vendredi 27 avril 2012

Prometheus-Landscape II : le chaos des corps !


Cette adaptation de la pièce d’Eschyle « Promothée enchaînée » mis en scène par Jan FABRE laisse le spectateur quoi, longtemps après qu’il l’ait vu. En effet, que l’on soit initié ou non aux spectacles contemporains, cette mise en scène suscite de nombreuses interrogations chez un spectateur qui est souvent perdu au milieu de ses corps nus, enchaînés, couverts de sable,  confrontés à des multiples éléments grandioses projetés sur écran géant.  

Tant d’éléments visuels marquants, parfois violents de corps éclatés, mis à rude épreuve :  un homme obèse ficelé, une femme se « frottant » avec un bâton, un sexe enrubanné qui se dévoile au fur et à mesure…  FABRE nous confronte donc ici au nu, il montre le plaisir sous toutes ses formes, les corps sont libérés de toute contrainte, pour revenir à l’état sauvage, brut. Néanmoins, autant de nudité était-elle nécessaire ?

Là où ce spectacle interpelle particulièrement c’est lorsqu’il questionne notre rapport aux héros dans la société, cette culture qui nous berce dès l’enfance dans l’attente d’un héros qui va tous nous sauver, mais qui dans le fond, nous empêcherait d’en devenir un nous-même.  Ainsi, on serait emprisonné par des idéaux, des faux semblants qui nous détruiraient au quotidien. Ce « We need heroes now » résonne dans nos têtes, mais qui peut-il être ? L’artiste ? Le politicien ? Nous ? 

Ce spectacle inquiétant nous confronte à des images fortes, de chaos, de guerre, de violence… qui  renvoient directement au monde actuel (l’utilisation de l’extincteur,  fait penser au terme employé par Nicolas Sarkozy : « « nettoyer au Kärcher ») ainsi, cet extincteur ralentit les mouvements, de ces corps qui luttaient autrefois. Sont-ils sacrifiés ? Leur combat était-il justifié ? Jusqu’où peut-on accorder des libertés aux hommes ? 

Si beaucoup sont choqués par les scènes de sexe, d’autres emportés par ce message de rébellion et d'une certaine « prise en charge de son destin », je reste quant à moi marqué par ce rapport à l’infiniment grand (les images de planètes, d’astres, du soleil… diffusés sur écran), et l’infiniment petit : ces millions de grains de sable qui nous renvoient directement à notre statut de minuscule particule, qui sera bientôt réduit aussi à l’état de poussière. 

Au fond, bien que FABRE teste notre endurance tout au long de ces 1h40 de spectacle, on doit lui reconnaître une forte habilité à créer des images marquantes, riches de sens, qui permettent de nous interroger, auxquelles l’on repense bien après... Ce choc visuel pose de vraies problématiques sans pour autant jamais apporter la moindre réponse. N’est-ce pas finalement la plus grande qualité de ce spectacle ?

Benjamin BELLOIR, AS3

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