vendredi 29 avril 2011

La critique est facile...

Zoonomia, de la nature humaine, une exposition de Christian Gonzenbach, à la Condition Publique. Il convient de dire qu’un artiste produit des œuvres de l’esprit, communiant ses idées précises et la plastique de ses œuvres. Christian Gonzenbach est un artiste cynique qui crée des œuvres faciles d’accès, accessibles aux plus petits comme aux plus grands. Son avis est tranché et ferait la fierté des « Verts » et de Brigitte Bardot : les Hommes ne sont que des animaux. A une époque où ces questionnements deviennent des préoccupations politiques, Christian Gonzenbach se place dans cette veine en renvoyant aux Hommes, les possibles conséquences de ses actes.

Les évolutions génétiques des Hommes n’ont fait que modifier leurs centres d’intérêts. L’Homme d’aujourd’hui n’est pas plus civilisé que le l’Homme de Néandertal des origines ; il a simplement changé de centres d’intérêt. De la chasse aux gibiers et aux gros mammouths c’est la traque incessante des nouvelles technologies et la recherche de « toujours plus de consommation ». Par les crimes des hommes dits civilisés, la faune et la flore se retournent contre ces peuplades qui pullulent notre terre. L’artiste nous dévoile des animaux en voie de disparition, une baleine édifiée par une charpente en bois de plus de 18m de longueur, la taille réelle d’une de ces bêtes.


Nous devenons les propres observateurs de nos erreurs et des conséquences de nos actes. La baleine disparaitra, et il ne restera d’elle qu’un vague souvenir périssable, à l’image du bois qui, quelques années après sa découpe, débute sa décomposition. Dans ce lieu étrange, nous passons entre les différentes œuvres du créateur cynique, amis des animaux et de l’archéologie. Les œuvres, telles qu’elles sont exposées, évoquent les musées d’histoire naturelle : les muséums. Ces lieux mystiques dans lesquels s’imbriquent les différentes découvertes, résultats de fouilles archéologiques. Celles-ci ont permises de découvrir le squelette d’un super héros. Un Homme à deux paires de bras et deux paires de jambes. Est-ce là le devenir de l’Homme moderne ? Capable de consommer autant de choses qu’il possède de bras.

Pourtant, Christian Gonzenbach souligne bel et bien la composition de ce squelette difforme et fragile faite en porcelaine nacrée. Ce super héro, malgré ses apparentes capacités héroïques, n’est pas à même de les exploiter. Il est incapable de s’envoler, tétanisé par la peur de s'écraser sur le sol et de se briser. A quelques mètres d’ici, un « Super lapin », un rongeur à taille de géant, capable de se venger des Hommes en les dévorant à leur tour. Bien plus qu'un simple retournement de situation, c’est l’historique du lieu qui est ironiquement critiqué. La condition publique, ancien lieu de conditionnement de la laine et de matériaux divers. L’artiste, ironise amèrement sur ces bêtes, ce rongeur fait de véritables peaux de lapins ou ces trois agneaux sans défense, installés dans la verrière, seconde partie de la visite. Dans leur enclos trône un rocher dont les rugosités et les déformations évoquent celles d'un crâne.


La mort plane au dessus de celui-ci, ces agneaux sont destinés à être conduits à l’abattoir. On les nourrit, on les loge, mais qui est à même de décider ce qui est bon pour eux ? Sommes nous réellement les meilleurs juges des conditions de vie de l’animal ?

Certes les œuvres de Christian Gonzenbach sont faciles d’accès, le sens est aisément perceptible et ne permet pas une grande réflexion. Un simple coup d'oeil permet de déduire le sens des oeuvres. La défense des animaux, le respect de la nature, l’engagement presque politique est une récurrence dans un travail artistique. Yves Michaud, dans L’art à l’état gazeux, souligne cet aspect dont se dore aujourd’hui les œuvres contemporains : un semblant de critique de la société sans recherches approfondies. Les œuvres sont aujourd’hui toutes faciles d’accès pour permettre une plus grande diffusion et accessibilité. Zoonomia, de la nature humaine, ne déroge pas à cette caractéristique.

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