lundi 1 avril 2019

Thomas Devaux - Rayons

Date : 2019
Lieu d'exposition : Galerie Cédric Bacqueville (Lille)


Rayons - ou la valorisation discrète de la société de consommation


D’emblée, l'oeil est attiré par l'atmosphère floue aux couleurs pastels dégagée par cette série d'oeuvres réalisées par Thomas Devaux. Présentées pour la plupart sous forme de diptyques, elles ne sont pas sans rappeler les oeuvres de Mark Rothko. La technique utilisée pour leur réalisation est la photographie avec retouches afin d’obtenir l'aspect flouté ; puis imprimée sur papier canson à grainage fort, laissant ainsi apparaître des craquelures à la manière d’une peinture à l'huile. A cela s’ajoutent les encadrements, recouverts à la feuille d'or. L’ensemble est homogène et a un rendu à la fois abstrait et organisé qui peut rappeler l’art minimal.

De toute évidence, étant donné qu'il s'agit d'art abstrait, on peine à comprendre la démarche de l'artiste sans avoir lu la note d'intention et sans un peu de médiation concernant la série d'oeuvres présentées. C'est alors que j'ai compris la provenance de ces couleurs qui sont en fait issues de rayons de supermarchés photographiés en gros plan, ceci justifiant le titre de la série, en référence aux rayons de supermarchés. Il s’agit également d’une référence à l’optique et aux rayons lumineux qui se dégagent de ces oeuvres.

La paisibilité ressentie à premier abord est d'un coup vue autrement de par le sujet qu’elle interroge : la société de consommation. On peut alors se demander quel est le regard que Thomas Devaux à ce sujet : cherche-t-il réellement à avoir un regard critique sur la société de consommation ou cherche-t-il à la sublimer ? Est-ce que ce travail sur le flou ne cherche finalement pas à dissimuler quelque chose pour ne pas avoir à le regarder en face ?

Ce travail abstrait concerne quelque chose qui n'a rien d'abstrait au contraire, la consommation est quelque chose de très concret. Ce décalage est d’autant plus marqué si l’on juge le cadre des oeuvres recouvert de feuilles d’or, ce qui pose à nouveau la question de ce que l’artiste a voulu montrer : sublimer ou dénoncer ? Une part d’incohérence peut alors être ressentie face au fond et à la forme qui semblent finalement assez éloignés.

Thomas Devaux traite donc ici un problème contemporain, sans vraiment le traiter. Il l'expose, simplement. C’est à se demander si il ne traite pas ce sujet parce qu'il est "à la mode"...
Lucas de Vareilles, AS1

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire