dimanche 29 avril 2012



PROMETHEUS LANDSCAPE II
« Laissez-vous  enchaîner par Jan Fabre … »

   On ne présente plus Jan Fabre, artiste contemporain Belge très complet,  metteur en scène, plasticien, écrivain,  chorégraphe et scénographe. Créée en 2011, Prometheus Landscape II est une production théâtrale  pour dix performeurs. A partir du mythe de Prométhée, Jan Fabre nous enchaîne littéralement et nous emporte dans ce mythe entre rêve,  cauchemar et réalité.

 Face à nous, un écran. On voit une énorme boule feu, le soleil, tantôt brûlant, tantôt glacial ou inerte qui englobe toute la scène et la salle. Les quatre éléments sont mis en scène : le feu que Prométhée a donné aux humains, l’air soufflé par des extincteurs,  l’eau symbolisée par du sable,  la terre présente sur un gigantesque écran.

 Enchaîné,  suspendu par des cordes au milieu de la scène,  Prométhée est là, figure christique condamné par les Dieux. Autour de lui, des danseurs se déchaînent  et entraînent avec eux le chaos et la destruction. Dans ce monde chaotique il n’y a pas de place pour l’amour,  la sexualité est montrée libérée mais aussi dans toute sa bestialité. Le mot catharsis prend ici toute sa puissance. C’est alors un déversement de pulsions entre tournoiement chorégraphique et torrent de matière. Jan Fabre, dans sa mise en scène, est comme une sorte de psychanalyste, celui qui accouche les pulsions et les fantasmes.

Des mots, des phrases sont clamées,  répétées parfois crachées pour guider le spectateur dans la quête d’un héros. On ne comprend d’ailleurs pas toujours l’histoire ou le lien entre les images proposées et le mythe dont s’inspire Jan Fabre. Des images se profilent : une complainte de l’Est, des costumes et des traditions évoquées, un extincteur lance-flamme pour faire disparaître les provocations et la réalité des corps,  le moyen-âge et son cortège de bûchers, le Christ crucifié… C’est au spectateur d’interpréter et de donner un sens et vie aux émotions et à son ressenti face aux suggestions et aux propositions de Jan Fabre car le propos de Jan Fabre n’est pas de déstabiliser le spectateur mais de lui offrir du rêve, des images et de s’y engouffrer. Il faut d’abord et avant tout ouvrir son esprit et son oreille au spectacle qui s’offre à nos yeux, prendre simplement cela, comme çà vient, « du cœur … au cœur » et se laisser conduire, bercé par la danse. J’ai dansé dans l’univers de Prométhée,  j’ai aimé les hommes et leur façon, leurs plaisirs et leurs souffrances à faire la chaleur et la lumière.

David Lynch faisait remarquer : « Je ne vois pas pourquoi les gens attendent d’une œuvre d’art qu’elle veuille dire quelque chose alors qu’ils acceptent que leur vie à eux ne rime à rien ». Laissons nous séduire et acceptons d’entrer sans réserve dans l’univers de Jan Fabre.

Ysé Lenglet AS3 

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