Teach
Us To Outgrow Our Madness
d’Erna
Omarsdottir
Présenté à la Rose des vents le 3 avril dernier,
cette pièce d’Erna Omarsdotti en étonnera plus d’un. Entre danses parfaitement synchronisées, contorsions, figures fantomatiques et hurlements pour fan de d’ « Heavy
Métal », il est difficile de ce faire un point vue sur cet ovni néanmoins
habillement mis en scène. Le spectacle peut se voir comme plusieurs scènettes
représentant divers étapes de la vie d’une femme, de la naissance du fœtus au
passage dans l’au-delà en passant par les premiers rapports sexuels. Il faut avouer que cela commence fort une première chorégraphie
qui joue sur l’effet de miroir, de contorsions et d’illusions d'optique donnant l’impression,
même aux spectateurs les plus proches de la scène, que le personnage lui fait
face alors qu’il est en réalité, de dos.
Une fois ces 5 entités transformées en femmes,
petites, grandes, enrobées, minces, ravissantes ou mignonnes, elles mettent
rapidement le spectateur mal à l’aise en faisant bouger leurs corps dans tout
les sens. C’est d’avantage ce violent hochement de tête, de haut en bas puis de
gauche à droite qui semble interminable et insupportable pour le spectateur. Bien
qu’une performance physique hors du commun soit incontestable, on a du mal à trouver
un réel intérêt à observer des personnages se faire monter le sang jusqu’à la
tête en se raclant la gorge au passage.
Cela fait heureusement place à des moments plus « significatifs »
avec des passages plus « doux » notamment quand les 5 comédiennes se
mettent en file indienne pour se coiffer les cheveux et plus « interpellant » quand elles transforment
une partie de corde à sauter en scène d’agression. C’est d’ailleurs en faisant
de ces cordes à sauter une arme, insoupçonnable, envers elles mais aussi envers
le spectateur qu’elles regardent avec un air menaçant, que le metteur en scène opère
encore une fois une transformation et un changement d’état d’esprit auquel le
spectateur ne s’attend pas.
Jouant intelligemment entre silence, effets sonore
et musiques en tout genres Erna Omarsdotti joue avec son spectateur et met à l’épreuve
sa concentration avec une oreille qui peine à s'habituer aux changements
radicaux d’ambiances et de volume sonore. Un effet qui aurait pu être intéressant
s’il n’était pas autant présent durant toute la longueur de la pièce et s’il ne
mettait pas autant mal à l’aise le spectateur au point d’être obligé de quitter
la salle ou de se boucher les oreilles. Même si cela est porteur d’une volonté artistique
forte et d’un sentiment de mal être très bien retranscrit chez le spectateur, c’est
à mon sens le gros point négatif de la pièce.
N’en sortant pas « indemne » ou combler
totalement de cette représentation on retient facilement l’incroyable
performance physique des comédiennes et de nombreuses références
cinématographiques auxquelles la pièce peut nous faire éventuellement penser, c'est-à-dire
des films comme « Virgin Suicide » de Sofia Coppola, « Psychose »
d’Alfred Hitchcock ou encore « The Ring » d’Hideo Nakata.
Une pièce intéressante, sans être le choc de l’année,
qui s’écoute avec des boules Quies.
Humberto Da Silva AS3
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