mercredi 10 mai 2017

 Jolie Soirée ,  MAX  



Pour réaliser ce dossier , j’ai privilégié une démarche subjective et personnelle en me dirigeant vers quelque chose qui me touchait particulièrement pour le choix de l’oeuvre.

C’est le cas des oeuvres de Max parce qu’étant Bordelais , il axe son travail principalement autour des paysages maritimes de la côte Atlantique qui est un endroit que j’affectionne particulièrement en France. 


MAX , de son vrai nom Emmanuel Ballangé a souvent été en contact avec l’Art et notamment la peinture ; sa mère travaillait dans un magasin de fournitures d’Art et il a suivi des cours d’arts plastiques pendant son cursus universitaire. 
Après l’obtention d’une maîtrise en anthropologie en 1996 , il a travaillé comme conseiller et démonstrateur dans un magasin de fournitures beaux arts et en 2000 il décide de se lancer en tant que peintre professionnel et ouvre en 2004 son atelier à Bordeaux. 
Il participe à de nombreuses expositions surtout dans l’Ouest et le Sud Ouest de la France dans des villes comme Poitiers , Niort et Montpellier. 

Il s’inspire des travaux de peintres du midi (par exemple Pierre Ambrogiani) mais augmente son travail d’une coloration aussi forte que subjective d’ailleurs sa peinture paraphrase bien la citation de Baudelaire : «  Je voudrais les prairies teintes en rouge , les rivières jaune d’or , et les arbres peints en bleu. La nature n’a pas d’imagination. »

De ce fait , ses oeuvres m’ont plutôt rappelé le mouvement du fauvisme entre 1905 et 1910 avec des peintres comme Matisse , Derain ou encore De Vlaminck , tout particulièrement la série des toiles de bateaux que Derain avait réalisé lors d’un séjour à Collioure dans laquelle il peint avec des couleurs tout à fait subjectives.  
  
   


Dans son travail , MAX mélange aussi bien les techniques que les matières allant jusqu’à intégrer des éléments naturels comme le sable pour épaissir la texture. 
Il utilise aussi des outils différents entre pinceaux , couteaux et doigts donc son travail reste très hétérogène et polyvalent. 

J’accorde une forte importance aux couleurs dans les oeuvres picturales , et MAX est un peintre qui ne s’inspire pas des couleurs du réel , mais de celles qu’il ressent au moment où il peint ses oeuvres. 

Dans son oeuvre exposée à Lille dans la galerie Carré d’Artistes ; Jolie Soirée , qui a attiré mon attention , on retrouve ce côté fauve du travail de MAX avec des couleurs imaginées et ressenties qui nous transmettent une sensation selon moi plus forte que s’il s’était résigné à peindre des couleurs copiées à celles de la réalité. En effet , un océan violet aux reflets colorés , un ciel rouge orangé et des bateaux aux couleurs diverses peuvent paraître primaires et non travaillés à celui qui n’adhèrent pas à cette démarche synésthésique mais pour le spectateur qui se laisse prendre au jeu des sensations , ces couleurs invitent d’autant plus à l’imagination et à la recherche d’émotions nouvelles. 

Et , l’utilisation des différentes matières , (ici le fusain, l’acrylique , la peinture à l’huile et l’encre de chine) , qui plus est par le biais de différents outils , favorise cette sensation nouvelle que l’artiste souhaite donner à son spectateur. 

Dans cette toile , MAX nuance surtout les éléments naturels ; l’eau et le ciel , séparés par une frontière floutée qui vient abstraire le tableau en deux parties qui s’assortissent de manière complémentaire. L’assortiment des couleurs n’est de ce fait pas si spontané que la démarche instinctive qu’adopte MAX le voudrait , car il reste assez travaillé pour donner au tableau une harmonie visuelle. 

Les bateaux placés de manière alignée avec leurs cordages plus ou moins parallèles , et leurs couleurs plutôt appliquées par aplats viennent donner à la toile une certaine structure qui contredit les nombreuses nuances de couleurs brumeuses et imprécises. 


Ainsi , MAX à travers ses oeuvres souhaite d’abord transcrire de manière picturale plus que ce qu’il voit dans la réalité , mais ce qu’il ressent en observant ce qui se déroule sous ses yeux dans une démarche assez hétérogène si bien dans la technique que dans les matières utilisées. Finalement , pour que l’intention synésthésique de MAX soit mise en perspective de manière efficace et pertinente , il faut que le spectateur se laisse prendre au jeu et accepte d’aller au delà de sa vision réelle de l’environnement pour parvenir à une libération de son imagination et de ses émotions.    



  






Alexie Wojtalik 


samedi 6 mai 2017

The Walled-off hotel , Banksy



Cette installation est selon moi ,une humble, (à la façon de Banksy), mais très réussie contribution au travail de mise en lumière du conflit Israelo-Palestinien. 

Banksy, à la façon de certains photographes plasticiens comme  Hocine Zaourar avec sa Madone de Bentallah, sait user avec brillot subtilité et originalité toujours, des codes occidentaux , des codes de la société britannique en particulier dans laquelle il a grandi, afin d'attirer les regards des populations occidentales sur la réalité de ces populations auxquelles ils ne prêtent en général que moindre attention car le regard plus tourné vers ce que leur montrent leurs médias ,car c'est ainsi que nous sommes conditionnés par cette société dans laquelle les médias sont un pouvoir car permettent d'orienter l'opinion publique et les inflexions politiques. 

Le fait donc d'utiliser des codes picturaux reconnaissables des populations occidentales, auxquels ils ont la possibilité de s'identifier, rappelant une tradition qui est la leur,
permet de mettre en lumière une situation. Les médias n'ont d'ailleurs pas manqué de se ruer sur l'Oeuvre pour en faire un sujet à la une de l'actualité. 

Ceci nous montre aussi une certaine forme d'hypocrisie dans la considération de l'art , du street art tandis qu'on le dit souvent polluer nos rues quand il s'agit de nos villes, aussitôt qu'un street artiste est élevé au rang d'artiste majeur du 21e siècle, son oeuvre devient la source des compliments de tous médias et le fait qu'il ne s'agisse pas de nos rues non plus quand ce sont des tags sur le mur de séparation Israël-Palestine nous conforte également dans notre réception de l'oeuvre quoiqu'un Banksy en 2017 on en rêverait presque sur la façade de notre maison ...

La façon d'évoquer le sujet varie également d'un média à l'autre selon sa ligne directrice visant plus à conforter le lecteur dans la société dans laquelle il vit ainsi qu'à le conforter vis à vis des directives employées par son pays au sujet du conflit (ou la non-action même) ou au contraire à le faire se questionner sur la réalité qu'il lui est donnée de voir et de constater.
En effet si un journaliste du "Monde" nous dit sans pincettes le message de dénonciation et le caractère subversif de l'Oeuvre "Côté espaces communs, le lieu propose un piano-bar colonial, en hommage à la Grande-Bretagne, qui a « mis la main sur la Palestine en 1917 », et où seront notamment servis des scones et du thé;

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/arts/article/2017/03/03/banksy-ouvre-un-hotel-a-bethleem-avec-vue-sur-le-mur-de-
separation_5089101_1655012.html#4lvdFGx771wB7QzZ.99

le figaro par exemple ne fait que citer des faits et décrire l'installation sans chercher à développer sur le message et la visée de cette installation.
http://www.lefigaro.fr/culture/2017/03/21/03004-20170321ARTFIG00059-l-hotel-de-banksy-a-bethleem-les-premiers-clients-sont-arrives.php.

Le fait pour l'artiste de travailler main dans la main avec un directeur d'hotel qui est lui Palestinien et qui est donc directement impliqué ,comme tous les habitants des deux territoires séparés par le mur,dans ce conflit de presque 70 années maintenant , donne la légitimité nécessaire à son travail pour qu'on ne le pense pas comme simple résultat d'un point de vue extérieur européen sur la situation. 

Cette vue sur le mur, plus que de nous montrer ce qu'on sait ou imagine sur cette situation est une demande d'insurrection, Banksy nous dit "nous sommes face à un mur, il FAUT trouver une solution". 
L'on peut se dire que si l'art ne sert dans les faits à rien il offre la possibilité de mettre en lumière, c'est ici un défi réussi. 

OKAT Elina AS1