Erna
Omarsdottir, danseuse et chorégraphe islandaise, nous offre son spectacle
« Teach us how to outgrow our madness » , représentation comportant théâtre, musique et danse. Elle met
en scène cinq jeunes femmes dont les liens ne sont pas très clairs, parfois
exprimant l’affection, parfois la haine, la rivalité. Dans ce spectacle c’est
la féminité qui est remise en question. La femme sous différents aspects nous
est montrée : la femme-enfant (qui rappelle les héroïnes de Sofia Coppola
dans Virgin Suicides), la femme
fatale, la femme sainte, la ménagère, la femme folle et la femme monstre. Ce spectacle dérangeant sous bien des aspects
incite les spectatrices féminines à se retrouver ou non en ces modèles de
femmes. C’est aussi la société qui est dénoncée, la société qui impose à la
femme ce qu’elle doit être : une bonne mère, une femme vertueuse tout en
étant une femme attirante. Ici ces femmes cherchent à sortir du carcan dans
lequel elles sont enfermées et nous apparaissent telles des monstres. Elles
crient, hurlent, se tapent, se violentent. La chevelure, trait typiquement
féminin y est à la fois sacralisée et démystifiée, presque tournée en quelque
chose d’immonde tant la quantité est importante. Ce lien entre folie et
chevelure n’est pas sans rappeler un certain passage du film Sweeney Todd de Tim Burton où des
perruquiers viennent s’approvisionner dans les asiles de jeunes filles.
La chorégraphe ayant collaboré avec Jan Fabre
à diverses reprises garde son gout pour la provocation envers le spectateur qui
est agressé dans sa sensibilité et dans l’image qu’il se fait de la femme. Le
spectacle a pour but de pousser le spectateur dans un état aux limites du supportable
avec ses passages musicaux aux airs de métal et ses mouvements violents
répétitifs. Le but est atteint. Le spectateur peut ne pas être en phase avec ce
spectacle mais il est certain que ce moment passé avec ces femmes qui nous
livrent leurs secrets intimes ne laisse pas indifférent. Oreilles sensibles
s’abstenir !
Julie Gadenne. AS1.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire