jeudi 15 avril 2010

Ariane Michel---La ligne du dessus

S’il y a bien un thème qui préoccupe l’Homme en ce début de 21 ème siècle, c’est l’écologie, qui est sur toutes les lèvres. Elle est omniprésente car nécessaire à sa survie mais elle est malheureusement rattrapé par le système et utilisée à des fins commerciales : être écolo fait vendre. Le message pourtant positif s’obscurcie car il est utilisé par ceux qu’il combat.

L’exposition d’Ariane Michel s’inscrit directement contre cette logique qui progressivement vient décrédibiliser le message à l’origine très positif: elle confronte le spectateur au sauvage, l’homme à ce qu’il est entrain de détruire sans nous donner d’informations ou de chiffres alarmant, elle nous montre juste la belle nature et les rapport qu’entretien l’animal avec celle-ci.

Contrairement à cette inondation de messages écologistes lourds et défaitistes, Ariane Michel fait mouche car elle provoque une immersion dans l’intimité de l’animal face à la nature et aucun discours ne peut être plus efficace et plus parlant que ce spectacle de l’animal majestueux et tranquille vivant en harmonie avec la nature.

La condition publique a laissé son « espace croisé » à disposition d’Ariane Michel. Une grande salle divisée en 4 parties par des murs provisoires ou des séries d’écrans de projections. Le visiteur est amené à se promener de projection en projection dans l’obscurité totale, guidé par la lumière des écrans et les sons de la nature. C’est en tout 5 projections qui nous sont proposées : Le faisceau (1mn), Sur la terre (13 mn), Le camp (13mn), les hommes (extrait du film de 6mn) et La ligne du dessus (23mn) qui est l’œuvre phare de l’exposition.

« La ligne du dessus » concerne les chevaux de Przewalski qu’Ariane film dans les plaines de Mongolie. Ils sont à ce jour les derniers chevaux sauvages au monde et sont à un nombre très faible, ce sont eux qui furent représentés par les hommes préhistorique dans les murs des grottes (la grotte Lascaux). Cette installation est constituée de 4 écrans et 4 projecteurs définissant presque un demi-cercle ce qui nous permet d’être totalement immergé dans cette nature. Pendant vingt trois minutes rien d’autre ne nous est donné que la nature, sans artifices, totalement authentique. Les chevaux vont et viennent dans la steppe aride de Mongolie. La réintroduction de ces chevaux sur leur terrain d’origine à l’heure ou leurs peintures rupestres disparaissent nous plonge dans un paysage magique car préhistorique.

Après ce voyage avec les équidés de Przewalski, quatre autres projections nous appellent :
Le camp ou quelques hommes, femmes, enfant et un chien tentent de survivre dans une Mongolie hostile, une plaine immense, infinie, qui est le territoire des moustiques assoiffés de sang. Là, trois écrans pour trois points de vue différents et surtout le son de ces moustiques qui grouillent, assombrissent le ciel comme une épaisse pluie noire. Ce spectacle est très impressionnant et met mal à l’aise, ce n’est pas un endroit fait pour l’Homme, il n’y est pas le bienvenu.

Le film Sur la terre dure 13 min et nous installe à coté d’un couple de morse qui voit apparaitre la figure de l’homme à travers un bateau longeant la côte. L’apparition du bateau est soutenu par un bourdon incessant symbolisant la peur et la pression qu’exercent ces visiteurs inconnus sur ces 2 morses. Ils viennent et repartent simplement. Ici le message est très prenant, on se proche des morses, on en vient, comme eux, à craindre l’inconnu. Sans entrer dans l’anthropomorphisme, on découvre que ces animaux, tout comme les chevaux Przewalki, ont un langage, un chez eux, une façon de vivre qui, si elle est bien sur à mille lieux de celle des Hommes, est surtout bien plus vrai et essentielle.

Cette exposition dégage beaucoup de poésie, fait appel à notre sensibilité mais demande aussi un vrai investissement personnel : d’abord car elle est d’une simplicité extrême, ce qui peut surprendre mais est nécessaire au message, et surtout parce qu’elle prend le contre pied de ce qu’est entrain de devenir l’homme moderne, un hyperactif n’ayant plus le temps de contempler ce qui l’entoure à qui on donne toujours plus d’informations superficielles à digérer.


Antoine Lotigier-AS3

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