lundi 14 avril 2014


The Day empties its images


La route est longue et sinueuse jusqu’à la petite porte qui marque discrètement l’entrée de l’exposition. On rentre alors dans l’atrium qui nous mène jusqu’à la seconde porte. Il faut toquer pour qu’on nous ouvre.

La pièce est assez haute de plafond et plongée dans l’obscurité, on rentre presque à taton en espérant ne rien faire tomber.

Puis, une fois entré, on découvre un visage blanchâtre émanent du sol juste devant, dégageant une sorte de halo étrange.
Plongée dans l’onirisme ;
 le cercle qui l’entoure est fait d’une sorte de sable très fin et très brillant qui envoie de petit rayons de lumière éclatants.

La vision floue porte déjà le spectateur à réfléchir sur ce qu’il voit. Le visage n’est pas immobile, il y a comme une vibration qui tinte la netteté des traits.

La question se pose alors :
Où suis-je ?

 On trouve un petit feuillet, sur lequel on aperçoit un titre : The Day empties its images.
L’histoire commence, on trouve la page 1 et 6, mais il nous manque le reste. Nous savons alors que la jeune fille va vivre et mourir.

 
La seconde image, fixe et nette cette fois, montre une belle chute d’eau.

Comme un rêve, cette projection : La Pleureuse, est une porte qui s’ouvre sur l’univers de l’artiste :
Anaïs Boudot nous projette ici sont propre inconscient, ambiguë, coincé entre rêve et réalité.


Le manifeste d’une problématique ancrée dans la société d’aujourd’hui : l’échappatoire vers la nature.
Image romantique d’une nature sauvage fantasmée, appuyée par le retour aux anciens procédés photographiques. Le grain est ici l’instrument d’une nostalgie qui se ressent dès les premières impressions.

On trouve alors un plan.
Plan de l’exposition, si petite soit-elle, mais aussi plan artistique.
En effet, la configuration, choisie par la photographe, nous pousse malgré nous sur un sentier étrange où la logique perd son sens, puisque nous avons passé la porte des songes.

La série suivante marque la force d’expression de l’artiste. Comme des fenêtres ouvertes sur un monde inaccessible, on est coupé de l’image par la puissance du reflet qui nous renvoie notre propre image.

Le monde apparaît alors, à travers cette image personnelle du spectateur, appelé à suivre la démarche entamée par l’artiste. On a plus le choix, nous sommes acteurs malgré nous d’une tragédie.
Car oui, l’histoire n’est pas finit :
Les feuillets 2 et 3 sont devant nous. La jeune fille que nous savons condamnée avance, elle aussi, vers la fin.

Echo lointain des images, distordu par l’âme tourmentée du poète, l’histoire s’annonce bien sombre, et contraste de loin avec les superbes paysages qui nous sont proposés.

Les photos sont comme des rêves, aperçus comme à travers un masque, coupé du temps et de l’homme. Paradis ésotérique, rappelant les grands tableaux d’Arcadie, nostalgie déjà des classiques, la photographe s’inscrit alors dans une réflexion sur le monde.

Le médium photographique nous apparaît alors comme une porte, charnière entre l’ère du numérique et de sa reproductibilité en série, son flot continu d’images, toujours en mouvement, tourné vers l’avenir ; et la lenteur du passé, l’application de l’artisan au travail, et la patience du geste. Césure directe de la première partie, le coté sombre ressort beaucoup plus, appuyé par le discours romantico-tragique du texte de Lucien Raphmaj.

Nous terminons alors notre voyage par le paroxysme littéraire, en total contraste avec la tranquillité que dégage la fin de la série.



Car nous découvrons les feuillerts 4 et 5 qui nous emmène à travers les grands espaces, près du littoral. Là où se mêle mysticisme et calme, la photographe imprègne ses photos d’une intemporalité. Comme si le temps était abolie, la photographie marque le paysage du Beau.

L’image tranquille d’un idéal éternellement sauvage, coupé du monde bruyant et mécanique des hommes. La seule présence humaine est dans les textes. Elle va d’ailleurs se plonger tout entier dans ce monde calme. Le chemin, facile à comprendre, que suis la jeune femme nous mène droit au suicide.
Oui, elle saute du haut d’un rocher.
Triste image d’une magnificence par le sacrifice (à quoi bon ?), on ressort avec un goût amer.
Les yeux ont été satisfaits, il reste à travailler la narration.


MAGNAN Antoine, AS1


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