dimanche 7 avril 2019

Muxes, Ivan Olita

Au Mexique, dans l’état Oaxaca, au sein des cultures Zapotec, vit une communauté, depuis des années et des années, appelée les Muxes. Le personnes qui composent cette communauté ne sont considérées ni comme hommes ni comme femmes. Elles sont ce qu’on appelle là bas le « troisième genre ». 
A la naissance elles sont assignées comme masculins mais identifiées comme des femmes, ou alors ne pouvant correspondre à aucun genre.
Dans ce court métrage, Ivan Olita part à leur rencontre et explore leurs vies. Ivan Olita est un réalisateur italien qui aborde souvent les dimensions personnelles dans un monde où on réfléchit par rapport aux autres, il réalise d’autres courts métrages comme Can’t nobody else love you 
Dans Muxes, il suit ces personnages hors du commun, les suit dans leur quotidien et, à travers 3 personnages en particulier, nous nous retrouvons immergés dans une culture qui prend le contrepied total de nos propres moeurs.
Loin de la conception binaire qu’on a du genre, les qualifications de « gay » et « hétéro » n’importent pas chez les Muxes. Ici il s’agit d’ailleurs de comprendre leur rôle social.
Les Muxes sont chéris par les gens du village, ce sont des personnes très acceptées, au même titre que les hommes et les femmes.
Les trois personnages nous livrent leurs émotions, leurs habitudes, leurs rêves etc.
Les Muxes vivent dans une culture matriarcale où la place des femmes est très valorisée, on les voit travailleuses, ambitieuses et indépendantes. 

Esthétiquement, les plans sont très colorés et fleuris, à l’image du Mexique tel qu’on le connait, dans une atmosphère assez hypnotisante et dynamique bien que douce et intimiste.
D’ailleurs la dernière Muxes interviewée dit que quand on se sent soi même, on peut voir le monde « de manière beaucoup plus colorée ». Ce qui montre à quel point il suffirait d’accepter chaque humain tel qu’il est, à quel point tout le monde doit se sentir épanoui et heureux.
On sort totalement des clichés et des préjugés avec ce court métrage car on nous montre les Muxes de manière objective. On ne ressent pas du tout les préjugés qui peuvent parfois nous dépasser de prime abord et le fait de voir leur quotidien, très similaire au notre, nous permet de nous sentir plus proches malgré les barrières culturelles qui peuvent se présenter à nous. 
La caméra suit les Muxes de près, dans chacun de leur mouvement et par le biais parfois de très gros plans. Pourtant il n’y a rien d’intrusif dans les images, on nous décrit des corps, des pensées, des émotions. 
Cependant, la musique en fond est parfois dérangeante car minimise un peu l’importance du discours des Muxes : on a envie d’écouter ce que ces personnes ont à dire, à présenter, sans être parasités par un fond sonore extérieur à celui de l’environnement des personnages. 
Aussi, certains plans paraissent trop fictionnels, par exemple quand une des Muxes rentre progressivement dans la rivière jusqu’à s’y submerger, quand les Muxes dansent et posent au ralenti, ou encore quand le vieil homme parle des Muxes en fumant, on dirait presque une publicité qui présente cette communauté et en fait la promotion. 
Bien qu’esthétiquement plaisants, ces plans ne semblent pas nécessaire à la narration engagée. 
Dans des pays avec une culture comme la notre, dans un modèle très occidentalisé, un court métrage comme celui ci ouvre à une nouvelle culture, il nous fait découvrir de nouveaux horizons, ce qui se fait ailleurs. Au delà de cette ouverture d’esprit qu’il offre, le court métrage à presque une dimension dénonciatrice, dans le sens qu’à la vue de l’harmonie qui règne entre les individus de cette société des Zapotec, on se sent coupable que chez nous ça ne fonctionne pas. 
D’ailleurs un des personnages dit bien que cette communauté ne pourrait être exportée car ailleurs ça ne marcherait pas.
Au début et à la fin du film, des références évidentes à la religion sont filmées : d’abord une croix, puis finalement une église, un homme religieux qui nous délivre un discours inspirant. 
En effet il explique que dans le langage des Zapotec, on ne différencie pas hommes et femmes, mais on marque une différence selon qu’on parle d’humains, d’animaux, ou de choses inanimées. Ainsi le court métrage, par le biais de la présentation des Muxes, se place comme une vraie ode à l’humanité. 

 Jasmine HSSAINI-FLAUJAC et Alexie WOJTALIK

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