dimanche 29 avril 2012

PROMETHEUS LANDSCAPE II de Jan FABRE


Dans cette œuvre, Jan Fabre nous met face à plusieurs interrogations non négligeables. D'une part celle du héros. Au fil du temps on connut les Dieux, puis les Philosophes, puis les Rois, puis les Résistants, puis les Scientifiques.
Aujourd'hui qui est il ? Dans un monde où l'égocentrisme,et le narcissisme habitent chacun d'entre nous, ce référent n'existe plus. Du moins se fait tout petit.

Prométhéus landscape II, c'est une épreuve, un voyage, une étape à passer, à vivre, à voir. C'est difficile, lourd, beau, laid, ennuyant, enrichissant.

C'est par dessus tout une performance, visuelle, sonore, physique. C'est un tout, et ce tout, c'est nous, le monde que nous menons. A la fois, dans sa globalité, mais aussi notre petite vie, notre quotidien.

Je voudrai aimer cette pièce, mais je ne peux pas.
D'une certaine façon j'admire tous ces acteurs, que dis je ces performeurs ciselés comme des cochons pendant un bon vingt minutes, ou ce Prométhée suspendu à plus de trois mètres de haut et crucifié comme le Christ pendant plus d'une heure et demi.
J'admire, la passion que ces acteurs mettent dans leur rôle. Ils entrent dans une transe que peu de personne sont capable d'atteindre, tout en la maitrisant à la perfection.
Jongler entre l'amour du métier, et la violence du discours. Ce paradoxe fait toute la beauté de la pièce.

Mais je ne saisit pas le sens de cette pièce ? Je n'arrive pas a savoir où elle veut nous emmener ?
Or mis la question du héros, quel est son véritable discours ?
Tous ces personnages, qui sont ils, que représentent ils ? Certains rampent au sol comme des vipères, d'autres mangent du sable, et au milieu une femme se fait pratiquement violée.
La violence est belle et bien présente, ça il n'y aucun doute là dessous. Mais que raconte t elle cette violence ? À quoi sert elle ?
Je n'a trouvé aucunes clés dans cette mise en scène. Je suis restée confrontée à ces actes, qui pour ma part ne sont resté que des actes, et non une critique, ou un constat de notre société.

De ce fait, rester dans l'ignorance et l’incompréhension m'a légèrement irritée. Et je sais que parfois, il est bon dans l'art, d'accepter les choses telle qu'elles sont présentées, sans à tout prix trouver une signification, un discours ou autre. Je suis consciente, que l'art peut être uniquement de l'art, comme nous l'a bien fait comprendre Marcel Duchamp avec son urinoir.

Seulement là, je ne pense pas que se soit le but de Jan Fabre, bien au contraire. C'est la raison pour la quelle, cela m'irrite.
Et Attention, je ne parle pas de gène, voir des corps nues, se masturber, s'enlacer, se pénétrer ne me choque absolument pas. Mais ils se pénètrent pour quelle raison, pour nous amener où ?


L'art est en effet là, pour nous remettre à notre place, pour nous montrer que le monde s'échappe, qu'il fonce droit dans le mur. Mais pourquoi cela doit il devenir une pénitence pour nous ?
N'est ce pas déjà une pénitence de justement voir ce monde s'égarer ? Pourquoi, l'art qui est censé être poétique, sensible, touchant, doit il être du même acabit.
Et si on retournait à la simplicité. La simplicité peut être parfois plus gênante et frappante que ces grands écrans, aux astres solaires.
La simplicité, ce peut être le vide. Le vide ne pourrait il pas évoquer justement ces paysages à perte de vue.
Le vide ne pourrait il pas évoquer l'incapacité de l'homme à utiliser un élément des plus important qu'il puisse y avoir sur terre à bonne escient ?

Jan Fabre critique un monde, qui a perdu toute notion de valeur, de solidarité, d'acte d'héroïsme.
Mais ces héros, justement faisaient les choses avec simplicité, et discrètement.

Jan Fabre, à mon goût, est dans la continuation de la provocation, du lourd, du majestueusement grand.  

Clémentine Leclercq AS3

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