dimanche 29 avril 2012


                           TEACH   US TO OUTGROWN OUR MADNESS
                                    « Apprenez-nous à dépasser notre folie »

    Erna OMARSDOTTIR, chorégraphe et danseuse a créée en 1996 avec quatre autres danseuses la compagnie de théâtre EKKA. Présentée pour la première fois en 2009 au festival Antipodes de Brest, cette performance associe la danse, la musique live (deux musiciens) et le storytelling.

 Le spectacle commence. Une épaisse brume a déjà envahi tout l’espace, plongeant le spectateur dans un étrange univers. Dans cette brume, saturée de bruits, d’obscurité et de cris nous ne savons pas vraiment nous situer, nous perdons tout repère. Nous voilà happés, englués, prisonniers d’un monde maléfique, sombre, presque cauchemardesque. On se croirait presque dans un film de Tim Burton, en plein mouvement expressionniste Allemand.

Le spectateur est comme envoûté, voir hypnotisé par ces cinq femmes aux longs cheveux : deux brunes, une rousse et deux blondes. Leur danse est comme un appel à la mort, leur chant est celui des sirènes. Pour résister à leur chant ou à la violence sonore qui lui est faite, le spectateur ne devrait-il pas d’ailleurs se boucher les oreilles ? Difficile aussi pour qui ne parle pas anglais, de se repérer par l’histoire racontée :

« We like to sing and dance
Go into a transe
We like gore
We always want more »
Le cheveux  flottant est signe de féminité et de séduction par excellence, tout au long du spectacle de nombreux autres signes sont utilisés, des talons aiguilles à la brosse à cheveux.  Elles jouent de leurs longues chevelures  et les utilisent comme une sorte de partenaire de danse, parfois attribut masculin qui, de barbe devient scalp ou crinière de lion tout comme elles jouent à la corde à sauter pour en faire un lasso avant de la transformer en fouet vengeur. Elles semblent parfois être possédées par une force surnaturelle et se mettent alors en transe, criant et se débattant physiquement contre « cet » hôte  indésiré, avortant de celui-ci dans une sorte de performance. Ce spectacle est comme une expulsion du mal qui confine à un exorcisme.  Nous ne savons pas vraiment qui elles sont vraiment, sont-elles sorcières, créatures, Furies ou Marie-Madeleine ? Il n’y a ainsi plus de frontière entre pulsion de vie et pulsion de mort comme il n’y aurait plus de frontière entre danse et chant ?

A chacun son avis, le mien est assez mitigé. J’ai aimé certains moments qui m’ont fait penser ou reconnaître des tableaux. J’ai été séduite par certaines scènes pleine de poésie et de tendresse, j’ai été frappée par l’énergie du spectacle mais j’ai beaucoup moins apprécié la musique (Hardcore) et le niveau sonore. La fumée diffusée m’a par moments beaucoup incommodée,  presque angoissée.

Ysé Lenglet As3

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