samedi 17 avril 2010

La Ligne du dessus, Ariane Michel - L'Espace Croisé à Roubaix

« Voir le monde autrement » : voilà ce à quoi nous invitent les films d'Ariane Michel. C'est en étant scripte qu'elle développa son travail de vidéos. Aujourd'hui, ses films mettent en scène des animaux dans des décors naturels ou familiers. Et ceux-ci, sont toujours exposés par le biais de projections, bien entendu, mais aussi de performances ou d'installations. Ces œuvres se distinguent par la création récurrente d'expressions sensorielles. Et l'animal y est un objet d'étude. Il est un outil de narration qui fait glisser le film dans une atmosphère de conte. C'est « la bête » qui amène le son, (qui est toujours direct) et une image pure. Ariane Michel veut opposer le vivant à l'artificiel. Dans ses films, on part du quotidien, du documentaire pour aller vers la fiction ou le mythe. Quant à la place du spectateur, elle est aussi très importante. Ariane Michel veut qu'il soit impliqué, qu'il s'immerge dans l'intimité de ses films et des décors qu'elle et la nature présentent.

Les œuvres d'Ariane Michel sont la plupart du temps visibles dans des galeries ou des festivals. La Ligne du dessus correspond à la fois au nom de la dernière exposition qui lui est entièrement dédiée à l'Espace Croisé de Roubaix, et au nom de sa dernière œuvre présentée à cette même exposition. L'Espace Croisé est un centre d'Art Contemporain situé au cœur de la Condition Publique. Son domaine privilégié est l'image fixe ou animée. Le lieu accueille environ quatre expositions mais c'est la troisième fois qu'il présente le travail d'Ariane Michel. Les premières œuvres exposées étaient Après la pluie et Dans les murs en 2002. Puis en 2004, vint l'installation Rêve de Cheval. C'est donc très naturellement qu'en 2010, l'Espace Croisé consacre tout son espace à Ariane Michel pour ses nouvelles installations.

Toute l'exposition est plongée dans le noir. Nous sommes entraînés dans un petit parcours présentant successivement cinq œuvres. Très vite, nous nous laissons emporter par le calme et la beauté des paysages. Avec ses installations, il est possible de prendre le temps ou non d'apprécier l'intégralité des vidéos ou bien, pendant quelques secondes, de se contenter des images qui s'offrent à nous. L'endroit semble être un « trou dans l'espace-temps » : nous pénétrons dans une grotte laissant par moment quelques « fenêtres ouvertes sur le monde ». Ariane Michel nous fait voyager de continent en continent. Par leur grandeur, les œuvres semblent s'offrir à nous et nous laissent parfois l'impression d'en faire partie, d'être présent au moment où la scène a été tournée ou bien, de nous retrouver là, au moment même où a lieu cette scène. Mais nous ne pouvons que contempler. La visite se termine avec La Ligne du dessus, une œuvre majestueuse.

La Ligne du dessus est une installation reprenant véritablement la fresque préhistorique. L'installation est montée de sorte à ce que nous puissions avoir plusieurs points de vue. Ariane Michel souhaitait faire une relecture de la fresque rupestre. Dans cette œuvre, l'artiste va à la rencontre des chevaux de Przewalski. Ces chevaux existaient à la préhistoire. Ils étaient les modèles des peintres de fresques. Ariane Michel présente le moment où ils sont remis dans leur espace naturel en Mongolie. Tout en admirant ce spectacle et en nous invitant à y participer, Ariane Michel cherche à retrouver quelque chose du geste de l'homme qui les a peint. Aujourd'hui même si ces peintures disparaissent, les chevaux vivent toujours.

Ariane Michel réussit donc très bien à nous « glisser la substance même du monde sauvage entre les murs d'un espace d'exposition. » (sic). Avec l'exposition La Ligne du dessus, nous passons d'œuvres ou d'images presque expérimentales à de véritables documentaires. On peut être déçu par le peu d'œuvres présentées mais peut-être est-ce cela qui nous incite à prendre le temps de « mieux regarder ».

Camille CATTIAUX AS3

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