Dans cette œuvre, Jan Fabre nous met
face à plusieurs interrogations non négligeables. D'une part celle
du héros. Au fil du temps on connut les Dieux, puis les Philosophes,
puis les Rois, puis les Résistants, puis les Scientifiques.
Aujourd'hui qui est il ? Dans un
monde où l'égocentrisme,et le narcissisme habitent chacun d'entre
nous, ce référent n'existe plus. Du moins se fait tout petit.
Prométhéus landscape II, c'est une
épreuve, un voyage, une étape à passer, à vivre, à voir. C'est
difficile, lourd, beau, laid, ennuyant, enrichissant.
C'est par dessus tout une performance,
visuelle, sonore, physique. C'est un tout, et ce tout, c'est nous, le
monde que nous menons. A la fois, dans sa globalité, mais aussi
notre petite vie, notre quotidien.
Je voudrai aimer cette pièce, mais je
ne peux pas.
D'une certaine façon j'admire tous ces
acteurs, que dis je ces performeurs ciselés comme des cochons
pendant un bon vingt minutes, ou ce Prométhée suspendu à plus de
trois mètres de haut et crucifié comme le Christ pendant plus d'une
heure et demi.
J'admire, la passion que ces acteurs
mettent dans leur rôle. Ils entrent dans une transe que peu de
personne sont capable d'atteindre, tout en la maitrisant à la
perfection.
Jongler entre l'amour du métier, et la
violence du discours. Ce paradoxe fait toute la beauté de la pièce.
Mais je ne saisit pas le sens de cette
pièce ? Je n'arrive pas a savoir où elle veut nous emmener ?
Or mis la question du héros, quel est
son véritable discours ?
Tous ces personnages, qui sont ils, que
représentent ils ? Certains rampent au sol comme des vipères,
d'autres mangent du sable, et au milieu une femme se fait
pratiquement violée.
La violence est belle et bien présente,
ça il n'y aucun doute là dessous. Mais que raconte t elle cette
violence ? À quoi sert elle ?
Je n'a trouvé aucunes clés dans cette
mise en scène. Je suis restée confrontée à ces actes, qui pour ma
part ne sont resté que des actes, et non une critique, ou un constat
de notre société.
De ce fait, rester dans l'ignorance et
l’incompréhension m'a légèrement irritée. Et je sais que
parfois, il est bon dans l'art, d'accepter les choses telle qu'elles
sont présentées, sans à tout prix trouver une signification, un
discours ou autre. Je suis consciente, que l'art peut être
uniquement de l'art, comme nous l'a bien fait comprendre Marcel
Duchamp avec son urinoir.
Seulement là, je ne pense pas que se
soit le but de Jan Fabre, bien au contraire. C'est la raison pour la
quelle, cela m'irrite.
Et Attention, je ne parle pas de gène,
voir des corps nues, se masturber, s'enlacer, se pénétrer ne me
choque absolument pas. Mais ils se pénètrent pour quelle raison,
pour nous amener où ?
L'art est en effet là, pour nous
remettre à notre place, pour nous montrer que le monde s'échappe,
qu'il fonce droit dans le mur. Mais pourquoi cela doit il devenir une
pénitence pour nous ?
N'est ce pas déjà une pénitence de
justement voir ce monde s'égarer ? Pourquoi, l'art qui est
censé être poétique, sensible, touchant, doit il être du même
acabit.
Et si on retournait à la simplicité.
La simplicité peut être parfois plus gênante et frappante que ces
grands écrans, aux astres solaires.
La simplicité, ce peut être le vide.
Le vide ne pourrait il pas évoquer justement ces paysages à perte
de vue.
Le vide ne pourrait il pas évoquer
l'incapacité de l'homme à utiliser un élément des plus important
qu'il puisse y avoir sur terre à bonne escient ?
Jan Fabre critique un monde, qui a
perdu toute notion de valeur, de solidarité, d'acte d'héroïsme.
Mais ces héros, justement faisaient
les choses avec simplicité, et discrètement.
Jan Fabre, à mon goût, est dans la
continuation de la provocation, du lourd, du majestueusement grand.
Clémentine Leclercq AS3
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