dimanche 29 avril 2012

Teach us to outgrow our deafness


Sur une scène noire et épurée se transforment des femmes. Cinq femmes tour à tour muettes et hurlantes, coiffées et hirsutes, sages et déchaînées. Le spectacle d'Erna Omarsdottir, chorégraphe et metteur en scène islandaise, explore un monde féminin, étrange et solidaire où les scènes oscillent entre silence et cris déchirants. C'est avec surprise et angoisse que l'on découvre l'univers de ces femmes mi-humaines, mi-monstres, dont les poils et les cheveux sont des vecteurs de leur féminité: longs, beaux, soyeux puis étouffants, oppressants, incontrôlables. Durant une heure et demi, le spectacle a le temps de lasser et d'agresser. Quand ce ne sont pas les cris aigus, le monologue sur une sexualité interdite ou les gémissements rauques, c'est une musique hardcore qui occupe l'espace sonore, à un volume si élevé que l'on doit passer le spectacle les coudes en l'air, un doigt dans chaque oreille. Et si la musique rend le spectacle à la limite du supportable, la danse ne vient pas compenser l'aspect sonore. Les cheveux fous, la tête balançant de gauche à droite, c'est un public de concert de métal mis sur scène. Seule la scène du début, les danseuses à l'envers aux visages couverts, où les corps semblent se démembrer et être capables des gestes les plus improbables, mérite notre attention. Pour le reste, c'est oreilles bouchées et yeux fermés.

Camille Amselle
AS3

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