samedi 28 avril 2012

Take me or not ?



A l’abord du spectacle " Teach us to outgrow our madness" de Erna Omarsdottir, on ne cesse de se faire surprendre. Les cinq jeunes danseuses suédoises aux cheveux longs se transforment en véritables furies au fur et à mesure que le temps s’écoule. Leurs visages cachés tout d'abord par des tissus ne laissent apparaitre que leurs chevelures car celles-ci renvoient à la féminité, à la sensualité, à la séduction et cela est souligné dès le début du spectacle lorsqu’elles se les brossent comme des sœurs le feraient. Tout est là : l’identité sexuelle définie par les cheveux, les robes et les danses aguicheuses. Toute représente La femme qui se prépare à plaire, à procréer. C’est donc, et on le comprend vite, une représentation violente et dure de la condition de la femme qui nous est montré. Un spectacle éprouvant par la violence de ses images et de sa bande son, qui n’est autre que du métal, installant une atmosphère souvent glauque. Le titre nous avertit déjà qu’il y a un malheur qui touche ces femmes et celui- ci ne pourrait être plus exprimé, hurlé. Tantôt séductrices tantôt menaçantes et effrayantes, celles-ci nous présentent les différentes étapes de la vie d’une femme. Elles passent de l’enfance soulignée par le brossage des cheveux de chacune, comme une préparation au combat, comme des sœurs, puis à l’adolescence avec le jeu de la bouteille pour finir par incarner  la femme fatale et psychopathe. J’ai participé comme tous les autres spectateurs à ce qui semble être le destin tragique de la femme : sombrer dans la folie, la rage et la violence. L’une d’elle va même montrer et violenter ses seins tout en hurlant : symbole du rejet de cette féminité qui les emprisonne. Cette représentation qui pourrait sembler lointaine de la réalité l’exacerbe et devient une évidence pour le spectateur. Comme si toute femme pouvait être sujette à sombrer dans la folie face aux pressions qu’elle subit liées à la beauté, la séduction, la fertilité qu’elle doit assurer. Ces figures apocalyptiques de la femme me font d’ailleurs penser aux films d’horreurs tel que « The Grudge » et « The Ring » où la femme tueuse et cannibale est tout d’abord représentée par ses longs cheveux lisses et noirs cachant son visage et ses yeux complétement noirs eux aussi ou encore dans « L’exorciste » où la jeune femme possédée par le mal arbore elle aussi des cheveux longs. Cette relation entre la folie et la séduction est dérangeante. Elle est politiquement incorrecte. C’est pour cela qu’elle est si intéressante. La femme est ici une figure du mal. Je trouve ce spectacle intéressant et puissant pas seulement par la force de la musique et de leurs voix, ni même des passages légèrement choquants dans le rapport au corps mais surtout pour ses propos et sa verve qui nous sont lancés en pleine  figure et prennent de plus en plus de  puissance à mesure que le spectacle avance. Il est clair que cette vision de la femme est repoussante quand bien même ce sont cinq jeunes beautés et c’est en cela qu’elles ont réussi à me convaincre  de l’importance de leur discours. Le spectacle finit en Apothéose par cette chanson séductrice où celles-ci invitent le spectateur à les rejoindre « take me, take me » chantent-elles, comme une dernière provocation.

 Castelain Julie, AS1


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