Enigmatique, voici le premier mot
qui vient à l’esprit quand commence le spectacle d’Erna Omarsdottir, où des
mains sont remplacées par des chaussures, des visages sont cagoulés, des
silhouettes apparaissent avec des longs cheveux au milieu d’une atmosphère
embrumée, évanescente… Tous ceci nous semble à la fois familier (on pense
reconnaître des enfants, des prêtres…) mais surtout étranger. D’emblée le
spectateur s’interroge. A-t-on loupé quelque chose ? Pourquoi tout cela
nous paraît si incompréhensible ?
Dès lors, on essaye de se
rattacher à des éléments, des récurrences qui pourraient nous aider à former un
ensemble : le cheveu paraît être le lien fondamental de cette pièce. On
pense rapidement aux représentations de Vénus en voyant ces 5 femmes face au
public portant de longues perruques. Donc, qui dit cheveu, dit exploration de
la féminité. C’est néanmoins ce que l’on veut nous faire croire, car de la
féminité je n’en ai vu qu’à travers les côtés les plus extrêmes : crises d’hystéries
omniprésentes, passant de la colère, aux pleurs, des hurlements, à la tendresse,
de la pudeur à la débauche… La femme
apparaît ici comme étant un être aliéné, en prise à de violents changements de
personnalité.
Outre la femme d’autres
thématiques sont abordées comme le culte. Ces moments plus calmes servent de (court) répit
au spectateur qui peut, pendant quelques instants contempler ces magnifiques
jeux de lumières conjugués à des musiques légères et des postures religieuses qui
rappellent les retables. La femme, presque douce, suggère des icônes telles
Marie Madeleine. C’est donc dans le désespoir le plus complet que nous sommes ensuite
plongés, sans transition, dans un concert de métal où les décibels atteignent
les limites du supportable pour un spectateur non masochiste. Quel est l’intérêt
d’un tel affront ? Si ce n’est de tester nos limites et de nous pousser à
l’exaspération.
Ainsi, non contente de le perdre,
Erna teste le spectateur, le provoque. Elle joue sur la répétition, la peur, l’exagération…
Le seul texte présent est en Anglais, ainsi toute personne ne maîtrisant pas la
langue est d’emblée mise de côté. L’odeur
allergisante de poussière, le son trop fort, la chaleur oppressante sont autant
d’éléments qui nous poussent dans une expérience de l’extrême. Certains
apprécieront cette véritable mise à l’épreuve et y verront une forme de liberté
d’expression artistique, de l’incarnation du féminin, ou que sais-je ? D’autres
seront complétement perdus du début à la fin et auront cette effroyable
impression d’avoir perdu leur temps…et leurs tympans !
Benjamin BELLOIR AS3
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire