. La ville imaginaire de Justin Benett City of progress se constitue sous nos yeux trait par trait, et on comprend alors tous les méandres de la ville qui croît avec logique et nécessité comme un organisme vivant. Le thème de la mémoire est alors ici (re)présenté à travers la ville et les ruines. Ces deux thématiques s'entrecoupent et se mélangent pour former un tout qui découle de sens comme dans Cuban School de John Gerrard qui nous propose une visite virtuelle d'une école qui a curieusement vieillit, ici même les utopies vieillissent mal.
On assiste alors à une infraction du réelle dans la fiction, ici animation ne rime pas forcément avec féerique et dans la fiction du dessin le réel ressurgit dans toute sa violence. En effet en regardant Tirana de Schellow on est confronté à l'histoire de l'Albanie, un pays ravagé par la guerre, il en est de même pour A little fantasy de Mac Laren où une île paisible est métamorphosée en décor de cauchemar qui rappelle les horreurs de la seconde guerre mondiale. Ces oeuvres sont donc non sans rappeler de grands films d'animations comme Persepolis de Marianne Satrapi ou le bouleversant Tombeau des lucioles d'Isao Takahata, deux films qui traitent des ravages de la guerre. Oui mais ces films on aurait aimé les voir, si dans toute l'exposition l'animation au sens traditionnelle comme on la connait chez Disney est absente on ne retrouve pas non plus de référence à de grands maîtres de l'image comme Myasaki ou Satoshi Kon qui mettent l'animation au service du réel et qui apportent une vraie réflexion sur notre monde. Visions fugitives ne va ici pas assez loin et l'exposition aurait pût avoir une portée plus grande si elle s'était plus attardée sur cette notion de réalité dans la fiction. 
L'exposition se termine par une série de petits films qui retracent l'évolution du film d'animation allant des premières Fantasmagories de Colh en 1908 à l'animation aujourd'hui. et on trouve ici ue condensation de renseignements qui, si on les avaient eu avant, nous auraient permit de mieux assimiler l'ensemble de l'exposition. En effet, il est passionnant de découvrir comment fonctionne ces procédés de pixelisation et de rotoscopie qui sont les prémices de ce qui a donné lieu à la 3D en vogue aujourd'hui.

Visions Fugitives est donc dans l'ensemble une exposition bien menée qui donne une autre vision de l'animation, moins féerique et plus crue qui ne transportera peut-être pas les plus jeunes. Même si parfois le propos n'est pas assez poussé cela reste un beau sujet de réflexion sur la place de la ville, de notre monde, et plus généralement du réel dans le cinéma d'animation.

Par Juliette Louchart AS1

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