lundi 30 avril 2012

Teach us to outgrow our madness


On ne sais pas où, mais ce spectacle nous emmène quelque part. On ne sais pas quoi, mais ce spectacle nous dit quelque chose. On ne sais pas pourquoi, mais ces femmes  nous touche.

Le spectacle oscille entre douceur et violence, entre poésie et animalité. A certains moments, nous sommes face à 5 muses se mouvant avec grâce et chantant telle des sirènes. A d’autres instants nous sommes face à des bêtes, grognant en s’agitant dans des gestes répétitifs et désarticulés. Et plus nous plongeons dans cette folie, plus les moments de douceurs se font rares.
Qui sont ces femmes ? Dans quelle folie sombrent-elles ? Le spectateur n’est pas guidé et c’est à chacun d’apporter ses réponses. Mais bien que l’on soit laissé seul face à ces interrogations, la recherche de réponse semble superflue, on ne se sent pas perdu, on se laisse emporter par l’atmosphère, par la beauté où la violence de certaine scène, on peut se contenter de ressentir et c’est là la force de ce spectacle.
Au delà du ressenti, et si l’on interprète les scènes les plus explicites, une histoire se dessine, l’histoire d’une jeune fille tombant enceinte et qui avorte. En fonction de sa compréhension, on y verra soit une critique de la condamnation de l’avortement par l’Eglise, soit une critique de l’avortement forcé pour préserver les apparences, cela étant une des nombreuses pistes d’interprétations de ce spectacle.
Que l’ont soit réceptif ou non à ce genre de spectacle, les émotions, quelle qu’elles soient, sont transmises aux spectateurs. Et n’est-ce pas là que réside le cœur d’un spectacle de danse contemporaine ? L’émotion avant la compréhension ?
Ce spectacle n'apporte pas de réponse, c'est une requête : "Teach us to outgrow our madness".

DALLERY
BORIS 
AS3

Teach us how to outgrow our madness



Le spectacle de danse mis en scène par Erna Omarsdottir commence avec l’apparition de formes intrigantes, d’êtres qui pourraient habiter les enfers. Les cinq danseuses d’abord déguisées avancent comme des pantins désarticulés. L’imprévisibilité de leurs mouvements saccadés provoque une gêne mêlée à de la fascination. Le ton est rapidement donné. L’atmosphère est lugubre saupoudré d’une folie cauchemardesque. Proche de celle que l’on peut trouver dans le film Black Swan d’Aronofsky, où l’héroïne est à la fois belle, gracieuse mais continuellement au bord de la folie, voir complètement dedans.

J’ai été rapidement fasciné par la performance des danseuses, jusqu’à ce qu’arrive, à mon grand regret un moment trop convenu étant donné la direction prise par le spectacle. Vers la fin les 5 danseuses se mettent à hurler dans des micros. Et bien je m’en serais bien passé. Je vois tout de suite arriver l’argument comme quoi il s’agit ici de provoquer une réaction chez le spectateur. Certes, mais est-il nécessaire de nous perforer les tympans pour en arriver là ? La première partie était suffisamment intéressante et envoutante, pour provoquer une réaction. Et puis comme je le disais on voit arriver ce concert de heavy metal, à 5 kilomètres et qui semble être donné par la jeune fille possédée dans le film L’Exorciste qui serait accompagnée de ses copines.

Colin Lefèvre AS3

Prometheus Landscape II


Jan FABRE nous présente ici sa vision du mythe de Prométhée, et comme sa réputation de metteur en scène sulfureux le précède, on sait d’emblée que l’on ne sortira pas indemne de ce spectacle. Le spectacle commence par un discours sur le besoin de héros dans notre société, en ces temps où les médias font leur Une sur les faits divers les plus glauques, où l’on parle exclusivement des travers dans lesquels les Hommes se perdent car cela fait vendre, ce discours fait mouche. Prométhée est le Superman de l’antiquité, cet être supérieur qui s’est attaché à nous, simples humains, et qui s’est sacrifié pour nous donner le feu. A la fin de ce prologue, le spectacle commence réellement et jusqu’à la fin, ce sera un déchainement de fureur, de nudité, de souffrance et de chaos. Il me semble que JAN FABRE à tenté de nous montrer comment les Hommes ont pervertis ce cadeau de Prométhée, le feu au lieu de nous rassembler nous à renvoyé vers nos instincts les plus primaires, les plus bestiaux. Si cela est effectivement le message que le metteur en scène souhaitait nous faire passer alors il est compréhensible. Mais est ce que le spectacle se résume à cela ? Je ne pense pas. L’inconvénient c’est que face à une telle profusion d’action, de geste, de cri, il est difficile de comprendre quelque chose. La scène est remplie de personnages qui évoluent indépendamment des autres, on ne sait pas sur lesquels se concentrer, et il est impossible d’avoir une vue d’ensemble. Jan FABRE veut nous perdre et malheureusement il n’y parvient que trop bien, et cela nuit à la compréhension. On peut concevoir que ce spectacle mise plus sur les sensations que sur la compréhension, mais même dans ce cas là il y a un autre problème. On est constamment dans l’excès. La nudité en soi ne me gène pas, mais son omniprésence entraine une certaine lassitude. Il y a une nette volonté de choquer de la part de JAN FABRE, et pour cela il utilise une succession d’image choc, de danseur souffrant physiquement, je vous passe les détails. Mais le fait qu’il y en a tant, donne un aspect caricatural au spectacle. La surprise ressentie au début du spectacle devant de telle image s’estompe au fur et à mesure, cela en devient presque comique, banal, le spectacle aurait gagné à faire preuve d’un peu plus de finesse et de subtilité. Ici rien n’est suggéré, tout est montré à l’état brut et cela dessert plus le message qu’autre chose.

DALLERY
Boris
AS3 

 « PROMETHEUS LANDSAPE 2 » DE JAN FABRE,
                     UNE ŒUVRE  DESTABILISANTE, A PART.


          En octobre dernier, la Rose des Vents, nous à présenté la dernière mise en scène de Jan Fabre, « Prometheus Landscape 2 »,  le genre de spectacle très inattendu, qui vous laisse perplexe mais pas sans réaction, car il faut le dire, il est assez difficile à oublier. Le public n’en reste pas de marbre, et est forcément envahi d’un mal-être, d’une sensation malsaine et indescriptible.
 Cette  pièce s’inspire du mythe de Prométhée, un Titan condamné à être enchainé sur le mont Caucase, avec comme véritable supplice, un vautour qui pour l’éternité vient lui dévorer le foie dès que celui-ci se régénère. Pour quelle raison ? Celle d’avoir donné le feu au genre humain et cela en défiant la volonté des dieux.  

L’homme se perdrait-il dans sa vanité en se prenant pour l’égal des dieux ?

Le rideau fermé, sans le savoir le spectacle à déjà débuté. A l’avant scène un homme, chauve et nu est ligoté sur une chaise. Il nous observe. Serions-nous plus que des spectateurs ? Un auditoire, des jurés, ou bien même des acteurs ?

Deux autres personnes, au caractère très opposé, l’entourent, elles énumèrent accompagnés de « fuck you » les héros qui ont marqués notre histoire. La tension est installée avant même que quoi que ce soit n’ait commencé. Après ces longues minutes déstabilisantes, le rideau se décide à s’ouvrir laissant apparaitre le magnifique et imposant décor.

Au premier coup d’œil, choqué, on voit un homme suspendu par des cordes, les membres écartés, immobile et silencieux. Derrière lui un soleil rouge vif grossit et se rétracte pour laisser place à une nuit bleu et glaciale : l’affrontement entre la chaleur de la vie et la froideur de la mort.  Cette mise en scène est esthétiquement très belle, c’est une évidence,  mais une aura de violence s’en accompagne.
 Tout au long de la pièce, les acteurs s’animent autour de lui, le réclament, le convoquent avec des offrandes ; ils se déchainent sur des rythmes endiablés, se mélangent, s’infligent des souffrances, tout en mettant le feu au devant de la scène comme acteur principal. Les trois autres éléments sont utilisés pour défier ce quatrième incontrôlable, à l’aide de sable, d’eau et d’extincteurs.

Jan Fabre a de toute évidence réussi son pari. Il a ainsi placé le genre humain, au centre de son œuvre grâce à la subtilité des vices de la nature humaine qui s’en dégagent. Le spectateur se retrouve alors plongé en pleine réflexion sur lui-même et ce qui le pousse à défier les puissances supérieures.


  Marie David AS3

Un cri surpuissant

Le spectacle d'Erna Omarsdottir veut nous donner une leçon de vie. Nous apprendre à dépasser notre folie. Mais de quelle folie parle t-on ? Le désespoir d'un matricide, une démence liée au langage ou encore le conflit intérieur d'une femme perdue.
Le spectacle donne peu de réponses et cible l'attention du spectateur par la violence et la stupeur. Les cinq danseuses sont rarement calmes, seule leurs féminité stoppe leurs cris de détresse. Elles s'occupent alors l'une de l'autre, se brossent les cheveux, jouent ensemble tels des sœurs. Le spectacle veut qu'elle se transforme ainsi elle ne cesse de changer d'apparence, de caractère. Une danse fougueuse qui ne cesse de s'entrechoquer, de s'allier et de se déchirer.

Cela peut en choquer plus d'un, qui n'hésiterons pas à sortir de la salle. L'excentricité et son genre rebelle est une influence directe au style de Jan Fabre. Le spectacle dérange et la volonté de faire sortir l'être de son corps est flagrante. Le heavy-métal ou punk hurle dans les enceintes un chant live qui nous brise les tympans. Les gestes de ces femmes sont répétitifs et très calés,une véritable performance.

Certes c'est un spectacle contemporain, cela va de soi. L'image prend alors toute la place pour en oublier le sens. Il est difficile de comprendre les relations qui réunissent ces femmes. Leurs visages effrayés parfois recouvert d'un tas de cheveux ,nous irisent les poils. On pourrait y voir une vague référence à l'oeuvre d'Hannah Collins, Hair with eyes. Des icônes devenus presque mythologique qui arpente un monde de torture.

Erna laisse le spectateur sans voix mais malheureusement sans oreilles et sans réelles sens. L'univers de ces femmes aliénées fait peur à voir et à entendre ; il faut du temps pour qu'elles s'assagissent . Le seul remède semble être le chant ou le storytelling. Quel est son propos ? Parle t-elle du théâtre en général et de son impact sur l'humain ? 


Natacha Slupek, AS1

Un visage trop vu

Du 20/01/2012 au 11/03/2012 à La Condition Publique, Roubaix.

L'exposition ressemble à une chambre froide et noire remplie de son trop fort et d'alarmes stridentes. Impossible de se concentrer sur les installations quand toutes les sonorités se mélangent dans cette espace séparé par de fin draps noirs.
Damaris Rish et Catherine Poncin ont choisis de construire trois installations multimédia sur l'identité et l'être. Une “Ode à neufs voix“ qui pourtant approche de loin un poème lyrique. Une rangée de télévision chante un simple, commun et ennuyeux désordre. Damaris s'exprime par “son choix de dissocier le son, l'image fixe et le mouvement , témoin de la fragmentation de l'être." Mais n'est ce pas le fruit d'une facilité pour exprimer la difficulté à saisir l'attention du spectateur lassé ?
La première installation visuelle saisit par sont reflet sur le sol. On peut ainsi se mouvoir et jouer avec l'ombre, la lumière et les formes géométriques pour encourager le trajet de la découverte. L'installation finale enjoue, photographie et même laisse une trace. Il est possible pour quelques euros symbolique d'entrer dans un photomaton pour participer au projet devenu ludique. Qui rattrape heureusement les erreurs visibles des montages brouillons de tissus de la piscine et de portrait.

Nicolas Clauss utilise lui aussi le portrait en manipulant l'image stéréotypée du jeune de Banlieue, derrière un discours sarkozyste avec son œuvre “terres arbitraires“. Un amas de vidéo dirige de nombreux visages vers l'auditeur, l'éclat de l'image surprend et envahit l'esprit. Il envoute par l'attaque visuel et capte l'attention comme un cliché de “la haine“. Les nombreux visages sont ceux des jeunes des quartiers populaires de Mantes la jolie et des trois ponts à Roubaix. L'artiste réussit donc à ancrer son sujet avec le lieu, la condition publique de Roubaix.

“Un visage, des visages“ a fait beaucoup parler d'elle, articles de journaux, apparition dans let's motiv, pour finalement en dire peu. N'a t’ont pas assez vu et entendu sur le sujet ? Que celui qui ne sait pas que la télévision nous ment sur les faux tempéraments des jeunes de Banlieue, se lève pour parler. La question est alors pourquoi en parlons t-on encore après tant d'années? Nicolas le sait bien puisque son projet artistique est le reflet de deux années de travail. Les problèmes sont malheureusement encore présent et l'avis public veut comprendre. Espérons que les trois artistes ont réussit par leur dynamisme à solliciter leur publics et obtenir des réponses.



Natacha Slupek, AS1

L'explosion d'une danse libératrice


L'intrusion d'un fil presque invisible et l'apparition de sept interprètes venu du public marque le début de la pièce de Maguy Marin. Un chemin chronologique éprouvant, époustouflant et épisodique de sept danseurs. Un chiffre volontairement mystique ; les sept orifices sont touchés, nos sens s'ouvrent à un spectacle plein de dynamisme. Les deux yeux s'affolent à capter les mouvements vifs, les deux narines et la bouche s'allient sensiblement en une respiration haletante. Sept messagers ou esclaves soumis à des bruits sourds d'explosion, un tourment de haine, de fuites et de répétitions touchant nos deux oreilles.

Un chant radiophonique de peur et de flash. Maguy Marin dévoile un monde où l'on nous cache la vérité et où la femme est silencieuse. Des mains lui bloquent l’ouïe et lui masquent la vue. La seconde d'après, un choc brutal jaillit ; des bruits de pas d'une course infernale se mettent à raisonner. Une simple lampe torche guide ces personnages dans un spectacle où l'ombre et la lumière prennent toutes leur importance.

Un talent d'interprétation et de mise en scène qui restera sept fois gravé et sept fois tiré par plusieurs armes en même temps, des "Salves" foudroyantes. Une tendance culturelle, qui touche à la liberté et ses icônes comme Marianne. La pièce dévoile des ressources artistiques tels un chaos de Guernica de Picasso. Résultat d'un travail précis, Maguy Marin sait nous tenir en haleine par son talent et sa notoriété grandissante.



Natacha Slupek, AS1

enfermé de-DRAN

Une maison en carton dans un univers Street, c'est ça Dran. Comme " il ne sait pas écrire, il a préféré nous le dessiner". Aucune explication sur qui il est, d'où il vient, mais juste sur ce qu'il fait, dessiner. 

On découvre une multitude d’œuvres différentes intégrés dans un espace intime directement sorties de son imagination débordante. Dran est un intègre du Street-Art et de sa culture de l'anonymat. Un artiste qui fait parler de lui à travers une critique ironique de la société, un humour noir et un genre parfois obscène.

Il réussit à rendre son site internet attractif et le clic devient un jeu. La première présentation se place directement dans son univers, un carton et un morceau de mur (références directes liées au graffiti ). Pour accéder à son portfolio animé l'utilisateur doit trouver l'entrée grâce à un clic. Il est alors possible de découvrir l'artiste au travers de son œuvre, un bureau rempli de petits objets et croquis. L'utilisateur fouille et arpente la pièce pour cliquer sur chaque interaction et goûter à un mélange toujours drôle et contemporain. 

 
Mais qui est Dran? Un grapheur proche de Bom-K, un ami de Banksy ou simplement un toulousain cherchant à revendiquer son opinion sociétale ? 
Le site en dit peu et n'est plus mis à jour causant la perte de certains liens devenus sans issues. Pourtant l'originalité et le savoir faire restent marqués
. À vous de prospecter pour connaitre le mystérieux Dran.


Natacha Slupek, AS1

Teach Us To Outgrow Our Madness
d’Erna Omarsdottir



Présenté à la Rose des vents le 3 avril dernier, cette pièce d’Erna Omarsdotti en étonnera plus d’un. Entre danses parfaitement synchronisées, contorsions, figures fantomatiques et hurlements pour fan de d’ « Heavy Métal », il est difficile de ce faire un point vue sur cet ovni néanmoins habillement mis en scène. Le spectacle peut se voir comme plusieurs scènettes représentant divers étapes de la vie d’une femme, de la naissance du fœtus au passage dans l’au-delà en passant par les premiers rapports sexuels. Il faut avouer que cela commence fort une première chorégraphie qui joue sur l’effet de miroir, de contorsions et d’illusions d'optique donnant l’impression, même aux spectateurs les plus proches de la scène, que le personnage lui fait face alors qu’il est en réalité, de dos. 

Une fois ces 5 entités transformées en femmes, petites, grandes, enrobées, minces, ravissantes ou mignonnes, elles mettent rapidement le spectateur mal à l’aise en faisant bouger leurs corps dans tout les sens. C’est d’avantage ce violent hochement de tête, de haut en bas puis de gauche à droite qui semble interminable et insupportable pour le spectateur. Bien qu’une performance physique hors du commun soit incontestable, on a du mal à trouver un réel intérêt à observer des personnages se faire monter le sang jusqu’à la tête en se raclant la gorge au passage. 

Cela fait heureusement place à des moments plus « significatifs » avec des passages plus « doux » notamment quand les 5 comédiennes se mettent en file indienne pour se coiffer les cheveux et plus  « interpellant » quand elles transforment une partie de corde à sauter en scène d’agression. C’est d’ailleurs en faisant de ces cordes à sauter une arme, insoupçonnable, envers elles mais aussi envers le spectateur qu’elles regardent avec un air menaçant, que le metteur en scène opère encore une fois une transformation et un changement d’état d’esprit auquel le spectateur ne s’attend pas.

Jouant intelligemment entre silence, effets sonore et musiques en tout genres Erna Omarsdotti joue avec son spectateur et met à l’épreuve sa concentration avec une oreille qui peine à s'habituer aux changements radicaux d’ambiances et de volume sonore. Un effet qui aurait pu être intéressant s’il n’était pas autant présent durant toute la longueur de la pièce et s’il ne mettait pas autant mal à l’aise le spectateur au point d’être obligé de quitter la salle ou de se boucher les oreilles. Même si cela est porteur d’une volonté artistique forte et d’un sentiment de mal être très bien retranscrit chez le spectateur, c’est à mon sens le gros point négatif de la pièce.

N’en sortant pas « indemne » ou combler totalement de cette représentation on retient facilement l’incroyable performance physique des comédiennes et de nombreuses références cinématographiques auxquelles la pièce peut nous faire éventuellement penser, c'est-à-dire des films comme « Virgin Suicide » de Sofia Coppola, « Psychose » d’Alfred Hitchcock ou encore « The Ring » d’Hideo Nakata.
Une pièce intéressante, sans être le choc de l’année, qui s’écoute avec des boules Quies.

Humberto Da Silva AS3

Prometheus Landscape II

de Jan Fabre



Le dernier spectacle de Jan Fabre, représenté à la Rose des vents il y a quelque temps, est un véritable choc esthétique et physique. La pièce s’inspire du mythe de Prométhée, ce titan condamné à être enchaîné sur un rocher où un aigle vient lui dévorer le foie pour l’éternité tout cela pour avoir donné le feu aux hommes.
A peine, le spectateur installé le spectacle semble déjà commencer quand il observe sur la scène un des comédiens ligotés sur une chaise le regard vide. Chauve, enrobé et nu, il met en contexte ce qui va suivre. Deux autres personnages, positionnés des deux cotés de la scène devant un rideau noir, commencent le spectacle avec une longue énumération de personnalités de l’histoire que l’on a nommé comme héros. 

Cette scène, peut être un peu trop longue, lasse le spectateur et commence à faire monter une certaine tension face à une comédienne calme confrontée à un autre de plus en plus nerveux. Une fois le rideau ouvert, on découvre un décor impressionnant avec un personnage ligoté par les mains et les pieds et étiré de chaque extrémité le suspendant dans les airs, son corps formant un « X ». On observe derrière lui une projection magnifique d’un soleil jaune/orange vu de l’espace qui rappel la puissance du feu et son énergie. Une mise en scène qui personnellement retient l’attention tant la beauté et la torture physique semble se mélanger à merveille. Servi comme une sorte d’offrande, ce Prométhée suspendu reste silencieux et immobile durant une grande partie du spectacle, condamné à observer les humains qui dansent, s’accouplent, se moquent ou s’entretuent autour de lui rappelant son échec d’offrir à l’homme un pouvoir qu’il ne contrôle pas.

Habilement mis en scène Jan Fabre pousse le spectateur plus loin qu’un mal être inévitable en lui montrant des performances qui use le corps, montré à la fois dans toute sa beauté mais aussi avec tout ses défauts rappelant d’une certaine manière la vanité de l’homme à se prendre pour un dieu. Fabre n’hésite pas à montrer la nature sauvage de l’homme, ce qu’il construit et ce qu’il détruit et cela s’exprime par une dualité entre chaud et froid tant le soleil d’une couleur jaune/rouge laisse sa place à la lune froide et sans vie. 

La présence des extincteurs qui propulse des jets de CO2 sur les personnages en dit énormément : L’homme aurait-il besoin de se protéger du feu s’il en avait la maîtrise ?  
Ce spectacle intense, impressionnant, choquant, écœurant et déstabilisant, ne laisse à aucun moment le spectateur respirer et le pousse dans ses limites quitte à le faire sortir de la salle. Et la force de Jan Fabre réside dans le fait que son message est tellement fort qu’il n’apparait qu’après coup une fois la performance achevée.
En abordant le mythe de Prométhée, le metteur en scène se permet une réflexion sur l’homme et sa recherche d’un leader qui peut s’interpréter comme une recherche de lui-même à travers un voyage sans fin qui explore presque les 7 péchés capitaux.
Un spectacle que je recommande, non pas aux amateurs de danse mais plus à ceux en quête d’une recherche esthétique et technique intense entre beauté et torture psychologique avec toute fois un certaine ouverture d’esprit à mettre en place.

Humberto Da Silva AS3

Exposition "Volume 4" Rainier LERICOLAIS


L'exposition "Volume 4" au FRAC (Fonds Régional d'Art Contemporain) de Limoges, accueille du 23 Mars au 2 Juin 2012 les œuvres du musicien et spécialiste du "sampling" Rainier Lericolais.
Cet artiste plasticien travaille le son comme un matériau malléable, comme il le dit :"le son est pour moi avant tout un dessin, de même que les arts plastiques...", il s'intéresse particulièrement à la culture pop rock.

Au premier abord, sa démarche peut paraître discontinue : quel est le rapport entre des sculptures de piano en carton, des écrans de télévision qui s'éteignent et des tentatives de moulages d'eau ? Comme souvent dans les œuvres contemporaines, le plus important ici c'est le questionnement, ces images n'appellent pas d'interprétation définitives, elles questionnent plus les médiums de création de l'artiste qui joue avec le spectateur.

Ici Lericolais, brouille les pistes, il remet en cause notre savoir sur l'artisanat et les techniques musicales.
Cette exposition est assez fragmentée, les œuvres semblent dispatchées sans réelle logique dans l'espace de la FRAC. On a l'impression de se promener au sein de son vaste cabinet de "curiosités" musicales, à défaut d'en avoir une symbolique évidente, ses œuvres font appel à à notre imaginaire, elles proposent toutes plusieurs lectures, le néophyte peut devenir amateur d'un monde qu'il ne connaît pas.


J'ai particulièrement apprécié les sculptures de piano en carton intitulée "Cage" et "Feldman", en effet, il transforme cet instrument massif, imposant, noble en quelque chose de léger, fragile, d'inachevé. On a presque une envie "instinctive" de remplir cette structure vide afin qu'elle puisse produire une mélodie.

Il est néanmoins regrettable que le spectateur soit livré à des objets divers disposés ici et là sans réelle explication, aucune. (quand il fut conçu, à quel occasion...) On a l'impression de saisir des bribes d'idées, de brèves connections par moments, comme si c'était à nous de franchir le pas et de comprendre les significations de ces objets vidés de leur sens premier. Peut être était-ce la volonté première de l'artiste ?

Benjamin BELLOIR AS3



Collectionneur de mondes
Au Musée du LAM


    

L’exposition présente depuis le 14 février 250 œuvres d’art brut issu de la collection de Korine et Max E. Ammann. Le métier de journaliste et d’organisateur de la coupe du monde de jumping pendant 25 ans, a permis à Max E. Ammann de voyager à travers le monde et de visiter de nombreux musées lui permettant par la même occasion de réunir une importante collection de plus de 5000 œuvres réalisées par des personnes handicapées, des détenus, des spirites ou des exclus vivant en marge de la société. Ses nombreuses rencontres d’artistes lui ont permis de se créer une opinion concernant la définition de
l’ « art brut ». Une définition qui reste au cœur de l’exposition car celle-ci n’a jamais trouvée de version définitive, c’est pourquoi l’on préfère parler d’ « art outsider », c'est-à-dire qui sort des principes ou des règles de l’art que l’on peut avoir l’habitude de trouver en société.

Quand on visite l’exposition la première chose que l'on remarque c'est cette diversité esthétique composée d'artistes en tout genre avec un style et une histoire différente racontant presque pour chaque œuvre une anecdote qui la rend originale. On retrouve des œuvres plus connues comme celles d’Adolf Wölfli, de Scottie Wilson ou d’Aloïse mais aussi d'artistes moins connus comme Fritz Frischknecht ou Josef Brunner.
L’artiste Hollandais Jeroen Pomp se caractérise par un style qui résumerait bien le propos et l’esthétique de l’exposition. Son œuvre, intitulée « Le chanteur Frans Bauer » représente comme son nom l’indique le chanteur Néerlandais Frans Bauer entouré par le mouvement de la ville à savoir les voitures et les passants. L’œuvre est réalisée sur papier à l’aide de crayons de couleur et se distingue par ses contours irréguliers et son style particulier qui peut faire penser à un dessin d’enfant. En observant le dessin d’une certaine distance on comprend rapidement le propos de l’artiste qui tente de nous délivrer sa perception du monde quelque peu différente de la notre qui synthétise la ville en ce qui pour lui se perçoit comme une sorte de mélanges de bruits et de formes qui perturbe le regard et ne fini par se résumer que par une imposante déformation confuse.
L’œuvre porte une place à part dans l’exposition car elle attire facilement le regard et interroge le spectateur qui se souvient facilement d’elle quand il doit essayer de résumer l’exposition. Son style colle parfaitement à une définition de l’art brut ou d’art outsider, que l’expo tente de nous donner, en présentant des œuvres qui se caractérisent par un style plutôt abstrait et décalé qui interpelle le spectateur plus facilement du fait d’une certaine "proximité" esthétique.

« Collectionneur de monde » est une exposition encore diffusée jusqu’au 13 mai au Musée du LAM à Villeneuve d’Ascq.

Da Silva Humberto AS3