vendredi 29 avril 2011

Mikostic et Fabrice Swyngedauw au BAR





Le bureau d’art et de recherche (BAR) est un lieu hors normes tout comme les expositions qui y sont présentées. Ouvert sur la rue par ses vitrines transparentes, convivial lorsque l’équipe vient ouvrir la porte aux visiteurs et accessible par sa gratuité, le BAR, c’est, avant tout, un temple de la création.

Nouvelle adresse, mêmes objectifs, le BAR a déménagé à la Q.S.P. – « Qualité Suffisante Pour »- en Avril 2010, un lieu riche en histoire et, de fait, adapté à la création artistique. A l’occasion de cette remise en forme, le BAR entretient une étroite collaboration avec deux autres associations : le Fil Rouge et Nordartistes.

Créé il y a plus de 10 ans, le BAR explore les pratiques plastiques les plus contemporaines: l’art vidéo, le design, le graphisme, le livre d’artiste, les cultures populaires et urbaines et le dessin au sens le plus large du terme.

Deux artistes mystérieux, Mikostic et Fabien Swyngedauw, connu sous son nom d’artiste « La Yeah ! Produzione » y ont dévoilé leur travail du 4 au 26 mars 2011 sous l’intitulé « Pièces à convictions ».

Mikostic, déjà exposé au BAR en juin 2010, « Post illégal », s’est fait une place dans le Street Art de la scène nordiste. En artiste accompli, avant tout graffeur mais également scénographe et commissaire d’exposition, il a poussé son exposition hors des murs du BAR. C’est la ville de Roubaix toute entière qui s’est vue décorée par ses soins. La « Main », à la fois son surnom et sa signature, est détournée sans cesse et Mikostic utilise différents médiums et supports pour la renouveler à l’infini. Ainsi, en sortant du BAR, le visiteur rencontre dans les rues de Roubaix d’autres mains, dans les endroits les plus improbables.

Fabien Swyngedauw, quant à lui, sillonne les rues du Nord et en tire le meilleur pour ses créations. Diplômé de l’école d’art de Cambrai, il se confronte à toutes les techniques : dessin, aquarelle, gouache, bombe aérosol, sculpture. Derrière ses graffitis se cache une passion pour la lettre. « C'est un travail de la lettre. Il y a une notion d'improvisation, tout est fait sur le moment», dit-il.

Des œuvres aussi variées que les matériaux utilisés, Mikostic et Fabien Swyngedauw ont réussi à retrouver l’ambiance de rue. Un mur dédié au graffiti fait face à une partie de la salle entièrement consacrée à l’obsession de Mikostic : un combat contre la Française des Jeux. « Quand je rentre dans le café d'un ami, je vois ces RMIstes qui claquent tout pour des tickets à gratter par lesquels ils sont obnubilés, ils entrent alors dans une transe qui cesse à la découverte du résultat rarement satisfaisant, les tickets sont alors jetés, oubliés... ». Un coin attire particulièrement l’attention. Une photographie est accrochée par un cadre, disons, conventionnel. Un contraste entre le graff de rue et les institutions classiques du monde de l’art. A chacun de s’en faire sa propre lecture. Un tel endroit surchargé nuirait à ces enjeux.Seul le BAR pouvait permettre à ces deux créateurs un tel aménagement du lieu. Des tableaux, des sculptures, des collages axés autour de thèmes chers aux deux artistes : l’illégalité, le « handmade » (ou « do it yourself ») et la rue. Le nombre d’œuvres exposées peut laisser un goût de « trop peu » mais cela fait partie intégrante du concept du BAR : un lieu de contemplation, de réflexion, de discussion.

« L’art doit-il rester entre 4 murs ? » « A qui appartient l’œuvre ? » « Quel public est visé ? » « L’art peut-il être illégal ? » « Comment doit-on appréhender le Street Art ? » sont des questions que le visiteur se pose face à « Pièces à convictions ».

Le lien entre l’équipe, le lieu, les artistes et les expositions réside dans l’intimité. Une seule pièce regroupe l’exposition des deux artistes. L’équipe et les artistes travaillent à l’étage. Le visiteur est souvent seul face aux œuvres et peut, de ce fait, poser toutes les questions qu’il souhaite, débattre ou simplement donner son avis à l’équipe. Bien qu’il paraisse étrange au premier abord, le BAR permet aux visiteurs de créer une relation particulière, innovante, avec les œuvres.

Une salle d’exposition limitée en espace mais immensément ouverte au monde qui l’entoure.


Barbara TOUMAJAN


Illustrations :

1. QSP à Roubaix
2. "Incasable" de Mikostic

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