samedi 1 avril 2017

To be ou la vanité

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L'art contemporain est aujourd'hui assimilé à un art lié à l'argent et au système économique. Et pourtant en voyant certaines œuvres, cela peut porter à confusion et contredire cette vision de l'art. Toute œuvre d'art est créée à partir d'une idéologie et développe un point de vue, sur un sujet sur lequel l'artiste à vraiment envie de s'exprimer. En art contemporain c'est la même chose.
Hugues Amblard fut exposé à Art Up 2017 à Lille et est encore exposé à Nimes à la Bueno- Home Gallery. C'est un artiste contemporain qu'il faut absolument découvrir et qui vous fera apprécier son art. C'est un artiste peintre, utilisant différentes techniques, comme l'acrylique ou la gouache. Il est diversifié dans sa technique artistique, rendant chacune de ses œuvres uniques.
Des peintures, il en a fait, mais une sort du lot, de ce que j'ai pu observer lors de la foire d'art contemporain. Il s'agit de celle intitulée: To be or not to be, non ce n'est pas Shakespeare qui a peint cette toile, mais bien Hugues Amblard. Si vous pensez que l'artiste emprunte juste ces simples mots pour donner un titre à son œuvre, vous vous trompez.
Le protagoniste de cette toile, est un singe qui a pris le place d'un humain. Quand j'ai dit, que cette œuvre m'avait interpellé, je pense surtout que c'est ce personnage, à la fois animal et humain qui m'a subjugué. On passe là, parmi des œuvres comme les peintures et la sculpture, mais cette peinture, cette gouache sur toile, datant de 2016, a la force animale et un regard dans lequel, les yeux du spectateur se plongent. Le protagoniste vous interpelle, sans parler, mais la puissance de son regard est porteur de voix. On resterait volontiers devant cette œuvre pour écouter une voix, qui pourtant reste sourde.
Entre peinture et cinéma, le cœur de l’artiste semble coupé en deux, mais lui ne s’arrête pas là, il réunit sa passion pour ces deux arts, dans ses toiles et particulièrement dans celle-ci. L'un est un art de l'image en mouvement, l'autre celui de l'image fixe, immortalisant un moment d'une vie pour toujours. Mais cette différence n’arrête pas Hugues Amblard. Par le halo de lumière, semblable à l'objectif de la caméra, le primate devient acteur d'une scène figée et immortalisée. D'un autre coté, le peintre donne comme titre à son tableau, celui d'un film de Ernst Lubitsch: To be or not to be. Ce réalisateur de renom, dans sa comédie se moque d’Hitler et de sa vanité.
La vanité, voilà un sujet qui revient encore et encore dans nos vies. Dans l’œuvre de Shakespeare, Hamlet, dont le titre de cette peinture est directement emprunté, n'est autre que l'exemple parfait de la vanité des hommes. D'un coté, il représente la vanité d'un point de vue de la satisfaction, cherchant à tout prix à venger son père, d'un autre il est entre deux feux, en se demandant si cela n'est pas vide de sens, donnant suite au second sens de la vanité. Mais que représente plus la vanité des hommes, si ce n'est la nature morte? Certes, en peinture, une corbeille de fruits et des cranes d'hommes sont des éléments devenus plus que banals dans cet art. Hugues Amblard s'en moque, il fait un clin d’œil à la fois au cinéma, de part cette représentation digne d'une scène de film, mais aussi car il s'agit d'une image fixe, et le cinéma est une succession d'images fixes. L'hommage à la peinture, lui est visible par cette nature morte.
Il nous fait poser la question, nos vies ne sont elles pas dénuées de sens? L'homme n'a de plus grande crainte que de celle de mourir, le primate tient un crane humain dans sa main et s'appuie dessus de telle façon à nous dire: «j'ai dompté la mort, je suis devenu plus qu'un être humain», je n'ai pas peur de mourir. Si aujourd'hui, nous sommes les êtres les plus évolués que notre planète a connu, nous avons des hôpitaux et une espérance de vie plus qu'honorable. Cependant l'homme n'arrive pas a se contenter de cela. Il veut toujours aller plus loin, trouvant de nouveaux besoins à satisfaire. Cette toile renvoie à la notion du bonheur.
Dans le travail de ce peintre, la présence humaine s’efface par la présence de la figure du primate. Tout cinéphile y verra, un lien avec le livre de Pierre Boule, La planète des singes et de ses adaptations cinématographiques. L'artiste réalise une véritable mythologie où l'homme n'a plus sa place, si ce n'est que par la présence des meubles et des vêtements. L'animal étant devenu le seul maître de notre monde. Il ne faut surtout pas oublier que l'homme avant tout était un animal, un primate comme celui de ce tableau. Le singe est notre plus proche cousin. Si l'homme n'est pas
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présent à l'image sur cette peinture, il est se trouve quand même devant nous avec cette toile. Et si la vanité, selon l'artiste n'était pas ce qui faisait de l'homme, encore un animal. Pour satisfaire tout ses besoins l’être humain est prêt à tout, mais en faisant cela il se condamne à mort. Je veux dire par là, que le lien entre ce personnage animal, le film de Ernst Lubitsch, le titre de cette peinture et Hamlet, tout revient à la vanité. Dénonçant la folie humaine, et son coté animal, comme avec Hitler, qui a cherché a devenir le maître du monde en détruisant toute un peuple et en faisant des morts innombrables, il n'y arrivera pas et mourra. Hamlet, lui veut venger son père et reprendre le trône, se pendant, sa soif de vengeance le conduit à la mort.
Et oui, se primate semble être le reflet du spectateur qui le contemple, faisant interroger cette personne sur comment, elle va agir dans sa vie face à la vanité humaine et de notre monde.

Paul Delomelle 

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