mercredi 21 avril 2010

Cassandre >Hors Champs – Nappe phréatique de la presse spécialisée –

Fondé en 1995 par Nicolas Roméas, à l’époque producteur et journaliste pour France Culture, Cassandre >Hors Champs est une revue brochée comportant en moyenne une centaine de pages.

Son prix peut varier, mais il tourne souvent aux alentours de 8 euros. Sa parution est trimestrielle et, chaque année, un hors saison thématique explore les nouveaux horizons des pratiques artistiques et culturelles. Les acteurs de Cassandre > Hors Champs sont des sociologues, des historiens, des chercheurs, des spécialistes culturels qui vont partout dans le monde pour apporter des informations et des commentaires sur la culture d’aujourd’hui et de demain. La revue est aujourd’hui sous la co-direction de Nicolas Roméas et de Valérie de Saint-Do. Sa parution est possible grâce au concours du centre national du livre, de la direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles du ministère de la culture et de la région Ile de France.

Cassandre est composée d’une équipe d’idéalistes chez qui l’idée de service public est ancrée. La question de la rentabilité n’est en aucun cas leur vocation. La revue s’attache à éclairer les aspects peu visibles du paysage artistique et culturel français. Cassandre >Hors Champs naît d’un manque, le manque d’un véritable lieu éditorial qui ouvrirait ses réflexions au monde artistique, qu’elles soient sociales ou historiques. La revue naît aussi d’un constat : celui du déclin de la presse artistique et littéraire. La presse dite spécialisée consacrerait, selon l’équipe de Cassandre >Hors Champs, de moins en moins de place aux expériences sur place, et seules les grosses productions semblent trouver une véritable reconnaissance médiatique.

Cassandre va donc avoir pour mission de montrer qu’un immense réseau d’activités culturelles, denses et riches a aussi une importance primordiale pour le devenir intellectuel et moral de la France.

Il va aussi s’agir de développer un nouveau type de publication (ni vraiment un magazine, pas non plus une revue au sens classique), un véritable lieu éditorial qui puisse permettre au plus grand nombre de s’informer sur des sujets qu’on pourrait considérer à priori difficiles, mais dont la connaissance est primordiale pour ceux concernés par la notion de Culture.

L’idée principale est de mettre à la disposition des acteurs culturels et sociaux un certain nombre d’informations qui ne circulent pas forcément bien dans le monde de la culture, souvent pris dans un système de choses connues. Le parti pris étant de dire que ce qui est important dans la culture ce n’est pas ce qui se voit forcément.

Cassandre va beaucoup parler d’un art qui ne serait pas cantonné aux salles d’exposition habituelles ou aux salles de théâtre traditionnelles. L’équipe va aller à la recherche de lieux non formatés, non clôt sur eux-mêmes.

La « revue » a connu certaines évolutions (de format, de disposition des articles, de prix également). Elle propose aujourd’hui des entretiens avec des sociologues, des philosophes des historiens. Elle est également composée de dossiers thématiques peu explorés par la presse spécialisée, dossiers qui concernent notamment l’évolution des politiques culturelles, les nouvelles formes de résistances artistiques, la privatisation et l’institutionnalisation du territoire culturel et artistique. S’y trouve aussi un certain nombre de rubriques récurrentes sur le sujet de la situation d’équipes artistiques à l’étranger.

L’art, pour Cassandre >Hors Champs, est définit comme « principe actif » (c’est d’ailleurs le sous titre du magazine), une voie thérapeutique presque.

La revue défend la notion de culture en tant que valeur symbolique. C’ est la seule revue spécialisée qui traite de l’évolution de la société contemporaine, d’expériences innovantes et expérimentales. C’est un média pour moi très précieux aujourd’hui, un véritable lieu de paroles et de réflexion sur des sujets importants pour le devenir de notre société. Cet espace de liberté et de pensée nous est nécessaire afin de pouvoir réactiver le doute, pour voir des images au-delà de celles qui nous sont imposées. Elle nous offre un regard qui critique, qui se rebelle, un regard libre et malheureusement en chute libre aujourd’hui car les soutiens diminuent. Comment survivre sans avoir de prétention à la rentabilité dans un monde où cela devient un mot d’ordre ?


Judith Azuelos - AS3

1 commentaire:

  1. Merci Judith pour cette belle présentation du travail de Cassandre/Horschamp.

    Peut-être aurons-nous le plaisir de vous rencontrer le 7 mai au cirque Romanès pour la présentation du numéro 81 et aussi le 31 mai au TGP de Saint-Denis pour le grande réunion publique consécutive à l'appel que nous avons lancé "Impossible absence" ?
    http://horschamp.org/spip.php?article3211

    Très cordialement à vous,

    Nicolas Roméas

    RépondreSupprimer