"Au-delà" : Le rêve d'un nouveau monde.
Décors épuré, juste une colonne fleuri qui rappelle les jardins d'éden et cinq danseurs qui en sortent. On comprend bien vite que la scène a ici une fonction de lieu de transition, entre la vie et la mort, la vie et l'au-delà, le paradis peut-être. Les danseurs sont dans les limbes et attendent ce qu'on pense être le jugement dernier, ils se mettent alors à nous parler de leurs vies, de leurs regrets, de leurs doutes. Ce n'est pas temps ici la question de savoir si oui ou non il existe une vie après la mort mais plus se questionner sur qu'est ce que la vie ? Ai-je vraiment vécu ? Est ce que quelque chose a été changé grâce à moi ? Qu'est ce que l'au-delà, quelle est cette force qui nous gouverne tous ?
On a une prise de conscience de la mort, les danseurs savent que c'est fini, ils jouent carte sur table parce qu'ils se retrouvent confrontés à ce qu'ils ont toujours redouté. L'authenticité des témoignages s'imposent et apporte une certaine gravité au spectacle, ces danseurs ont plus de quarante ans, ils ont vécu et savent de quoi ils parlent. Ils ont eu une vie différente, fait des choix différents et pourtant ils se retrouvent dans la même situation, face à la mort. Comme si tout ce qu'ils ont entrepris est vain puisque de toute façon ils vont mourir. Et la tension dans la salle est palpable, la catharsis est à son comble puisque ces danseurs se pourrait être nous.
Les danseurs sont en attentes de quelque chose, on pense donc immédiatement à En attendant Godot de Beckett, mais ici c'est la répétions des mouvements des danseurs qui se substitue à celle des mots dans le livre.
L'idée est bonne, le thème universel et Koen puise sont inspiration dans sa propre histoire. Cependant il se cantonne à une vision trop restrictive de la mort, peut-être trop simpliste en faisant répéter inlassablement les mêmes mouvements à ses danseurs. On a l'impression qu'il a décidé de faire jouer tout son spectacle sur la répétition, les danseurs exécutent les mêmes pas à l'unisson, simples de surcroît comme pour nous hypnotiser, nous embarquer. Oui mais nous ne sommes pas vraiment embarqués et l'attente devient longue, les danseurs s'essoufflent, s'asphyxient et nous on s'ennuient. Koen a peut-être voulu figurer ce que Modiano appelle "l'éternel retour", l'impression que la vie, les vies en générales sont toutes vouées à la même chose. Que quoi qu'il puisse nous arriver d'autre personnes prendrons notre place et que finalement ce qui compte ce n'est pas vraiment notre mort à nous mais celle des autres.
Koen aurait pourtant pût étayer ce propos de manière plus convaincante, on a l'impression que lui même ne croît pas en son au-delà et on ressort avec le sentiment d'avoir juste effleuré tous ce que Koen avait à dire, on se demande si lui même savait vraiment ce qu'il voulait dire. Le manque de complexité de la chorégraphie devient vite lassant et on se retrouve à attendre quelque chose, n'importe quoi. Les danseurs sont au seuil de la mort et nous au seuil du sommeil.
Mais l'ambition de Koen de faire un spectacle sur la mort était peut-être utopique, car comment représenter la mort, les esprits qui subsistent sans avoir besoin des corps.
Par Juliette Louchart AS1
dimanche 29 avril 2012
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