mercredi 6 mai 2015

Dark Places de Gilles Paquet Brenner

"Dark Places" est un film violent et doux à la fois. Violent parce qu'il expose des relations humaines très dures (abandon, meurtre,famille qui se déchire) et doux grâce à ses images épurées aux couleurs blanches,vertes et dorées. C'est dans cette ambiance claire obscure qu'évolue Libby Day, personnage de femme forte et indépendante au prise avec un lourd passé qui la paralyse dans la vie et dans ses relations avec les autres. Pour se libérer de ses souvenirs, elle va devoir les affronter. 

Adapté du roman de l'écrivain Gillian Flynn, scénariste de "Gone Girl" de David Fincher, le film bénéficie d'une écriture intelligente, qui préserve le suspens intact et ne verse pas dans les clichés policiers ou dans les sentiments faciles.L'actrice principale Charlize Theron porte le film sur ses épaules et lui insuffle à la fois force et douceur.

Comme "Gone Girl", "Dark Places" et un thriller qui va jouer davantage sur la psychologie des personnages et sur un mystère planant autour d'eux que sur des scènes d'action ou d'angoisse. Le film dénonce également les travers de la société Américaine, à savoir la toute puissance des médias et le puritanisme encore répandu dans le Kansas où se situe l'histoire. La construction narrative et l'intrigue policière sont bien ficelées, l’esthétique du film alterne scènes oniriques et scènes de cauchemar. Le film malgré la complexité de ses différentes intrigues, ne perd jamais le spectateur, Pour celà, Dark Places s'inscrit dans la lignée directe des grands thrillers de David Fincher ou encore de Brian Singer avec "Usual Suspects". C'est un thriller efficace, beau à regarder, en résumé, un film à voir.     Coline Marlière AS3

samedi 25 avril 2015

REFLETS POÉTIQUES



- Réalités lyriques
 
Avec la série photographique « Open Fields », Guillaume Amat nous transporte dans divers paysages, vastes et profonds, en y incorporant un miroir. Ce procédé ingénieux permet de visualiser un espace double, en écho. La résonance du reflet dans le paysage étonne, questionne, fascine. Un cadre dans le cadre atypique et subtil. On se demande techniquement comment cela est possible. Tout simplement par un petit bricolage/assemblage de tasseaux avec un miroir. Aucun trucage par la suite, juste un jeu minutieux de positionnement. Il saisit l'instant. Le photographe se balade, recherche, scrute, traverse l'immensité de la France et des ses territoires, pour nous en donner une vision surréaliste, poétique, lyrique. Il découvre, improvise, s'adapte en fonction de ce qu'il a devant et/ou derrière lui. Face à ces photos, on se raconte des histoires, on cherche, on ressasse et on contemple. On ne parle plus, le temps s'arrête, ces visions époustouflantes nous prennent au corps. Le reflet se fond dans son contenant. Pas besoins d'explication ni d'analyse, l'image parle d'elle même! L’ébahissement.




Une découverte touchante d'un photographe qui n'a pas besoin de se justifier, parmi le gratin des personnages du projet "France(s) Territoire Liquide". Ses prochains projets sont à suivre de près !

Voir l'ensemble de la série:  http://www.guillaumeamat.com/personal-projects/open-fields/

Ambre Declercq
AS3

Les Nouveaux Sauvages : une catharsis doublement réussie

En allant voir Les Nouveaux Sauvages, je ne savais rien de ce film, à part qu'il était produit par Pedro Almodovar. Cela me semblait déjà être un bon point de départ. Ce film se présente en fait sous la forme de 6 sketchs totalement différents les uns des autres : lieux différents, personnages aux niveaux de vies et aux âges très variés... Tout le monde pourra donc se retrouver dans ces sketchs, même si tous ne nous touchent pas de la même manière. Cependant un fil conducteur permet une cohérence entre chaque sketch: la violence. Une soif de vengeance, de justice pour laquelle, les personnages vont au delà du raisonnable et franchissent un point de non retour.

Les situations présentées dans ces 6 sketchs sont des situations assez banales, qui peuvent arriver à tout le monde : un chauffard qui ne supporte pas de se faire doubler ; une mariée qui découvre le jour de son mariage que son mari a été infidèle et que la maîtresse de son mari fait partie des invités ; un homme qui, à son plus grand malheur, rencontre la fourrière un bon nombre de fois et qui doit faire face aux joies de l'administration... Des situations, somme toute banales, et des réactions démesurées que très peu d'entre nous oseraient mener jusqu'au bout. Les personnages du film osent et ça fait un bien fou !

Ce qui nous immerge d'autant plus dans le film, c'est la façon dont Damian Szifron (le réalisateur) nous fait entrer petit à petit dans le monde d'une violence décomplexée. Au début, la source de la violence nous est inconnue, on ne connaît que son nom et la situation nous semble particulièrement drôle, puis, la violence reste assez douce, avec l'utilisation du poison, ensuite on en vient aux mains sur une dispute « absurde » de conducteurs trop fiers et on en arrive à la toute fin au personnage de la mariée avec qui l'identification est totale. La violence dont elle fait part est impressionnante et nous laisse cloués à notre siège, bouches bées pendant les premières minutes du générique de fin.

Autant de violence pourrait sembler lassante, répétitive, mais on prend un certain plaisir à chercher le moment où la situation va dégénérer et la façon dont cela va se produire.

Pour résumer : toute la violence que nous montre le film est jouissante, l'identification avec les personnages, joués par des acteurs brillants, est assez progressive et termine en apothéose avec le dernier sketch, celui de la mariée, dans lequel « l'amour brut » comme le désigne le réalisateur, nous est montré.
Szifron nous prouve à quel point la violence est à portée de tous et comment certains arrivent à un point de non retour. Un lien personnel progressif avec la violence montrée, des situations assez banales auxquelles on s'identifie facilement mêlées à une pointe d'irréalité et d'humour noir: voilà la recette pour une catharsis réussie.

Léa Vandesteene AS3

mercredi 22 avril 2015

Tokyo Fiancée de Stefan Liberski (2015)



En général, la comédie romantique n'est pas un genre cinématographique qui m'attire. Mais, en grand fan d'Amélie Nothomb je me suis précipité sur ce film le lendemain de sa sortie en salle. Verdict : j'ai adoré.
Ce film détient une force principale, celle de toute comédie que j'apprécie particulièrement : il est, comme le dit Philippe DeBroca « à l'image de la comédie de la vie, toujours à la limite de ce qui pourrait devenir la tragédie ». Le spectateur est transporté entre rire et gravité, il vit dans le japon moderne cette histoire qui est, je cite là le livre « tellement plus belle et plus noble qu'une bête histoire d'amour ».

La réalisation en elle même est extrêmement intelligente, Libreski utilise dans les décors une palette de couleur qu'il qualifie à juste titre d'« acidulée » pour retranscrire l'aspect sucré de la relation entre les deux protagonistes mais aussi pour qualifier le Tokyo moderne vu par deux jeunes de 20 ans qui, au profit de cours particuliers de français, font un tour d'horizon de la ville selon le personnage masculin (Rinri).
La présence d'un montage significatif, de raccord qui, parfois, annonce au spectateur attentif la suite de l'histoire montre la certaine maîtrise de son sujet par le réalisateur.

Quand on décide de filmer une histoire écrite, il faut savoir prendre ses liberté par rapport au livre original. Il ne doit pas s'agir d'une illustration de cette histoire mais bien d'une re-création, d'une création totale d'une oeuvre d'art nouvelle inspirée par une autre.
C'est exactement ce qu'a fait Stefan Liberski avec Tokyo Fiancée, il aime profondément le livre d'Amélie Nothomb, c'est pour cela qu'il ne l'a pas suivi à la trace.

Le film se termine sur une citation d'Amélie Nothomb mais qui vient d'un autre de ses livres, La nostalgie heureuse : "Tout ce que l'on aime devient une fiction". Dans le contexte du film elle peut avoir plusieurs sens. Cette citation peut remplir le rôle d'épilogue pour le personnage d'Amélie du film : elle va devenir écrivain et raconter à posteriori cette histoire (d'où la voix off au passé), mais elle peut également êre comprise comme une déclamation du réalisateur qui justifie son choix de s'inspirer de ce livre : il l'a aimé, il en fait une fiction.

Vagabondant entre comédie et tragédie,avec une esthétique travaillé, Tokyo Fiancée est un film que je recommande pour tout amoureux de la culture japonaise, des amours de jeunesse ou tout bêtement d'une histoire dont on ressort avec le sourire aux lèvres.


Benjamin Villette
AS3



mardi 21 avril 2015

Take Me To Church : la version vidéo de David Lachapelle avec Sergei Polunin.







Hozier, Lachapelle, Polunin. 3 personne, 3 talents venus d’endroits opposés de la planète. Le premier est irlandais, le second américain, le troisième ukrainien. 3 univers, la musique, l’image et la danse. Après avoir conquis le cœur de la planète, Take Me To Church revient avec une vidéo plus époustouflante encore que le clip.


Sergei danse, seul dans une structure d’église blanche et vide. Pour l’occasion il s’est mis à nu. Le montage de la vidéo très naturel sublime le danseur. On le surnomme le bad boy du ballet et il porte bien son nom, ce doit être le danseur classique le plus tatoué de la planète. Les émotions nous submergent. Il se lance et réalise un grand jeté. Le temps d’une seule petite seconde, nos cœurs sont en suspension, tout comme lui. La gravité ne semble pas s’appliquer à Sergei. Il vole, tourne, et souffre tout à la fois. Il glisse sur ses pointes de pied. Son émotion est palpable, nous mettant presque mal à l’aise tout en nous coupant le souffle. Il ne semble pas respirer tandis que ses muscles se tendent.


Enfermé dans une Eglise vide, il est seul face à lui-même. Alors Sergei exploite l’espace, il tourne, enchaine les sauts et exprime sa frustration. Celle-ci est palpable. Puis, il tombe, la musique s’arrête. Trop d’émotions nous submergent. David Lachapelle en profite pour glisser le seul effet de toute la vidéo, il amplifie la lumière qui tombe sur le danseur. La lumière sainte l’a touché, elle caresse son dos et ses tatouages. Il se relève, traverse l’espace et tombe. Il est debout, puis se jette à la fenêtre. Il étouffe.

Cette vidéo est un parfait mélange de 3 artistes d’univers totalement différents. Elle respire l’émotion. David Lachapelle sublime l’image, tandis qu’Hozier suit son court, et on ne s’en lasse pas. Un décor simple et efficace, où Sergei Polunin se retrouve seul face à ses démons.


Rédactrice : Victoria Tonarelli, AS3

Show-case Black Bomb A - Euroguitar le 16 avril 2015



                C'est sur les chapeaux de roue que commence ce show-case dans la désormais réputée boutique des audiophile rue Littré, Euroguitar.
Et justement, guitare saturée, basse qui résonne et batterie qui claque, il n'en faut pas plus à ses 5 acolytes pour nous bercer les tympans de leurs doux « growlements » et autres cris métaleux.
C'est donc pour un mini concert gratuit que nous les avons retrouvés avec plaisir ce jeudi 16 avril à 17h pour une rencontre et 18h pour le concert.
Salle pas vide mais pas pleine, on ne se marche pas dessus et on se laisse même aller a quelques pogos.




                 Bon en fait, ça pogotait bien dans cette boite là, entre « circle of death » et « wall of death » c'est le chanteur à la voix nasillarde qui nous invite a bouger dans tous les sens, au rythme de la double pédale sans cesse martelée couplée à des powercords de guitare bien gras.
Musicalement, c'est Black Bomb A, on ne présente plus ce groupe de métal français qui au fil des années a su passer sur le devant de la scène métal hardcore pour le plus grand plaisir de son public. Ils reviennent cette année sur les planches avec un style plus violent, avec les deux chanteurs d'origine, l'un à la voix roque et profonde l'autre aux cris nasillards et suraigus.

Rapide, violent, on en demande pas plus et on en profite pleinement, le nombre de personne et la petitesse de la salle nous plaçant au plus près du groupe. En un sens on se croirait presque privilégiés, et que c'est bon. Sur le son rien à redire, on sent bien qu'Euroguitar sort le grand jeu, table de mixage flambant neuve pour un rendu très bien réglé sur une sono minimaliste. On en demande pas plus et heureusement car ça claque déjà fort dans les oreilles.    


Rédacteur : Servais Antoine - Etudiant en AS3

lundi 20 avril 2015

Oxmo Puccino
Trio acoustique


Il en aura fait du chemin, le black mafioso. Des pavés du 19e arrondissement de Paris avec la mythique écurie Time Bomb (X-men, Lunatic..) jusqu'à aujourd'hui, où il vient de signer son dernier album, Au Pays D'Alice (Mister), arrangé et réalisé par le trompettiste jazz du moment, Ibrahim Maalouf, sans oublier le célèbre Opéra Puccino, en 1998, ou encore Lipopette Bar, signé sur le grand label Blue Note. Aujourd'hui, Oxmo laisse de côté MPC et beat makers. C'est sous une nouvelle composition qu'il se produit sur scène. Et quelle composition. Edouard Ardan à la guitare et le violonniste virtuose, dont il n'est plus nécessaire de venter les mérites, Vincent Segal. Ici pas de grandes sales. Deux cents places assises. Sur scène, trois chaises, un petit micro et un vert d'eau. Le tout à pas plus de deux mètres des première chaises. Un cadre intimiste donc. Pour un intermède musicale qui sied si bien à l'écriture du poète sauvage, et à ses histoire tragiques. Les trois protagonistes entrent sur scène, et s'installent, Oxmo au milieu de ses deux musiciens, qu'ils présentent comme Edouard le Magnifique et Vincent, le Grand Maître. C'est tout son répertoire qu'il nous offre pendant ce tête à tête de presque deux heures. Deux heures pendant lesquelles on peut lire chaque mots sur ces lèvres. Il prend le temps, il nous parle, se balade sur scène, en marchant, pendant que Vincent Segal nous régale de ses solos. On sent un très belle complicité entre les trois musiciens, ils se régalent, ce qui nous met dans les meilleurs dispositions d'écoute. Un son à peine amplifié, d'une rare clarté.


Aucune autre composition ne nous permettrait mieux d'apprécier du Oxmo Puccino. Il accepte sa position de poète et c'est en tant que tel qu'il nous déclame ses textes. On est pendu à ses lèvres. De la poésie. Mais le Black Mafioso ne semble pas oublié d'où il vient, car c'est bien en rapant qu'il traverse tout son répertoire. Le violoncelle et la guitare ne lui ont pas fait oublié ses racines et l'optique dans laquelle il a écrit chacun de ses vers. Certes tous ces choix artistique n'ont pas toujours plu à son publique de la première heure (dont je fait parti), mais ici tout le monde est conquis, les premiers fans comme les nouveaux, qui ne connaissaient pas forcément le début de sa carrière. Avec une performance comme celle ci, Oxmo vient nous montrer encore une fois que le rap a une réelle valeur artistique, qu'il s'agit bien d'une pratique littéraire à part entière, quand magnée en toute conscience de causes.
En bref, j'inviterais tout ceux qui n'ont jamais été convaincu par le rap, tous ceux qui refusent encore de reconnaître sa valeur artistique à aller voir ce trio. Difficile je pense, de ne pas se laisser convaincre.



Rédacteur : Emile Wambergue - AS3

dimanche 19 avril 2015

Igorrr & Ruby My Dear, le renouveau du Breakcore : Maigre, 2014

Avant de statuer sur l'album que nous critiquons aujourd'hui, un rapide rappel sur le Breakcore, style en constante évolution malgré sa discretion ( discrétion que "Maigre risque de bouleverser rapidement) . Le Breakcore est d'abord apparu en grand frére démoniaque de la Drum and bass, distordant les mélodies et accélérant à l'extreme les rythmes . Il a puisé dans le hardcore, l'IDM et le breakbeat pour s'inventer une identité batarde et marginale, violente mais réflechie. Du fait de ses nombreuses influences et évolutions, le breakcore regroupe aujourd'hui des artistes, des utilisations, des méthodes et des aspects ultra différents. Igorrr et Ruby My Dear sont representatifs de deux d'entres ces sous genres. Leur rencontre, pour les amateurs du style, sonne comme du pain béni, tant leurs projets solos sont acclamés.

Hallelujah, album sorti en 2012
 Commençons par le plus barré, Gauthier Serre, ou "Igorrr". Non content de mener plusieurs projets de front, il les mène avec brio . Il a su se créer son propre style musical, mélange de breakcore, donc, de deathmetal, et de musique baroque... Voila le BaroqueCore !! Son album "Hallelujah" a eu la particularité de le propulser sur le devant de la scène, fait rare pour des musiciens Breakcore... Mais il le mérite : Ses assemblages tarabiscotés de styles divers et variés sont loin d’être baclés, on ressent une méticulosité aussi extrême que la puissance de ses sons.. Mais nous ne critiquons pas ici Hallelujah, au suivant de ces monsieurs !
Thelonious Monk serait un hipster ?
Hé toi la bas ! Oui, toi qui vois la tekno comme "pas de la musique", et ses créateurs comme des "perchés beaufs incultes". La référence à Thelonious Monk, c'est du direct pour tes dents. Et c'est loin d'être l'unique reference du bonhomme. Celui la est de l'autre coté du breakcore. Celui de l'IDM, pour Intelligent Dance Music. Et il porte bien ce nom .. C'est le genre de mec qui te fait aimer les mathématiques sans le savoir. Parce que pour créer des breaks aussi précis, un son aussi pur, une violence aussi feutrée, crois moi, tu travailles ton rythme. Et on dit merci la technologie, qui permet une décomposition aussi poussée des rythmiques pour une recompistion délicieusement déstructurée, accélérée et... Sublimée. Tout ça en laissant une énorme place aux samples mélodiques, la rythmique venant simplement les accompagner gentillement, main dans la main. (Et non leur poutrer la gueule violemment comme chez Igorrr. Mais on adore ca ! Ecoutez Brutal Swing vous comprendrez.)

Regardez le deux noms des artistes sur l'affiche. La police dit tout !
Nous arrivons donc à notre sujet principal : l'album "Maigre", sorti en 2014 sur le label Ad Noiseam, rencontre des deux entités présentées ci dessus. Et pourquoi je n'y arrive que maintenant ? Parce que le meilleur moyen pour cerner cet album, c'est de cerner ces deux artistes, comprendre leur intérêt et leur génie. C'est prendre les points forts de chacun, et les combiner. Imaginez le résultat. Vous voyez ? Eh bien c'est encore mieux que vous l'imaginiez.
La violence rythmique et la folie structurée d'Igorrr se marient parfaitement à la mathématique experimentale de Ruby My Dear. On a droit à un combiné de Breakcore, de metal, d'IDM, de son de rave, de son de salon,et de son d'asile . Pourtant, l'album est représentatif des deux artistes, et de tous ceux qui, en général, ont fait avancer la musique : Il mélange différents styles, dont certains très underground, pour un rendu musicalement ultra recherché et innovateur et en même temps écoutable par une majorité . Ceux qui trouvent Igorrr trop hardcore, et Ruby My Dear trop tarabiscotée, pourront les voir d'un nouvel oeil et d'une nouvelle oreille. Et pour ceux qui diront encore que la tekno est simpliste après avoir écouté ça... Je ne peux rien pour vous !

Morceaux conseillés : Barbecue, et Alain. Mais tout l'EP, aussi, vraiment.


Rédacteur : B. Martin, AS3

samedi 18 avril 2015

The Voices de Marjane Strapi ( 2015 )

Grégoire Duez
AS3

The Voices
Marjane Satrapi
( 2015 )




Après avoir conquis les foules au cinéma en 2007 avec l'adaptation cinématographique de sa propre bande dessinée Persepolis, Marjane Satrapi, illustre icône iranienne, nous prouve une fois de plus ses talents de cinéaste avec un film qui fait table rase de ses anciennes productions et de son histoire personnelle.

Oubliez tout ce qui faisait le charme de Persepolis et de Poulet aux prunes : dans The Voices, la cinéaste signe un virulent conte macabre dont la mise en scène mélange habilement l'humour noir de Quentin Tarantino et la fantaisie satyrique de Tim Burton.

Que l'on accroche ou non à la comédie horrifique, la toute nouvelle patte artistique de la réalisatrice primée à de nombreuses reprises en France et à l'international en surprendra plus d’un.



Le décor fictif du film se place dans une petite ville perdue des États-Unis, où tout y est merveilleux, charmant et coloré. Jerry est un employé simplet mais enchanteur travaillant dans une usine faisant tourner la région.
Comme l’indique le titre, le pauvre garçon est aux prises avec des voix imaginaires avec lesquelles il dialogue et qui vont l’entraîner dans de bien sombres turpitudes.
Parmi ces voix, on retrouve celles de ses compagnons de logis :
    M. moustache un chat tigré à la figure démoniaque qui n'a de cesse de pousser Jerry au meurtre, et son chien, Bosco, personnification canine de la bonté et de la générosité dans toute sa splendeur.

Dans cet univers coloré et berceur, Jerry se voit sans cesse tourmenté par sa splendide collègue de bureau Fiona dont il est éperdument amoureux.
Épris de cette dernière, l'amoureux transi provoquera malgré lui la mort de Fiona et, n’écoutant pas les meilleurs conseils apportés par ces voix qui l'assaillent, ne cessera d'accumuler les meurtres et têtes décapitées de ses victimes dans son frigo.
Le regard émerveillé et illusoire que porte Jerry sur le monde qui l’entoure est la conséquence d'un lourd traitement médical qu'il refuse de suivre afin de fuir une réalité abrupte qu'il tente de fuir par dessus tout, celle-ci lui rappelant un ténébreux passé.



Incarné par l'acteur de renommée Ryan Reynolds, vedette à Hollywood depuis sa prestation en super héros dans le film Green Lantern en 2011, l’acteur américain se prête au jeu peu aisé que lui propose Marjane Satrapi et qui a le don d'embarquer les spectateurs dès les premières minutes du film.

Si le déroulement peut paraître morbide au premier coup d’œil, le film adopte une vision séduisante et tordante des malheurs de son protagoniste. La cinéaste cherche à désamorcer le caractère dramatique de son récit par le biais de l'humour sans pour autant le délaisser. Nous sommes en face d'un film parfaitement bien dosé entre frayeurs et fous rires.

Les thèmes de la maladie mentale et de la schizophrénie étant des sujet délicats à traiter, il faut bien reconnaître que dans The Voices, la matière scénaristique est tournée en dérision par une certaine satyre à l'origine même de l'aura du film. M. Moustache est un drôle de chat... En fait, c'est plutôt le diable, le démon démoniaque qui réside en chacun de nous, alors que Bosco le chien est la figure même de la générosité grossière.




Il va de soi que certains resteront littéralement sans voix devant 2 heures de film alors que d'autres, moins friands, s'en iront et crieront au scandale.
Quoi qu'il en soit, cette comédie sombre et sanglante au ton aussi désinvolte que son regard sur la psychologie parvient à devenir fascinante.

Reynolds surprend par sa capacité à jouer en simultané un personnage en détresse face à une réalité qu’il refuse, tout en le rendant drôle et attachant.
Le reste du casting est certes assez commun mais tient la route dans son ensemble. La prestation de l'actrice britannique Gemma Anterton dans le rôle de Fiona est toujours aussi efficace.

Mais la force majeure de The Voices réside dans son intrigue à la fois sérieuse et décousue, sachant passer en un plan du rire à l'angoisse.
Le film parvient en 2 heures à se renouveler sans cesse alors que le récit enchaîne les mêmes cycles : intrigues sentimentales, puis meurtres.

Un véritable cyclone émotionnel qui se termine avec un générique de fin hallucinant, à la limite du hors sujet, mais nous laissant en tête une image tellement fun une fois sorti de la salle qu'il est difficile d'en ressortir indifférent.





Le BOOM Festival (édition 2014)

            Le Boom est un festival de trance et de musiques psychédéliques, situé au Portugal, au bord d’un lac. Jusque là, rien d’exceptionnel. Pourtant, il ne s’agit pas d’un festival comme les autres. Comme son site internet l’annonce - sans modestie certes mais pourquoi être modeste quand on a raison ?! – le Boom n’est pas seulement un festival, c’est un état d’esprit. L’atmosphère entre des boomers de plus d’une centaine de nationalités est particulière, quasi magique. Et le Boom semble devenir un micro cosmos, offrant une réalité alternative dans un monde à part.


            Sur les sept scènes du festival, on peut trouver de tout. Les quatre scènes principales diffusent, sept jours durant, de la musique pour tous les goûts. Sur la scène principale, le Dance Temple, on retrouve essentiellement de la trance, mais à l’Alchemy Circle on peut écouter de la techno et des musiques électroniques tandis que le Sacred Fire va changer de thème chaque jour, pouvant diffuser de la dub aussi bien que des musiques du monde. Sur les autres scènes, plus de musique cette fois, mais des conférences, des projections de films, des spectacles vivants, des séances de méditation, une galerie d’art, etc.
Et c’est là que se révèle la véritable force du festival : la diversité et l’ouverture d’esprit. A travers ces conférences et autres manifestations auxquelles il est possible d’assister, le Boom cherche à promouvoir une philosophie emprunte de liberté et d’acceptation des autres. Le festival montre d’ailleurs la voie avec sa politique écologique : il possède un jardin fait avec le compost de l’édition précédente ; mais aussi par le fait qu’il s’agit d’un festival sans logo, il n’est financé par aucune grosse corporation. A travers des conférences axées sur des philosophies comme le bouddhisme ou évoquant des rites ancestraux et l’histoire de civilisations pacifistes, le Boom cherche à ouvrir l’esprit des Boomers, à les aides à penser « en dehors d’un cadre conventionnel ». En bref, il vise à exacerber leur esprit critique. Et ça marche ! Le site du festival reste impeccable durant toute la semaine du festival, signe que les Boomers sont réceptifs aux préceptes du festival, et après avoir assisté à une de leurs conférences, impossible de ne pas se rendre aux autres !
            Si beaucoup lui reproche d’être un festival de drogués, axé sur les drogues psychédéliques, c’est sans doute qu’il ne connaisse pas bien le festival ! Bien sûr qu’il y a des fêtards qui viennent pour se droguer en dansant comme des fous sur des scènes à l’architecture futuristes pouvant, en effet, stimuler l’imagination. Mais pas besoin d’être drogué pour apprécier tout cela ! Et si la musique peut ne pas être au goût de tous, les nombreuses autres activités proposées par le festival sauront les intéresser et les ouvrir à la philosophie du festival. Le Boom, ce n’est pas seulement le paradis des teuffers, c’est aussi, et avant tout, une œuvre d’art en elle-même.

Alix JOLY
AS3

            

Le Conte de la Princesse Kaguya, le nouveau petit bijou d'Isao Takahata


J’avais déjà vu l’affiche du film Le Conte de la Princesse Kaguya mais c’est seulement lorsqu’une amie me l’a conseillé que j’ai décidé d’aller le voir. Cela a été une expérience cinématographique inédite dans ma vie. Premièrement, parce qu’il n’y avait que trois personnes – moi y compris – dans une immense salle de cinéma. N’ayant personne placé devant moi et étant assis à la rangée du milieu juste en face de l’écran, j’avais véritablement l’impression d’être seul dans la salle et que le film était projeté exclusivement pour moi. La version française m’a chagriné au départ, j’aurais préféré voir la version originale, mais le doublage s’est révélé correct, supérieur ce que l’on peut entendre d’habitude et la beauté du film m’a aidé à passer outre. L’histoire est reprise d’un vieux conte japonais, à la fois simple et poétique. Malgré la simplicité de l’intrigue, la palette d’émotions abordée est d’une grande richesse. On suit les personnages principaux sur une longue période de temps, on partage un bout de trajectoire existentielle avec eux, si bien que l’on s’attache à eux et que l’on se laisse prendre par les émotions qu’ils traversent. L’amie qui m’a recommandé le film a décrit le film comme « un torrent lacrymal », aspect que l’on ne peut nier. Cependant, j’ai trouvé que les sentiments étaient abordés avec une grande justesse de ton.


Graphiquement, Isao Takahata (Le Tombeau des Lucioles, Mes voisins les Yamada) signe ici un petit bijou d’animation. Le film est entièrement composé d’aquarelles et on peut voir la matière, le papier à l’écran. Le tracé des dessins suit la tension dramatique de l’intrigue, se faisant tour à tour violent ou délicat en fonction de la scène montrée à l’écran. La forme sert le fond et le fait avec une grande harmonie. La musique tient aussi une place importante dans le film. C’est Joe Hiraishi, qui a travaillé à de nombreuses reprises avec Hayao Miyazaki qui a signé la musique de Kaguya. Hormis un morceau qui m’a déplu, la bande originale est vraiment magnifique. Aussi féérique que le film, elle est également empreinte d’une large palette d’émotions et pourrait mener une existence indépendante vis-à-vis du film, tant la musique se suffit à elle-même. Le Conte de la Princesse Kaguya est un petit chef d’œuvre d’animation, plein de poésie et de féérie, qui nous emporte loin dès le début et dont on ressort ému à la fin.


Yves Chalon, AS3

jeudi 16 avril 2015

Buried, où les dérives sonores



Dark, dark, dark. Dark. 

Buried, Shlohmo (2015)



Après 49 secondes, on respire. Buried, de Shlohmo, l’artiste de Los Angeles qui frappe à coup de ambiant électronique. Il nous attrape au vol, et enterre nos chevilles l’instant de sa chanson. On est happé par les nappes sonores qui s’enchainent les unes après les autres. Le mélange de sonorités lourdes, darks et de rythmiques battues créent une symbiose marquante. Buried nous enfonce durant sa temporalité dans les méandres de notre vie, nous arrête de notre ritournelle infernale. 

A 4 minutes, après nous avoir laissé le temps de nous recentrer, il nous lâche, l’air de rien, dans un air enfin respirable. L’air de rien, il nous propulse au devant de nous et de tout ceux qui écoutent sans relâche, ne comprenant pas ce qu’il est en train de se produire. À 4 minutes, on prend le contrôle non pas de l’objet écouté, mais de l’effet que produit l’objet sur nous, sujet. C’est presque l’expérience du sublime, quand ce que l’on voit, écoute, sens, touche est plus fort que nos sens, quand nous ne pouvons pas cognifier nos sensations, et que c’est seulement par l’intellectualisation de l’effet produit que nous redevenons humain. Shlohmo exerce sur nous une sorte d’hypnose. Dans nos têtes se forment des cercles infinis, où tout se répète sans jamais se renouveler exactement, par l’ajout de sons non identifiables, par l’ajout d’émotions jamais assez perçues. 


Parfaitement maitrisée techniquement et narrativement, Shlohmo fait part de tout son savoir-faire, et de sa sensibilité. Il propose son langage à lui, et sans résister, nous plongeons avec lui dans son univers. 

Lien Soundcloud : https://soundcloud.com/shlohmo/buried


LAURA GLYNN-SMITH AS3

Imitation Game ou Le génie a qui on doit beaucoup




On veut en savoir plus. Le générique s'arrête et on a l'envie pressante d'entrer dans sa barre de recherche les mots : Alan Turing et Enigma. Si l'objectif d'Imitation Game était d'éveiller notre curiosité et bien c'est un pari réussi avec brio. Pour un premier long-métrage c'est audacieux. Morten Tyldum est le premier cinéaste à lever le voile sur ce pan de l'Histoire si longtemps gardé secret. Nombre sont ceux qui critiquent l'aspect conventionnel que revêt Imitation Game, c'est donc à eux qu'on souhaite répondre : Et alors ? N'est-ce pas adéquat pour rendre hommage à un homme hors normes, rejeté pour ses penchants sexuels, que de lui consacrer enfin de façon institutionnelle une place qui lui revient de droit ?

Il est vrai que la réalité des faits historiques n'est pas respectée avec exactitude mais cela ne fait pas défaut à Imitation Game, nous ne sommes pas venu en salle afin de regarder un documentaire. Enjoliver la réalité c'est aussi un moyen de toucher un public plus large et de passer un moment agréable.
Imitation Game ramène judicieusement sur le tapis une question toujours d'actualité et initiée par Turing lui-même : La machine peut-elle penser ? C'est une question à laquelle on réfléchit durant toute la durée du film, nous permettant ainsi, de se sentir plus proche d'Alan, en accompagnant sa réflexion (surement moins rapidement que lui, mais bon on fait avec ce qu'on a) !
Le jeu d'acteur de Benedict Cumberbatch est encore une fois époustouflant et parfaitement maitrisé, on en redemande !
Avec Imitation Game, on apprend, on utilise sa cervelle, on se laisse aller, on agrippe l'accoudoir de notre siège dans les scènes où la tension atteint son paroxysme, on pleure mais on rit aussi, alors l'oscar du meilleur scénario adapté c'est bien mérité !

Perrine Misiurny
AS3

Samba, le nouveau Toledano / Nakache

Critique de Samba,


Eric Toledano et Olivier Nakache,
15 octobre 2014


Film qui ressasse la triste réalité dans laquelle se trouve des milliers de sans papiers, Samba, aux allures dramatiques n'en est rien. Le duo de réalisateurs a encore une fois très bien réussi à mêler drame et humour (cf Intouchables) avec brio. Deux grands acteurs français, Omar Sy et Charlotte Gainsbourg, dans un couple des plus détonnant. Un acteur qui, tout le long du film soutient un accent sénégalais forcé, face à une Charlotte Gainsbourg des plus dépressive, le tout sans artifices. C'est un moment agréable durant lequel l'humour prend le dessus et l'on ne peut s'empêcher de devenir proche de ces deux personnages. Deux origines différentes, deux milieux sociaux différents, deux vies différentes mais deux personnalités et visions de la vie qui se rejoignent.
Entre aide, petits secrets, grands problèmes, amitié et amour, les autres personnages de ce film sont tout aussi prenants.
On pourrait s'attendre à un film larmoyant, nageant dans le pathos mais les deux réalisateurs sont restés fidèles à eux-même : filmer avec justesse et humour, les drames de la vie.

 Vite, vite Eric et Olivier recommencez !  

Clarisse EGGERMONT AS3 

Mr et Mme Rêve: "Le spectacle de danse mythique d’une mise en abîme théâtrale"





Dans ce théâtre de corps, l’esprit de Ionesco inspire les chorégraphes Pietragalla et Derouault, incarnant deux personnages fictifs qui sortent de la tête de l’auteur et qui créer leur propre univers, un univers qui se veut poétique, insolite, bizarre et drôle. Très rapidement, on se laisse transporter avec émotions dans le tourbillon d’une danse très expressive et théâtrale où le rêve, l’imagination et l’énergie sont au centre de la représentation. Si les personnages se perdent dans leur monde et fuient leurs conditions de personnages imaginaires, le spectateur, lui, n’a guère de mal à se plonger dans ce rêve illusoire pendant 1h25. Le langage incohérent et les gestes répétitifs du quotidien, vident de sens coordonnent parfaitement avec le thème de  l’absurdité qui émerge du théâtre de Ionesco. Comme dans sa pièce « Rhinocéros », les danseurs sont aussi les victimes d’une rhino cérite et se font embrigader dans la danse des rhinocéros.

La représentation doit beaucoup d’une part à la création sonore, la musique électronique de Laurent Garnier qui fusionne parfaitement avec les mouvements robotiques répétés par les danseurs, et d’autre part  à l’animation 3D de l’entreprise Dassault système, avec qui ils se sont associés. La scénographie 3D donne naissance à un troisième personnage représentant une image immersive, donnant à voir l’imaginaire de Ionesco, basé sur la technologie virtuelle. De plus, comme les deux danseurs, elle invite le spectateur à s’insérer dedans où l’interaction est très inspirante et apporte un aspect magique, presque surréaliste.  La beauté des images 3D valorise les danseurs dans chacun de leurs mouvements et nous emporte dans un monde ou le réel devient une irréalité virtuelle.

On a vraiment l’impression de regarder un film d’animation avec des personnages réels qui entrent et sortent de l’écran, comme une mise en abyme au cinéma, à la Buster Keaton dans « Sherlock Junior ». Cela n’est donc pas étonnant qu’ils aient choisi de se produire sur la grande scène du Grand Rex. L’idée de mettre la technologie au service de l’art rend le spectacle unique dans sa création artistique et apporte une valeur au monde de la culture où la maîtrise de l’ingénierie d’un projet culturel conduit à l’innovation. Le spectateur est immergé par l’histoire gestuelle que nous raconte le couple,  en interagissant avec les images projetées, toujours plus spectaculaires les unes que les autres et où la problématique du réel disparaît au profit d’un monde d’évasion.


Jeanne Fasquel AS3

Stromae, chanteur et pro de la communication


J'ai rencontré « Carmen » de Stromae pour la première fois sur mon fil d'actualité Facebook...
Quel paradoxe pour une chanson qui dénonce les méfaits des réseaux sociaux ! 

Et pourtant c'est en partie par cette diffusion que l’œuvre est pertinente. Il n'y a pas qu'une vidéo, il y a tout le contexte, le monde qui à été créé autour.
Je n'aime pas spécialement Stromae, je ne zappe pas quand il passe à la télévision ou à la radio, mais j'étais jusqu'alors un peu insensible à son travail.
Ce sont d'abord les images qui ont su m'interpeller, des dessins reconnaissables facilement, ceux de Sylvain Chomet, qui a un style vraiment marqué. Un style pas très glamour en fait, et j'ai été intriguée par ce potentiel mélange entre animation rétro et musique contemporaine. 

Le résultat ? Une véritable petite œuvre de 3 minutes.

Aussi bien dans les paroles, que dans les choix visuels, le clips est une composition réfléchie et intelligente, qui s'appuie sans en abuser sur plusieurs citations artistiques. Le spectateur avisé reconnaîtra sans mal les premières notes de l'opéra éponyme de Georges Bizet, alors qu'un public plus jeune notera sans doute les « guests » du clip tel que Lady Gaga ou Barack Obama.
Je serais presque tentée de qualifier « Carmen » de performance tel qu'on l'entend aujourd'hui dans l'art. Stromae a joué un rôle pendant plusieurs semaines, alimentant volontairement la ferveur de ses réseaux sociaux, pour provoquer un véritable décalage lors de la publication de la vidéo. L'artiste fait partie du concept, aussi caricaturé soit-il, c'est son histoire qu'il nous raconte, et qu'il fait raisonner en écho aux véritables problèmes de société de notre époque.

Ainsi, c'est avec un peu d'ironie que je me dis qu'actuellement, un des meilleurs représentants de la scène musicale francophone, est un chanteur belge !

Six Camille - AS3