dimanche 29 avril 2012

Prometheus Landscape II : "Et détruire est constructif pour ceux qui veulent voir"



Dans Prometheus Landscape II Jan Fabre revisite un mythe grec des plus célèbre. Prométhée qui a volé le feu aux Dieux est condamné à se faire manger le foi tout les jours par un corbeau, enchainé sur le mont Caucase. Ici Fabre exploite au plus profond la tension dramatique propre aux grandes tragédies grecques.


Au début du spectacle Fabre joue la carte de la sobriété, deux danseurs énumèrent les grandes figures de la psychologie et répètent inlassablement "Fuck you Sigmund Freud", il s'attelle donc ici à renier un des fondement de notre société occidentale qu'est la psychologie. Sa problématique est simple, la psychologie ne peut expliquer ni la douleur, ni le chaos et le narcissisme dans lequel est tombé notre monde. Pour sortir de cette spirale destructrice nous devons trouver un héros à l'instar des héros grec qui se sont sacrifiés pour offrir un cadeau aux hommes. Mais dans notre société actuel où prône l'individualisme Fabre semble nous dire que cela est impossible, et pourtant les deux danseurs répètent encore "We need a heroes" avant le levé de rideaux. Jan Fabre met alors tout son talent à contribution pour nous offrir un levé de rideau inoubliable, sous nos yeux apparait Prométhée enchainé qui rappelle l'image du christ. On comprend alors qu'il va exploiter les corps à l'extrême, sans imaginer cependant que pour cela il va passer par le sexe d'une manière aussi poussée et explicite faisant fit de tous les codes sociaux de notre époque. Il veut nous réveiller, nous choquer aussi peut-être, nous détacher de toutes ces conventions sociales qui quelque part entravent notre liberté. 
Le cadeau de Prométhée aux hommes se révèle empoisonné, il est condamné à les voir dépérir sous ses yeux, il peut alors admirer l'ignorance et la stupidité des hommes incapablent de tirer profit de leurs erreurs. Mais dans la pièce de Fabre se n'est plus seulement le feu qui a engendré le chaos mais les différentes religions qui sont sources de conflits. Cependant la référence est subtil et Fabre aurait dût insister sur cette aspect pour donner plus de légitimité à son spectacle. "La religion est l'opium du peuple" et pourtant les danseurs semblent lui être asservis, soumis à leurs croyances et plus généralement à la société. Ils se tordent, gémissent, se débattent, on a l'impression qu'ils souffrent vraiment, on est en face de fanatiques.
Le simple fait d'allumer un feu dans une salle de spectacle et un geste contestataire qui déroge aux règles de sécurités; moins de liberté mais plus de sécurité, Fabre le refuse. Les neuf personnages tiennent un discours enflammé, ils se livrent à des ébats torrides, se frottent les uns aux autres pour créer cette fameuse étincelle qui apparait comme un symbole de révolution qui s'oppose à la soumission. Les verges des danseurs se dressent contre l'interdit et servent à allumer le feu alors que les vagins des femmes servent de foyers. Cependant le feu ne s'allume jamais réellement ou est alors immédiatement étouffé.
Fabre se place comme un artiste du chaos et tout nos sens sont mit à contribution, saturation de l'espace, de l'ouïe, de l'odorat. Mais il tombe trop dans la performance et on finit par se demander si cette exhibition excessive est réellement nécessaire où juste là pour provoquer.


En tout cas on ne sort pas indemne de ce spectacle, on aime ou on déteste on ne peut pas sortir sans opinion, et c'est cette exacerbation des sensations qu'on apprécie tant chez Jan Fabre. Cependant je pense qu'il faut du temps pour s'approprier et assimiler ce spectacle et qu'il prenne pour chacun tout son sens.


Par Juliette Louchart AS 1

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