Sur une scène noire et
épurée se transforment des femmes. Cinq femmes tour à tour
muettes et hurlantes, coiffées et hirsutes, sages et déchaînées.
Le spectacle d'Erna Omarsdottir, chorégraphe et metteur en scène
islandaise, explore un monde féminin, étrange et solidaire où les
scènes oscillent entre silence et cris déchirants. C'est avec
surprise et angoisse que l'on découvre l'univers de ces femmes
mi-humaines, mi-monstres, dont les poils et les cheveux sont des
vecteurs de leur féminité: longs, beaux, soyeux puis étouffants,
oppressants, incontrôlables. Durant une heure et demi, le spectacle
a le temps de lasser et d'agresser. Quand ce ne sont pas les cris
aigus, le monologue sur une sexualité interdite ou les gémissements
rauques, c'est une musique hardcore qui occupe l'espace sonore, à un
volume si élevé que l'on doit passer le spectacle les coudes en
l'air, un doigt dans chaque oreille. Et si la musique rend le
spectacle à la limite du supportable, la danse ne vient pas
compenser l'aspect sonore. Les cheveux fous, la tête balançant de
gauche à droite, c'est un public de concert de métal mis sur scène. Seule
la scène du début, les danseuses à l'envers aux visages couverts,
où les corps semblent se démembrer et être capables des gestes les
plus improbables, mérite notre attention. Pour le reste, c'est
oreilles bouchées et yeux fermés.
Camille Amselle
AS3
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