vendredi 29 avril 2011

"K-Rush" : La collision est évitée de peu...

Dans ce spectacle signé Pal Frenak, le metteur en scène dévoile une vision personnelle et collective du road movie. Celle-ci composée d’innombrables séquences de films (de « rush »). L’engin mécanisé qui trône au centre de la scène, renvoi aux symboliques qui lui sont généralement attribuées : vitesse, brutalité, et pour l’imaginaire collectif : l’évasion. Pal Frenak invite le spectateur à l’évasion, à la découverte d’autres territoires tout en risquant, à divers endroits, de le heurter et de l’emboutir par des moments d’incompréhension.

Dès les premières minutes, le spectateur se noie dans un flot d’informations. Il essaye, temps bien que mal, d’analyser les éléments qui viennent composer la mise en scène et, la nature humaine est faite ainsi, de trouver un sens à ce qui lui est proposé. Mais rapidement, il abandonne la compréhension au profit du spectacle scénique. Il n’est pas nécessaire de trouver un sens au spectacle au risque de devoir supporter plusieurs minutes d’ennui. Laissez-vous porter par la fantasmagorie environnante permise par le dépaysement que suscitent les images, les danseurs et les références. Vous ferez également diverses rencontres : des gangsters filants sur les routes à vive allure, qui n’hésitent pas à se servir de la voiture comme d’une arme, une jeune femme persécutée, des amies s’offrant une petite virée vers l’aventure et l’exotisme, … Les références cinématographiques ne manquent pas, le spectateur-cinéphile parviendra facilement à les dénicher. De « Thelma et Louise » en passant par le fantasque « Las Vegas Parano » et le plus qu’angoissant « Crash » de David Cronenberg ; ils sont autant d’inspirations au metteur en scène. Celui-là même qui ne peut s’empêcher d’apparaître pour signer son œuvre et s’emporter au volant de son bolide au centre de la scène. Le rendu est kitch, un brun narcissique et Pal Frenak écrase le public par sa présence énigmatique. Mais le spectacle promet un voyage pour les sens (auditifs, visuels et parfois même olfactifs dû aux fumées dégagées par les cigarettes des actrices). Aussi nous pouvons y joindre à se spectacle une étendue des productions futuristes des années 1900. Les pulsions sexuelles, la vitesse, la collision, la brutalité sont autant de manifestations qui concourent à placer ce spectacle dans une veine futuriste. Le métal ou la voiture rutilante sont des ustensiles dangereux, capablent des pires moments comme des meilleurs, mais toujours synonymes de passions et de brutalités.

La volonté d’un road-movie débute d’un désir de quitter les obligations le temps d’une virée, d’une volonté de rencontres d’individus différents et d'une aspiration à une nouvelle vie. Ne plus se cantonner à la routine de sa petite vie conventionnel et minable. Mais le changement de vie ne peut se faire sans échecs et sans obstacles, il s’accompagne régulièrement de fausses notes et de mauvaises décisions. A l’image de ce spectacle qui peut en dérouter plus d’un. Un certain bagage est sans doute nécessaire pour pouvoir aborder le spectacle et se plaire à l'expliquer, mais pour autant, le dépaysement reste intact.

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