vendredi 14 mai 2010

Once I had a love and it was a gas. Soon turned out, I had a heart of glass





« Dernière création de François Verret, Ice saisit le spectateur dans les contrées les plus reculées de sa conscience, là peut-être où il a cessé de savoir qui il est, là où il est étranger à lui-même. »
(Daniel Conrod Telerama n° 3038 - 05 avril 2008)



François Verret met en scène « Ice », ballet inspiré du texte de l’auteur britannique Anna Kavan.

« Ice saisit le spectateur » Pas sûr. « dans les contrées les plus reculées de sa conscience, là peut-être où il a cessé de savoir qui il est » Assurément, si…l’on parle de son sommeil.
Ice me fait l’effet d’une glace au soleil.
Si l’on peut féliciter François Verret pour quelque chose, c’est bien pour les chorégraphies, la musique, et l’organisation de l’espace scénique. Mais alors, quel est le problème ? Le tout. Cet amalgame de chorégraphies, de musique et d’espace scénique.
Il est clair que le ballet est un volcan esthétique, un magma bouillant de beauté qui ne rêve que d’exploser en nuage de poussières envoutantes.
La danse est loin d’être habituelle, « classique », c’est une danse qui épouse le corps, les danseurs et la danse ne font qu’un, comme s’ils l’avaient véritablement dans la peau. Les corps paraissent d’ailleurs se tordre, une fois sensuellement, une fois douloureusement. Malheureusement leurs corps font mal à voir. La danse ne nous fait ressentir aucun plaisir. D’accord ce n’est peut-être pas le but de François Verret, mais comment s’intéresser aux intentions du metteur en scène quand nous ne prêtons pas attention à ce que l’on voit ? Le son dans le ballet est celle d’une musique, éclectique et oppressante, et d’une voix, celle d’un « narrateur », qui dévoile des passages du texte d’Anna Kavan, en anglais donc. Pas facile de saisir le message, cela demande une concentration dont on aimerait avoir à se passer. Mais, c’est aussi agréable, de se laisser porter par un langage étranger, avec lequel on ne se force pas à écouter et à saisir le sens de chaque propos. Quant à la scène, elle est vide d’élégance : une boîte noire sans fond, subtilement recouverte d’un voile transparent. Mais les objets et nombreux acteurs attirent et appellent de tous côtés notre oeil, qui est lassé et fatigué de cet incessant tumulte.
Si l’on comprend que le ballet a un potentiel indéniable, on peine à se l’avouer. Quelques « scènes » sortent du lot. « Scènes » car le ballet semble construit comme tel, découpé, fragmenté. Cette femme qui danse au centre d’un cercle construit par un long tissu noir tiré à la force d’un homme mérite bien quelques applaudissements. Nous sommes happés par ce tourbillon de légèreté, nous désirons voir cette femme plus longtemps que les quelques secondes où elle apparaît. Nous voulons que l’homme tourne, tourne, tourne encore plus vite pour nous la dévoiler à nouveau.
C’est peut-être ça la force de la mise en scène de François Verret, nous faire aimer une scène qui nous donne le tournis et le mal de mer. Cette femme qui semble prisonnière et soumise à une danse éternelle, nous est amenée comme un spectacle que nous réclamons encore et encore.
Dommage que le ballet ne soit pas à la hauteur de cette scène enivrante.
Ice m’aura laissé de glace.

C.Amselle
AS1

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