dimanche 29 avril 2012

Le chant des sirènes (et des glaçons)


On a beau dire, l'Islande ne se résume pas au « petit pays où il fait froid tout en haut de la carte » ou à sa « capitale imprononçable » (Reykjavik, juste comme ça, pour information).
Non, loin de là. On peut également trouver de réelles pépites telles que Björk ou encore Sigur Ros.
Une terre qui réussi à faire cohabiter le feu et la glace. Contraste d'où émerge la fabuleuse Erna Omarsdottir. Digne de ces origines, ces spectacles sont à coup sûr de véritables volcans d'où jaillissent autant d'émotions que de surprises. Prêt pour « Teach us to outgrow our madness » ?

« Oh baby baby, it's a wild world » chantait ce bon vieux Cat Stevens.
Dans ce spectacle, la réflexion s'articule entre différentes relations purement féminines. On vous aura prévenu les garçons, si vous ne comprenez pas grand chose, ce qui est fort possible, ce ne sera pas de votre faute cette fois-ci. Girl power alors ? Pas vraiment. Il s'agit avant tout d'une authentique introspection. Si visible, que son expérience personnelle est palpable.
Explorer la femme et tout ce qui l'entoure n'est pas mince à faire. Erna Omarsdottir transgresse les règles et habitudes pour nous confier un renversant mélange.
La complexité est frappante, et les paradoxes fusent ("I'm gonna hate you with my love") procurant une pression permanente. Entre méchanceté gratuite et hypocrisie, la rivalité fait aussi place à la solidarité ainsi que des liens aussi intense que secrètement inébranlables. Une solidité irrégulière soulignant l'impact de l'appartenance à un groupe. Comment affirmer sa personnalité et se distinguer des autres ? Des enjeux, qui sont également formulés par notre société, qui nous enferme dans une certaine condition. Un questionnement incessant entre déchirement et torture. 
Parlons un peu des cheveux qui sont d'une extrême longueur et en abondance : signe d'une féminité poussée à son paroxysme. Un critère de beauté dans son état le plus sauvage. Incontrôlables, ils sont vénérés, pour être ensuite rejetés. 
Il n'empêche d'assister par la même occasion à une perturbante touche d'innocence. Le fond sonore n'est pas sans rappeler les boites à musiques de nos enfances, une berceuse qui cependant finit par être angoissante. Le même ton menaçant qui apparaît dans Shinning de Kubrick ou encore chez Hitchcock. Une atmosphère aussi inexplicable que délectable. On se prête volontiers à imaginer le rapprochement entre ces beautés glaciales et les sœurs de Sofia Coppola dans Virgin Suicides. A la simple exception, qu'elles, ressentent le besoin de crier. Une sorte de besoin primitif qui permet de s'exprimer et surtout : de se libérer. Hurlement, signe de protestation qu'on aimerait sans fin. Une énergie absolue qu'on retrouve aux concerts de Duchess Says. 
Agression? Pas pour tout le monde, on applaudit et on en redemande. Envoutement suprême.

Anastasia Cadart AS1

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