Pour une première fois
avec Jan Fabre, se mettre au premier rang est plutôt courageux. Ne
connaissant ni le metteur en scène, ni la pièce d'amour et
d'Histoire se déroulant sous mes yeux, le spectacle fut des plus
surprenants. Le flamand Jan Fabre, plasticien, chorégraphe et
metteur en scène avant gardiste et audacieux, met en scène
« Prometheus Landscape II ». Prométhée, le mythologique
homme qui a dérobé le feu aux dieux pour le donner aux Hommes, a
été puni éternellement... Enchaîné à un rocher, un aigle vient
chaque jour lui arraché le foie qui se régenère chaque nuit. Et
Prométhée est là, accroché par les quatres membres, dans les
airs, au centre de la scène. Face à nous il souffre en silence, et
durant toute la représentation, on souffre pour lui. Sous ses pieds:
le chaos...mythologique et scénique, humain et embrasé. Les
comédiens sont tous plus charismatiques les uns que les autres.
Représentants de tous les vices et de la primarité de l'Homme, ils
s'étalent, s'affalent, se collent, se rient, s'arrachent sur la
scène. Parfois même, ils nous éclaboussent, nous salissent de
sable et d'oxygène, nous mettent dans leur condition sans vraiment
que nous nous reconnaissions en ces bêtes de feu, de colère et de
sexe. Et pourtant, le spectacle nous touche. Car, bien que parfois
gênés ou mal à l'aise, souriants de ce qu'il se passe sur scène
ou surpris des gestes des comédiens, c'est en sentant ses voisins
sursauter au même moment ou esquisser un sourire que l'on fait
l'expérience commune du théâtre, l'expérience d'un moment aimé
ou non, mais partagé. Si elle est un peu longue, la pièce dévoile
des scènes très réussies comme cet instant où deux personnes font
l'amour et dégagent tant de chaleur, qu'un homme peut faire chauffer
sa théière au dessus de leur corps enlacés...
Camille Amselle AS3
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