dimanche 7 avril 2019

The Van Gogh Immersive Experience : la frontière entre enrichissement culturel et divertissement


S’il ne devait y avoir qu’un seul mot pour décrire cette expérience unique qu’est « Van Gogh : The Immersive Experience » c’est bien merveilleux. Un merveilleux créé par Orphée Castaldo.
Pour expliquer  ce ressenti, citons tout d’abord le lieu choisi : le Palais de la Bourse de Bruxelles, à l’architecture écrasante mais toute aussi envoûtante. Ce palais est décoré d’immenses affiches faisant l’éloge du triomphe de cette expérience. Le piéton dans la rue ne peut être qu’attiré et intrigué pour vivre celle-ci dès le premier coup d’œil !
Merveilleux également par sa musique. En effet, dès notre entrée dans le hall du Palais pour tenter d’apercevoir quelque chose qui allait nous convaincre définitivement de participer à cela, nos oreilles sont immédiatement attirées vers cette musique très forte, au loin, dans cette salle à l’air nostalgique et calme. Lorsque nous entrons dans ce monde merveilleux, caché derrière un rideau noir, opaque, large et lourd à déplacer, le sens sonore qui n’était alors qu’un des éléments donnés au spectateur avant même de plonger dans cet univers, prend ainsi une toute autre signification . Notre regard passe en même temps de la lumière naturelle à un noir total pour qu’enfin, il s’entrechoque avec une lumière bleue, un bleu total, un bleu nuancé, un bleu que l’on retrouve dans les œuvres de ce génie de la peinture du 19ème siècle qu’est Van Gogh.
Dès que nous pénétrons dans l’enceinte du Palais, c’est le début d’un rêve, nous nous sentons légers comme l’air. Tout est fait pour que l’on divague dans ce monde parallèle au sein de cette immense salle aux dimensions disproportionnées. Sous ces colonnes et ces plafonds voûtés, nous sommes invités à nous poser par la présence de transats, de fauteuils et de tapis. Si l’on observe bien tous les visiteurs, certains sourient dès même leur entrée et d’autres entrent la bouche ouverte, émerveillés de voir un tel chef d’œuvre. Puis certains s’endorment, emportés par les douces animations accompagnées de leur musique. Tout est fait pour nous bercer : les couleurs, les mouvements, les bruitages de l’eau et le son des animaux appartenant au monde de la nuit… En d’autres termes, ce sont les peintures de Van Gogh faites de spirales et de toutes formes créées par son pinceau. Nous sommes dans un rêve éveillé.
Un rêve éveillé nourri par ces nouvelles techniques d’animation permettant de donner vie à des peintures. Par exemple, le tableau intitulé « La Nuit Etoilée » que nous pouvions auparavant contempler jusqu’à y perdre notre regard dans les spirales peintes dans le ciel se voit alors, dans cette expérience, animé par des logiciels. Un voyage poétique s’offre à nous.
Nous sommes assis ou allongés au beau milieu de la salle avec tout autour de nous à 360 degrés un monde pictural en mouvement retraçant l’évolution de l’artiste Van Gogh et qui vient transporter le public que nous sommes dans un voyage temporel.
Une musique, que nous ne pouvons citer, forte par son volume mais aussi douce par sa mélodie, vient ainsi traduire et diriger notre ressenti et nos émotions face aux œuvres qui s’entremêlent à la suite les unes des autres. En soi, elles sont des images colorées suscitant en nous une réelle contemplation où les couleurs, la technique esthétique de l’artiste et les outils technologiques modernes nous font oublier toute réalité possible. Elles nous plongent ainsi dans un univers peint par Van Gogh qui, trois siècles plus tard, arrive encore à faire écho à notre imagination et à notre vision du monde par ses œuvres.  
Le temps parait suspendu. Seule la boucle de cette animation nous rappelle que le temps passe lorsque la première image vue réapparait. Cependant, nous restons tout de même assis pour regarder une deuxième ou troisième fois ces images, se donnant pour excuse de trouver des éléments que nous n’aurions pas vu dans toutes ces images.
En sortant de cette expérience immersive, il n’y avait pas de retour en arrière pour nous : le rêve ne pouvait qu’être représenté de cette manière et il nous était difficile d’accepter la triste simplicité du monde dans lequel nous vivons. Un monde où les passionnés d’arts, d’animations, de design devraient lier leur savoir-faire pour mettre au goût du jour les œuvres anciennes, appartenant à une autre époque que la nôtre.
C’est alors que plusieurs questions viennent à nos esprits. Voir cette expérience sur l’art de Van Gogh sans regarder une seule de ses peintures en vrai est paradoxal. Cette œuvre diffusée qui est une œuvre contemporaine vient puiser dans le passé et elle utilise des outils technologiques modernes pour donner une nouvelle vision, un nouveau sens au travail réalisé par l’artiste. Nous nous demandions si ce n’était pas comme pour faciliter la tâche aux spectateurs de leur traduire ce qu’ils doivent voir et ressentir. Les visiteurs ne sont-ils pas capables de comprendre l’art ? De l’observer ? De l’apprécier à sa juste valeur ? Comment pouvons-nous comprendre ces expériences immersives devenues « à la mode » et qui plus est, ne sont pas à la portée de tous financièrement ?
En conclusion, cette expérience vient donc témoigner de l’évolution de l’art et de ses représentations au fil du 21ème siècle avec l’appui de ces supports numériques. Cependant, l’on constate qu’il y a toujours un attachement aux œuvres du passé. Tente-t-on de les exploiter et de les traduire en ayant pour motif de les remettre au goût du jour ou reste-t-on dans un passé nous empêchant d’avancer ?
Julien DUQUENNOY et Phébé Sénéchal, AS1

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