mercredi 2 mai 2012

Salon du chocolat



En général, ce n’est pas notre soif de culture qui nous pousse à aller au salon du chocolat et pourtant, il y a bel et bien des oeuvres qui y sont exposées. Des robes sur le thème du chocolat, des sculptures de chocolat, on pouvait encore s’y attendre, mais des tableaux peints avec du chocolat? Cette idée ne m’avait jamais traversé l’esprit.

Et pourtant cette simple idée donne une nouvelle dimention à l’art pictural. En effet, ici les tableaux ont une odeur et, on l’imagine, une texture particulière et même un goût, ils ne sont plus simplement visuels. Il est interdit d’approcher les oeuvres, mais la tentation est grande lorsque l’on sait qu’ils sont fait de chocolat, tentation que l’on ressent rarement en contemplant un tableau quelquonque dans un musée.

Après la tentation viennent les questions. Ces oeuvres sont-elles perissables? Pourrais-je mettre une telle oeuvre dans mon salon? Telles sont les interrogations parmis tant d’autre qui découlent de cette nouvelle méthode de peinture, une peinture où ce n’est plus tellement le visuel qui prime, mais la matière avec laquelle est réalisé l’oeuvre et son rapport avec le spectateur.

Celui qui contemple l’oeuvre la contemple avec ses sens et avec son imagination, avec l’expérience qu’il a de cette matière comestible dont il connait l’odeur, le gout, la texture. Cette matière intrigue. En effet, ce n’est pas une matière que l’on s’attend à voir étalée sur une toile, ça n’est pas son utilité première et c’est justement ce décalage qui donne à l'oeuvre toute sa richesse.



Estelle Matyus, AS3.


Teach Us to Outgrow Our Madness


Il faut du bruit pour entendre le silence.


Noir salle. Une epaisse fumée envahit la scène. Un personnage fait son entrée, un personnage qui semble totalement déshumanisé, indéterminé. Des cheveux en guise de visage, des bottes à la place des mains, un long vêtement noir. Il n’y a plus d’endroit ni d’envers, de devant ni de derrière, de haut ni de bas, de gauche ni de droite, tous nos repères semblent bousculés et seule la chevelure permet de deviner le sexe de la créature, cette chevelure qui représente la féminité.

Tout au long du spectacle règneront l’indétermination et l’absence de repères. Qui sont ces femmes qui évoluent sur la scène? Quel lien les unit? Sont-elles soeurs? Amies? Membres d’une secte? Sont-elles possédées? Sont-elles folles? Elles, parfois si douces, si calmes, si unies que l’on croirait contempler un harmonieux tableau. Elles, parfois si dures, si folles, si démesurées que l’on n’y voit plus rien d’humain. Un fort contraste, entre le silence et les cris assourdissants, entre la mesure et la démesure, entre conformisme et déviance, entre harmonie et chaos.

Une impressionnante performance de la part de ces jeunes femmes poussées jusqu’à leurs limites, autant vocalement que corporellement. Le spectateur lui aussi est poussé jusqu’à ses limites et certains en viennent même à quitter la salle tellement l’athmosphère et le bruit sont insupportable.

Et d’un coup le silence, enfin.


Estelle Matyus, AS3.

Au-delà


Et si l’Au-delà était au dedans?


Le spectacle s’ouvre sur une vidéo étrange, à la fois belle et drôle, où des voix s’emmerveillent devant un double arc-en-ciel et répètent inlassablement les mêmes paroles avec le même enthousiasme. Cette vidéo donne le ton du spectacle: un univers très poétique, un émerveillement constant devant la découverte d’un nouveau monde, un univers fait de répétitions incessantes.

La rose des vents a cet avantage de permettre au spectateur d’être au plus près des danseurs. En effet, même le spectateur le plus éloigné de la scène peut lire l’expression sur le visage des danseurs et presque entendre leur respiration. Cette proximité nous permet de nous identifier beaucoup plus facilement à ces cinq personnages, qui comme nous ont un passé, des émotions, des combats à mener. Nous sommes ici bien plus que de simples spectateurs, nous sommes comme un sixième personnage avec qui les danseurs dialoguent et qui découvre avec eux cet Au-delà que nous propose Koen Augustijnen, choregraphe et danseur. Ces répétitions incessantes d’un même mouvement sont autant de temps accordé au spectateur pour intervenir dans le spectacle. En effet, ces mouvements ont comme un effet hypnotique et nous renvoient en nous même, dans nos propres souvenirs, nos propres émotions et nos propres combats.

«Au-delà» est donc un spectacle qui interroge, sur le monde, sur les relations humaines mais aussi sur nous-même.



Estelle Matyus, AS3.

« Teach us to outgrow our madness »


Un nouveau spectacle pour la Rose des vents et une nouvelle déception.

D'emblée , nous pouvons peut-être parler d'une difficulté auquel le spectateur peut se sentir confronté : la barrière de la langue. L'emploi de l'anglais invite le spectateur à s'impliquer dans la construction du spectacle.
Les connaissances linguistiques du spectateur étant mises en cause.


Quand on ne comprend pas une langue, on s'attache à la forme et non au sens.
Ici la forme est incarnée par cinq femmes, fortes, belles, sensuelles voir primattes.

Elle nous raconte des histoires (que l'on comprend ou non), sorte de légendes que l'on peut entendre dans les pays nordiques...

Dans « Teach us to outgrow our madness » le travail repose sur l'atmosphère et les émotions exacerbées.

Le premier « tableau », commence par une danse , des femmes munis de bottes au bout des mains, et dont le visage est masqué par leurs chevelures se présentent à nous.
Tout est réuni pour que l'on se questionne sur l'identité de ces personnages. La cagoule rouge recouvrant leurs têtes nous amène à se poser les questions : qui est qui ? Qui est quoi ?
Ce « tableau » est pour le moins original, nous faisant perdre nos repères dès le début du spectacle.
Une atmosphère particulière dégagée par l'union de ces femmes est de suite palpable.


Comme indiquée dans le « fascicule » de la pièce, les cinq femmes sont censées être nones, sœurs, meilleures amies, sorcières... Mais une nouvelle fois, qui est qui ?

On ne distingue pas ces femmes, elles font partie d'un ensemble, elles vivent ensemble, se coiffent entres elles, dansent ensemble.
Mais ces moments plus doux et féminins ne parviennent tout de même pas à nous faire oublier une certaine détresse.
On fait alors face à une sorte d'hystérie, sentiment de plus en plus pesant.

Puis on se demande si l'élément essentiel de « Teach us to outgrow our madness » ne serait pas plutôt la chevelure ?

La chevelure fait la femme ? En tout cas ici elle nous montre une force de vie, insiste sur la féminité et peut également faire référence à des œuvres, des histoires passées.

Ne nous rappelle t-elle pas Marie Madeleine qui condense la sainte et la putain ? Ou encore Vénus dont la chevelure est le principal atout ?
Tout les coter, facette de la femme sont ici montré.
La symbolique féminine guide le spectacle.

Ainsi ce spectacle s'inscrit uniquement dans le ressenti, le visuel, la forme et non dans le sens. Les émotions prennent ici leur importance , leur sens.
En somme un spectacle qui ne nous impose rien, mais qui nous laisse peut -être un peu trop de liberté.


En somme même si certains tableaux lyriques et harmonieux nous réjouissent, ces derniers sont trop courts et accroissent nos limites physiques sur la longueur. 


Justine Van De Rosiere,

Sun Yuan et Peng Yu. "Old persons Home".


Dix sculptures à l’image de vieillards sont endormies dans leurs fauteuils roulants électriques. Les fauteuils circulent dans la pièce, ils se croisent, s’évitent, et on assiste incrédule à cet étrange ballet. Le réalisme saisissant des sculptures peut mettre mal à l’aise le spectateur, d’autant plus que certains vieillards paraissent plus morts qu’endormis, mais l’absurdité de la scène prête sourire. Il s’agit de personnages importants, des religieux, des généraux de l’armé etc. Quel que fut le rôle qu’ils aient joué, quelle que fut leur importance, quel que soient les actes qu’ils ont accomplis, il ne sont plus que l’ombre d’eux même. Le temps est impartial et juste, il nous renvoi tous inexorablement au caractère éphémère de notre existence. En montrant ces vieillards pathétiques, ces deux artistes Chinois Sun Yuan et Peng Yu, propose une réponse à la propagande et au culte de la personnalité autour MAO dans leurs pays. Malgré l’image que le régime souhaite véhiculer autour de ses leaders, ces derniers n’en reste pas moins des êtres humains et le temps finit par casser cette image. Et cela vaut pour chaque dictature, le pouvoir détenu par ces vieillards ne repose que sur une illusion que les artistes brisent en les montrant dans tout le délabrement dû à leur vieillesse, dans leur sénilité. L’humour est le meilleur moyen de parler des choses graves, sorte de caricature sur roue, cette œuvre propose un message simple et efficace, symbole d’une Chine qui rêve de passer à autre chose. 

DALLERY
Boris
AS3

mardi 1 mai 2012

Au-delà.


Au-delà mis en scène par Koen Augustijnen, nous présente 5 êtres humains perdus lors de leur passage de la vie à la mort. Sortant des racines ou de la cime de ce qui ressemble à un haricot magique, les danseurs âgés de la quarantaine entament des traversés de plateau en affichant un visage étonné. Ils les garderont cet étonnement et cette fragilité tout au long du spectacle.

Il y a malheureusement peu à dire quand à la performance chorégraphique puisque peu d’images restent en tête. Du coup c’est plus l’atmosphère de rêve dont on se souvient. Tout est difficile à définir. On a du mal  à analyser les causes de ce qui se passe et à faire la différence entre la vie et la mort.

Le spectacle commence sur une vidéo trouvé  sur Youtube, où un homme s’émerveille à la vue d’un double arc en ciel. De cette vidéo le spectacle gardera la fascination naïve face aux splendeurs et aux horreurs que le monde offre. Cette naïveté sera donc conservée à l’approche de la mort ainsi qu’en son sein, puisqu’il n’y a pas vraiment d’évolution notable dans le style des danseurs.

Pour Au-delà il faut au spectateur autant d’attention que s’il admirait un paysage de campagne par la vitre d’un train, relaxant mais monotone.

Colin Lefèvre AS3
« Teach Us How To Outgrow Our Madness » d’Erna Omarsdottir


        Pour le mois d’avril, La Rose des Vents a encore frappé très fort avec la programmation de « Teach Us How To Outgrow Our Madness » d’Erna Omarsdottir, chorégraphe et metteur en scène islandaise. 

Ce spectacle des plus contemporain, nous dévoile les peines, les joies les souffrances de la féminité par le biais de différents tableaux de danse et de chants. Dis de la sorte, cela ne semble pas choquer les esprits. Mais s’il on rajoute de la musique métal des plus assourdissante, des murmures malsains et exorcisant, des cris suraigüs, des gestes robotiques et synchronisés, une brume qui pique les yeux et un monticule de cheveux tournoyant,  tout de suite les avis des spectateurs divergent, se perdent et certains même n’hésiterons pas à s’éclipser avant la fin. Une angoisse se fait ressentir mêlée d’une incompréhension pendant une heure et demie et sans interruption, un véritable supplice physique et psychologique.

Ces cinq femmes mi monstres, mi sirènes, mi humaines, sont indissociables les unes des autres tant les liens qui les unissent sont fusionnels. Elles nous apparaissent comme venant de nulle part voulant s’exprimer sur les désirs enfouis de la féminité sans jamais vraiment y parvenir. La brosse à cheveux, les talons aiguilles, les robes et les cordes à sauter sont autant d’objets, symboles de la féminité, représentant les différentes étapes de la vie de la femme.

Bien que la concentration du spectateur soit mise à l’épreuve, il soulèvera et félicitera tout de même le travail d’acteur qui relève plus d’une performance que d’un jeu ordinaire. Elles s’épuisent, se donnent entièrement à leur public jusqu’à ce que cela en deviennent insupportable et intolérable au point de vouloir les délivrer de scène. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que si pour le spectateur ce supplice ne dure qu’un instant, les comédiennes renouvellent l’effort tous les soirs.

Ce spectacle ne fera certainement pas l’unanimité des critiques demandant beaucoup de tolérance et de largeur d’esprit mais c’est une expérience inédite qui de manière assez subtile évoque la position de la femme dans notre société.  

Marie David AS3



Exposition XYZT à L’Espace Jean Legendre de Compiègne.



La particularité de cette exposition est de proposer des installations qui utilisent la technologie Kinect de la console de jeux Xbox 360.
Dans un petit couloir, des lignes blanches sont projetées au sol. Leurs formes et leurs éloignements les unes par rapport aux autres ne cessent de changer, ce qui donne l’illusion du relief. La curiosité est attisée dès le premier pas dans la salle, à l’écoute de bruit de mouches et à la vue de formes lumineuses qui parcourent les murs. Se dresse ensuite face à nous un grand tulle sur lequel est projetée une image. Un ensemble de petits bâtonnets blancs sont programmés pour être toujours en mouvements tout en restant proche les uns des autres. Ils forment alors une nuée attirée par les masses qui se placent devant le tulle. Le bruit de mouche prend alors sens. Le spectateur en se mettant en place, voit sa silhouette parcouru par la multitude de petits insectes virtuels. Il est invité à danser pour décider du mouvement de la nué, qui ne le lâchera jamais. Une nouvelle facette morbide et tout de suite moins amusante s’annonce alors.

Avec XYZT, on est tout de suite plongé dans une ambiance sereine et intrigante. Toutes les images projetés par les projecteurs des différentes installations sont blanches et sortent parfois de leur cadre. Elles peuvent nous atteindre où que nous soyons dans la salle.

Voilà une exposition où l’on ne s’ennuie jamais. Elle fait appel à l’enfant joueur qui est en nous et qui se satisfait de pouvoir enfin toucher les œuvres pour leur donner vie. L’ensemble est sobre et efficace et on se surprend à s’attarder dans l’exposition bien plus longtemps que sa taille ne le laissait présager. 


Colin Lefèvre AS3