vendredi 29 avril 2011

Giuseppe Penone

Artiste italien issu du courant de l’Arte povera, Giuseppe Penone est à l’honneur en cette fin d’année 2010 puisque le MAC’s (Musée des Arts Contemporains) accueille une rétrospective de son œuvre. Situé au Grand Hornu, ce musée installé depuis 2002 est au cœur d’un immense complexe minier – témoin de la révolution industrielle du XIXème siècle. On peut ainsi visiter l’ensemble du site, ses résidences, ses bâtiments administratifs et techniques, ses jardins tout en visitant l’exposition ici consacrée à Giuseppe Penone.

Poétiquement intitulée « Des veines, au ciel, ouvertes » l’exposition Penone fait « référence à l’anatomie des arbres écorchés par Giuseppe Penone comme à la géologie des anciennes mines de charbon du Grand-Hornu » et retrace le parcours de l’artiste de ses débuts et d’aujourd’hui. Alternant ses premières œuvres avec des plus récentes d’une salle à l’autre, l’artiste nous est montré à travers sa problématique de la nature, de l’homme par rapport à la nature, et du temps.

On retrouve ainsi son arbre le plus célèbre Il poursuivra sa croissance sauf en ce point (photo accompagnée d’un commentaire audio de Penone) montrant la métamorphose de la nature humaine dans la nature végétale. Cet arbre est soumis à la question du temps, et de la confrontation du temps de la nature à celui d’un être humain. Cette problématique se retrouve au sein du site du Grand Hornu puisque nous retrouvons en extérieur les œuvres Les pierres des arbres (2005) où de jeunes arbres sont confrontés à la pierre. Il faudra cependant attendre le passage du temps pour comprendre ces œuvres qui accompagnent les vieux bâtiments miniers.

Concernant le reste de l’exposition, on observe une quantité incroyable d’œuvres de Giuseppe Penone : entre sculptures, tableaux, photos et autres dessins, la rétrospective se veut vraiment complète. Nous avons notamment les impressionnants Peaux de graphite (2005), où l’artiste a dessiné à la mine de graphite sur fond de papier noir la dizaine de tableaux présents. Le papier se fait peau où de fines cicatrices s’inscrivent et rappellent celle du temps sur les arbres, et du Grand Hornu lui-même. Autre œuvre particulièrement impressionnante par sa taille, la Matrice de Sève (2008) qui nous présente un arbre écorché dans sa longueur où l’artiste a installé des moulages de certaines parties de son corps (mains, pieds) et où on retrouve de la résine, c'est-à-dire sa veine. Le corps est donc omniprésent dans l’œuvre de l’artiste, comme nous le montre encore les Géométries dans les mains (2005) qui réfléchissent le corps de celui qui les regarde et ce qui l’entoure. Trois séries importantes dans l’œuvre de Penone qui ne cesse de questionner le temps de la nature à celui du corps humain mais qui éclipsent par la même occasion les autres séries, notamment ses photos et dessins (Renverser sa peau, développer sa peau)

Cependant, même s’il est vrai que cette exposition retrace plutôt bien le parcours de l’artiste, elle saute des étapes importantes (toute la période des années 1980 et 1990) et reste assez mystérieuse dans le sens où il est assez difficile d’en comprendre le sens si l’artiste ne nous est pas familier. D’habitude accessible, Giuseppe Penone semble soudain s’éloigner du public par cette rétrospective qui reste malgré tout impressionnante.

Sara Dufossé
AS3

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