samedi 28 février 2015

Cochons tatoués de Wim Delvoye

Les cochons tatoués de Wim Delvoye



Aussi abscons que cela puisse paraître nous sommes en présence, selon l'artiste:"d'une friction entre l'art et la vie". Si tel est l'essence de ces œuvres nous n'en ressentons aucunement l'effet. On aimerait presque que ces cochons prennent conscience de leur statut chic et s'élèvent mais hélas...
Ce que nous reprochons à Wim Delvoye est la transposition d'une pratique humaine courante à un animal, devenant de ce fait une oeuvre d'art incontestable. C'est cette stagnation séculaire de l'art qui nous préoccupe, les choses sont surprenantes sans l'être vraiment. La démarche fait réagir plus qu'elle n'interroge mais elle trouve un public. 
Dans notre cas c'est une profonde indifférence qui nous prend et nous pousse une fois encore à critiquer ce pan de l'art contemporain qui génère cette indifférence a posteriori révoltante. Pourtant bien traités dans la ferme de leur propriétaire, on ne peut s'empêcher d'être empathique envers ces êtres dépourvus de subjectivité.
Cela aurait pu être une tradition tribale millénaire que ça en serait tout aussi risible et auquel cas on assisterait à une redéfinition de cet acte comme art primitif assez interlope, sans vouloir l'entraver car pratiqué par un groupe depuis des générations. Mais le statut de l'artiste étant ce qu'il est, les stimulus s'en vont virevoltant piquer les réactionnaires et émerveiller les éponges au fort pouvoir absorbant.

Un pH de 4,2 animait cette critique.

Adèle Normand AS1
Ibrahim Touhami AS1

lundi 23 février 2015

Critique de l’oeuvre « Venise », Lorenzo Mattotti, 2008, 41x31cm, Galerie Martel à Paris

L’oeuvre présentée est un dessin de l’artiste réalisé en 2008 et indépendant de ses travaux d'illustration de bande dessinée. Elle fait partie de l’exposition sur Venise intitulée « En creusant sous l’eau » que l’on retrouve à la Galerie Martel à Paris. Cette exposition permet de dévoiler au public une facette peu connue de l’art de Mattotti, mais aussi de mettre en avant le regard de l’artiste sur l’Italie et plus particulièrement sur la ville de Venise. 



Réalisée avec de l’encre de couleur, ce dessin représente simplement une ruelle traversée par un canal d’eau. Le spectateur semble être placé sur une plateforme ou une sorte de pont qui fait le lien entre la rive de gauche et celle de droite. La représentation de l’architecture reste assez simple, le détail importe peu ici. On distingue des escaliers de part et d’autre de la plateforme (du pont) qui mènent tous deux vers ce qui semble être une maison à gauche et un tunnel à droite. L’usage de la couleur donne de la profondeur et du relief, les planchers très blancs rendent compte de cela. De plus, le canal de couleur assez sombre semble s’étendre à perte de vue. La perspective est en ce sens quelque peu faussée. De par sa touche, le travail de l’artiste me rappelle celui du peintre américain Edward Hopper, que j’affectionne tout particulièrement. Un certain calme règne dans ce paysage à la fois urbain et rural. Urbain avec cette rambarde de fer qui soutient l’escalier à droite et rurale avec ce point d’eau, sujet presque centrale de la composition, et aussi parce qu’on devine de la verdure sur le mur à gauche, les briques et les pierres des façades aussi contribuent à ce naturel. On en vient presque à se demander où l’on se trouve. 

L’artiste peint ici une facette de Venise qui n’est pas forcément celle à laquelle on pense à l’évocation de cette ville. Ayant moi même visité Venise il m’est difficile de vraiment l’identifier dans cette peinture, tant on pourrait retrouver ce type de paysage dans d’autres villes dites « atypiques ». Le peintre cherche peut-être justement à nous déstabiliser en nous donnant à voir une fragilité  et une originalité de la ville de son enfance.  S’éloignant des images des cartes postales dans lesquelles on ne voit que la place Saint-Marc et les gondoles, Mattotti fait preuve de sincérité, et nous amène à reconsidérer notre vision de cette ville.  Cependant, certains pourront se demander si sa représentation n’est pas un peu illusoire et utopique. En effet, cette ville qui est extrêmement touristique est ici dénuée de toute figures humaines, de touristes, d’habitants et ce, dans presque toutes ses peintures composant l’exposition.  Est-ce l’expression d’une certaine nostalgie et d’un regret pour la Venise d’autrefois? Dans tous les cas, ce travail introspectif et personnel du graphiste mérite d’être souligné et salué, tant il s’éloigne de ce qu’il produit à son habitude. Pour ma part, ce côté rêveur et paisible que je retrouve dans son illustration pour l’album du compositeur René Aubry, Plaisirs d’Amour, est loin de me déplaire. On a tous besoin d’un havre de paix qu’il soit materiel ou immatériel, réel ou imaginaire. 

-Sara Proffit AS1.

dimanche 22 février 2015

Critique de l’œuvre : « sans titre », Augustin Lesage, 1937, huile sur toile 62 x 44 cm, Musée du Lam






    Cette œuvre est à mon sens, le chef d’œuvre rêvé de l'enfant que j'étais. En effet, Augustin Lesage a un petit peu agit tel un enfant voulant dessiner ce qu'il lui passe par la tête. Sauf que si je me rappelle bien, mes dessins à moi étaient plutôt du genre sales, ratés, sans esthétique attirante. Chez Lesage, on retrouve le trait de la personne amateur, le côté « fait maison » mais tout cela compose une toile magnifiquement riche et attirante.
Petit, j'adorais la symétrie, c'est pourquoi j'aime le travail d'Augustin Lesage. Tout se base sur la géométrie, des lignes, des ronds, des losanges assemblés comme un jeu. Comme si il fallait remplir lignes par lignes un motif d'une couleur au choix. Les couleurs utilisées me font penser aux dessins animés de ma jeunesse, le marron très présent dans Kirikou ou alors ce bleu rappelant les palais de Azur et Asmar. Cette sensibilité pour cette œuvre est bien sur différente selon les passés de chacun, mais quoi que l'on dise, chaque personne regardant ce tableau prononce la même onomatopée : « wouaaa ».

     Ce mot est d'ailleurs très révélateur du lieu où est exposé l’œuvre à savoir la partie « Art brut » du musée du Lam. En effet, ce tableau se trouve au milieu du multitude d’œuvres semblables à celle-ci. Avec les toiles de d'Augustin Lesage et l'impressionnante « toile bleue » de Victor Simon, on rentre dans un univers tout à fait particulier. Apercevoir cette univers provoque la même sensation que lorsque on regarde le bouquet final d'un feu d'artifice ou lorsqu'on regarde les étoiles. On ne sait plus quoi regarder, doit-on se concentrer sur une couleur ou sur une forme ? Ce sont toutes ces questions qui nous font remarquer que l'on observe les œuvres depuis un certain temps. Voilà comment j'ai pu remarquer à quel point j'appréciais cette œuvre : je me suis dis que je pouvais la regarder durant des minutes et des minutes.

     Cette toile m'a aussi rappelé ces longs et ennuyeux cours de philo de terminale où je tuais le temps à dessiné des motifs sur chaque lignes de mes fiches bristol. C'est comme ça que j'ai cru qu'il étais possible que cette œuvre soit issu d'un travail de peinture automatique. Car oui en effet, en apprenant l'histoire d'Augustin Lesage, j'ai eu vraiment des doutes sur la création de ses œuvres. Il est très difficile à croire que cette inspiration vienne d'un travail semblable à l'écriture automatique. Il y a forcément eu une certaine réflexion sur la composition des éléments, notamment cette géométrie presque parfaite. Mais si l'on observe bien, on peut voir facilement que l'artiste n'a jamais reçu de cours de peinture, sur la partie bleue en haut de la toile. Ce bleue est très imparfait et amateur. Mais serait-ce un effet voulu ou une conséquence de sa non-expérience ? Toujours est-il qu'il est tout de même pas facile à croire qu'un mineur puisse produire des œuvres du jour au lendemain.


     Mais cette toile nous rappelle à tous que chacun de nous a un potentiel artistique. Car très peu de personne n'ont jamais dessiné des formes sur leurs cahiers de cours. Mais Lesage a quand même un véritable talent pour imaginer des formes finalement très simples mais dans un univers très riche et complexe. Le résultat est là, l'admiration, les images d'enfance, l’esthétique tantôt orientale, tantôt africain. Tout ce mélange constitue comme un jeu ludique où la règle serait d'imaginer des objets ou êtres vivant comme lorsqu'on regarde les nuages. 

Arnaud Boileau AS1 

Critique du film Balaoo projeté lors de la soirée Ciné-concert "Du rire et des frissons" à l'Hybride.

                                                           Critique du film Balaoo

       Lors de cette soirée organisée par l'Hybride et intitulée "Du rire et des frissons", plusieurs anciens courts métrages ont été projeté, mais un a surtout retenu mon attention, celui qui a pour titre Balaoo, réalisé en 1913 par Victorin-Hippolyte Jasset.
       Tous les films étaient muets, et des musiciens s'occupaient de faire l’ambiance sonore pour permettre aux spectateurs d’être plongés dans les différents univers cinématographiques que les films projetés proposaient, malgré  la musique  répétitive, ils ont réalisé un bon travail.
       Il est important que des lieux comme l'Hybride puissent subsister pour permettre aux gens d'aujourd'hui et aux passionnés de pouvoir voir des anciens films qui sont les ancêtres du cinéma d'aujourd'hui et sans qui les grands films n'existeraient pas. Et c'est la cas du court métrage Balaoo.  
       Alors qu' aujourd'hui, les progrès technologiques permettent des effets sonores et visuels incroyables, dans le court métrage Balaoo on peut voir qu'avec de simples gestes, une caméra , du maquillage et des costumes, le spectacle est tout aussi présent. A la fois comique et tragique, ce film nous ramène à un retour aux sources. Déjà en ce temps la, les réalisateurs avaient le don de créer la surprise aux spectateurs, car en effet, le personnage de Balaoo très bien maquillé mais aussi très bien joué devait créer le doute chez les fans de cinéma car même moi, je me suis prêté au jeu est l'effet d'étrangeté crée par cet être mi-homme mi-animal est incroyable.
      Il est certain que les cinéastes actuels s'inspirent des fondateurs du cinéma, et pour cause, en voyant ce court métrage j'y est vu une partie du film King-Kong  réalisé en 1933 par Mérian C Cooper, car Balaoo est amoureux d'une jeune femme, Madeleine jouée par un homme, il se fait tuer par un  braconnier avec une arme à feu tout comme King-Kong. Ce film n'est pas sans rappeler celui de W.S Van Dyke Tarzan, l'homme singe avec la même intrigue, un homme sauvage amoureux d'une jeune fille d'un milieu aisé et en danger, et qu'il  décide de sauver.
     Cette soirée à donc pour moi permis une chose importante,  faire resurgir les trésors du passé comme ce court métrage Balaoo et de me faire prendre conscience que tous les grands films n'existeraient pas sans ces chefs d’œuvres réalisés par les précurseurs du cinéma. Encore une fois, il est important de retourner aux sources pour comprendre comment le cinéma est devenu ce qu'il est aujourd'hui et à quoi nous devons cela.


Paul Delomelle AS1.

Critique: Enfants usine de Jérémy Monchaux

                                               Critique: Enfants Usine de Jérémy Monchaux

  
Visibles à l'exposition de novembre à septembre 2014, les œuvres de Jérémy Monchaux étaient à apprécier et à voir.
       Cet artiste se dit peintre et dessinateur, il ne faut pas démentir, il a un certain talent. Utilisant très peu de couleurs. Avec le noir, le blanc, l'artiste nous transporte dans son univers, lié à la mélancolie, parfaite traduction de la tristesse et témoignage du passé de notre région, surtout la nostalgie comme il le dit lui même.
      Le monde industriel et particulièrement celui des ouvriers et des miniers sont ses principales sources d'inspiration. Lors d'une interview visible sur le site de Lasécu, l'artiste dit qu'il réalise une forme de "militantisme" et il a raison, l'homme ne cesse de construire et d'évoluer et l'oeuvre: Enfants usine en est la preuve et un témoignage, puisqu'il s'agit d'un hangar délabré avec deux enfants aux regards et aux corps tristes et sombres, comme si ils avaient perdu quelque chose, ou simplement tristes de voir dans quel état se trouve un bâtiment, qui a permis aux gens de notre époque de devenir ce qu'ils sont aujourd'hui. Le hangar qui occupe la majeur partie de l'oeuvre est une trace de l'homme en ce monde, une trace qui ne disparaît pas si on en prend soin.
     Par ses simples coups de crayons et de pinceaux Jérémy Monchaux arrive à créer une fragilité représentée dans certaines de ses œuvres mais surtout avec celle-ci. Ici il y a la fragilité de l'enfance et les corps des enfants semblent presque inerte mais aussi celle du bâtiment délabré et de ses piliers non droits.
     En regardant son oeuvre on peut s'attendre à regarder un simple paysage ou une simple représentation du monde industriel or il faut regarder avec attention et ouvrir son esprit , car c'est à l'observateur d'imaginer l'histoire qu'il y a eu ou bien celle qui se passera.
     L'artiste a pour moi cette faculté rare à transmettre des émotions et à avoir encore un regard sur le passé. La chose la plus marquante dans l'art de Jérémy Monchaux est qu'il permet de revenir dans le passé par un simple regard, pas besoin de machine à remonter le temps. Et si vous voulez ressentir quelque chose, pas besoin d'aller au cinéma ou d’être devant un écran, admirez cette oeuvre et laissez faire votre imagination.


                                                                                                                                  Paul Delomelle AS1

                                                                          Enfants Usine
















  

jeudi 19 février 2015

Critique Ciné-concert « du rire et des frissons » à l'Hybride de Lille.

Critique Ciné-concert « du rire et des frissons »

Ce soir-là, l’Hybride nous a présenté une série de cinq courts-métrages datant de 1909 à 1920 : Le voyage extraordinaire, Balaoo, Cauchemar d’un charcutier, La main et Madame Babylas aime les animaux. Si certains abordent un côté fantastique et burlesque avec des effets spéciaux de l’époque, d’autres préfèrent une ambiance plus tendue et mystérieuse pour nous faire frissonner. Évidemment, ces films sont vieux de parfois plus d’un siècle, et ils comportent souvent des longueurs auxquelles nous ne sommes plus habitués. Ils n’en restent pas moins drôles, surprenants, étranges ou captivants.
Ces archives du CNC sont mises en musique par Marc Lacaille et Niels Mestre, qui interprètent la bande sonore en direct. Les sonorités électroniques qu’ils créent n’ont évidemment rien d’authentique, mais leur démarche est intéressante par son originalité. Souvent planante, reposant sur un ostinato à la basse, l’ambiance musicale finit cependant par tourner un peu en rond. Certaines harmonies s’accordent parfaitement avec les images tandis qu’à d’autres moments la musique elle-même ne semble pas vraiment savoir où aller, ce qui nous met dans une position un peu gênante : on comprend ce qu’on voit, mais plus ce qu’on entend. Les différentes textures sonores complètent bien les moments de tension, mais le reste du temps elles n’apportent pas grand-chose.
Cette soirée à l’Hybride aura réussi à intéresser les cinéphiles et autres curieux. Malgré les musiques un peu répétitives, le travail des deux interprètes n’en reste pas moins admirable puisqu’ils parviennent à être en rythme avec l’image et à modifier leurs sons au bon moment. De plus, le simple fait de voir des images aussi vieilles et aussi précieuses nous donne le sentiment de vivre une expérience unique.

Coline Longo AS1