dimanche 2 avril 2017

Toy Story, Camille Berna


« Toy story »
Camille Berna, 2017

Camille Berna est une artiste photographe belge âgée de 17 ans. Passionnée d’audiovisuel, elle étudie actuellement à l’INRACI, école de photographie à Bruxelles. Son père est photographe et sa mère est artiste peintre. Quant à elle, Camille affirme déjà son style personnel.
Camille Berna a la volonté de bousculer et souhaite laisser une empreinte décalée traduisant à sa manière le quotidien de sa génération. Elle présente des photographies aux thèmes volontairement décadents.

« Toy Story » est sa première série de photos qu’elle a présenté en déclenchant une approbation unanime des jurys de son école. Dans cette série, la jeune artiste photographie des mises en scène de la légendaire poupée Barbie et démystifie son image à la plastique parfaite.
Camille Berna a pour but de bousculer, de faire réfléchir le spectateur en proposant une image décalée introduite par une mise en scène bien préparée et réfléchie : aucun détail n’est laissé au hasard, chaque objet de la mise en scène est étudié et choisi avec style et raffinement. Elle cherche à afficher sa vision du quotidien de sa génération. Elle présente des photographies aux thèmes volontairement décadents : « l’adultère », « le suicide », « le lendemain de la veille » sont autant de sujets chocs aux parfums de vécu révélateurs de son temps.
Camille aime toutes ses réalisations mais avoue avoir un faible pour « Le suicide » non pas pour le sujet mais pour sa prouesse technique et son jeu difficile de mise en scène.



La composition est essentiellement composée de jouets. On y voit une voiture décapotable rose et blanche donc la portière côté conducteur est ouverte. Une Barbie sort de cette voiture de façon assez « attrape l’œil » : la tête au sol, les jambes en l’air dont une traversant son toit ouvrant, une chaussure en moins, son sac à mains et ses affaires renversées près de sa tête. Son visage est sale, elle baigne dans une substance qui se veut être son vomi. Les couleurs dominantes sont le rose fuchsia et le blanc. On peut dire qu’il faisait beau lorsque la photo a été prise. Cette photo est une figure du contraste ce qui tend à la rendre intéressante.

Je trouve cette œuvre remarquable et digne d’attention. En effet, elle apporte une vision différente de ce qu’on a l’habitude de voir.

J’aime beaucoup le contraste entre le plastique, la superficialité que représente l’idéal « Barbie » et la réalité à laquelle elle est confrontée ici, c’est-à-dire un accident de voiture. C’est également un contraste entre perfection (temps ensoleillé, lumineux, couleurs = rose, blanc, sourire de la Barbie, son corps parfait) et la vie réelle : cela montre que personne n’est parfait et que les personnes qu’on croit être parfaites ne le sont pas forcément. Camille Berna fait tomber avec brio toutes les illusions et les stéréotypes que l’on peut se faire à propos des modèles de beauté, de féminité, d’allure, etc.

Camille Berna met en lumière la superficialité qui prône dans notre société actuelle. Cela permet de nous interroger sur nos valeurs et nos modèles et de relativiser sur nos idéaux qui sont en fait illusoires.

La Barbie a été fortement controversée car elle donnait des complexes aux jeunes filles qui devenaient anorexiques en voulant ressembler à leur jouet préféré, oubliant que c’est effectivement un jouet et pas un humain, et qu’en voulant lui ressembler on perdait cette humanité. Ici l’artiste met en valeur le fait que la Barbie n’est pas parfaite et évacue cette volonté de lui ressembler.


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Cette œuvre est assez dérangeante, et pour l’avoir vu en vrai je peux affirmer qu’elle apostrophe et interpelle également le spectateur, c’est-à-dire qu’en l’apercevant on détecte tout de suite que quelque chose cloche, et cela donne envie d’aller voir de plus près la scène photographiée. Je pense que Camille Berna arrive facilement à transmettre ses idées et qu’elle est très talentueuse même si sa popularité n’est pas encore considérable. De plus, ses œuvres ou en tous cas celle-ci est accessible à tous par le fait qu’elle est facilement compréhensible, et que chacun connait la Barbie et sa réputation de « modèle de beauté » qui est ici renversé et renvoyé à une réalité beaucoup moins rose que ce qu’on imagine.

Léa Dautrevaux

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