samedi 1 avril 2017

Good Morning ou le réveil nécessaire

   Songe ou cauchemar? Espoir ou désillusion? Voilà toute l’ambivalence de Good Morning. Par sa réalisation en noir et blanc assez percutante et son discours porté par Kamau, il nous plonge dans un monde, notre monde, qui ne sait plus comment fonctionner.
Porté essentiellement par la figure de l’enfant, le court-métrage de Michael Marantz donne pour une fois l’opportunité à la jeunesse d’avoir une voix. C’est en partie à eux qu’est adressé le « Wake-up! » si pressant de KAMAU, comme s’il était urgent d’agir et que seuls eux avaient le pouvoir de changer les choses. La répétition de certains mots ne fait que renforcer cette impression. L’innocence est remplacée ici par la determination et l’action. Les gros plans sont intelligemment employés, laissant toute la dureté mais aussi l’épuisement, transparaitre sur les visages. C’est aussi les jeunes qui, mains dans la main, avancent au milieux d’hommes et femmes d’affaires, dans les rues de Wall Street. Dans cette séquence là, le décalage entre les générations et les milieux sociaux est encore plus palpable. Les personnes adultes et aisées reculent sans se voir alors que les jeunes d’horizons différents eux, avancent ensemble de plus belle. Cela met en exergue une élan, une force nouvelle. Malgré les « grands » qui peuvent leur barrer la route, les « petits » persévèrent pour atteindre leur but: la liberté, la reconnaissance et surtout l’unisson. De ce fait, Michael Marantz nous place du point de vue des jeunes plutôt que ceux des adultes. Les plans en plongés sont préférées lorsque les adultes sont filmés alors que pour les jeunes, les plans poitrine sont privilégiées. On peut y voir ici comme une métaphore sur les minorités, quelles qu’elles soient, face aux plus influents. Ces minorités doivent se battre si elles veulent survivre dans ce monde. Cependant il n’est pas question ici de haine envers l’autre, mais plutôt comme le dit très justement KAMAU de « … Conquer every fear of difference with study, understanding, and gratitude … ». Finalement c’est un véritable appel à la paix, à l’acceptation et à l’espoir d’un avenir meilleur.
D’autre part, la musique, composée par Michael Marantz, joue elle aussi un rôle majeur. Elle est à l’image du texte de Kamau. Plutôt intrigante au début puis progressivement une certaine tension se fait ressentir. On atteint alors l’apogée et la phase de prise de conscience démarre. Elle coïncide avec l’appel de Kamau à se réveiller et à agir. La musique accentue le sentiment d’empressement et de gravité. Ce film, aux allures de clip-vidéo, a une raisonnance particulière puisqu’il est sorti peu de temps après l’investiture de Donald Trump aux Etats-Unis. A l’heure où le racisme et l’intolérance sont de plus en plus banalisés, il est bon d’avoir ce genre de piqure de rappel. Qui que nous soyons, nous sommes des êtres humains, « Regardless of its casing, regardless of its color of its gender, of its belief ». Faire de nos différences une force.

Alors oui, les temps son durs, le moral plus bas que terre et l’avenir incertain. Mais il ne faut pas se laisser abattre car l’espoir vient s’immiscer tant bien que mal dans ces sentiers obscurs. Good Morning cristallise cet espoir. Le temps de ces deux minutes, les images de Michael Marantz, appuyées par le texte poignant de KAUMAU nous conjurent de nous « réveiller » et d’agir pour construire monde meilleur.

 



-Sara PROFFIT - AS3

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire