mardi 15 avril 2014

Cannibals. Fictions et Réalités.

Cannibals. Fictions et Réalités.


Le titre ne ment pas. A travers cette exposition, on est plongé au cœur du cannibalisme, entre réalités et fictions, entre récits de voyages, photographies, objets rituels, gravures et autres observations directes ; et films, romans, bandes dessinées, contes, musiques, peintures. Si on ne remet pas en doute la partie fictionnelle de l’exposition, à savoir les œuvres d’artistes peintres, cinéastes, musiciens, et écrivains célèbres qui se sont fortement inspirés du cannibalisme. On peut remettre en doute la véracité des récits de voyages, des gravures et même des photographies surtout que nous sommes à l’ère du numérique où l’abondance d’images retouchées nous donne le droit au scepticisme. La question des sources est donc très importante dans cette exposition que nous offre le Musée du Moulin et de l’Alimentation de Bruxelles.

Exposition pour le moins surprenante, en tout cas pour moi. Je m’attendais à des œuvres d’un/une ou de plusieurs artiste(s) dont le cannibalisme aurait été la source d’inspiration. A la place, j’eus le droit à un cours d’histoire du cannibalisme pour le moins passionnant et très riche. En effet, l’exposition est mise en scène de telle sorte qu’on doit d’abord apprendre l’histoire du cannibalisme avant de découvrir ou redécouvrir les contes de Charles Perrault, les tableaux de Rubens (Saturne dévorant un de ses fils) ou Géricault (Le radeau de la Méduse), ou encore la célèbre comptine Il était un petit navire, qui, replacée dans ce contexte n’est plus du tout pour les enfants ! Et  qui ne l’a jamais vraiment été d’ailleurs.

Pour un sujet tabou dans notre société occidentale, le cannibalisme est ici montré sous un angle différent des stéréotypes qu’on peut parfois trouver. En effet, j’ai appris que le cannibalisme répond à des codes de conduites, il n’est pas gratuit. Il prend alors deux formes principales : l’endo-cannibalisme et l’exo-cannibalisme, le premier est un rite funéraire alors que le deuxième est un acte de démonstration de sa puissance sur l’ennemi vaincu.
La transsubstantiation fait également partie de cette histoire du cannibalisme, ou ici plus spécifiquement l’anthropophagie puisque l’exposition se concentre sur l’espèce humaine. Je n’avais encore jusque là jamais pensé à l’Eucharistie en ce sens, le corps et le sang du Christ comme acte de cannibalisme, en tout cas il est considéré comme cela par certains.
Cette exposition nous montre bien qu’on en apprend jamais moins, toujours plus, et que notre esprit critique doit toujours être en éveil.

Pour finir, une partie de l’exposition nous invite à découvrir des photographies prises au Congo Belge lors des années de colonisation. Le texte accompagnateur nous apprend alors que les soldats belges, ceux du Roi Léopold II auraient fait preuve d’actes de cannibalisme à l’égard des peuples indigènes pour montrer leur puissance et leur domination. C’est dans ce genre de situation que notre esprit critique doit particulièrement être attentif, car il est très surprenant qu’un peuple occidental civilisé aurait montré de tels actes barbares. Cependant, je n’ai pas rejeté l’information. L’artiste belge Jan Fabre a en effet récemment dénoncé à travers ses toiles en carapaces de scarabées le règne du Roi Léopold II et sa violence à l’égard des peuples indigènes. L’information qu’apporte donc ici la photographie et son texte n’est donc pas erronée même si elle n’est pas à prendre pour argent comptant pour autant.


Cette exposition n’a donc pas pour but de nous faire découvrir un/une ou des artiste(s), elle a pour but de nous donner une vue d’ensemble sur la thématique du cannibalisme, sur son histoire, sur ses représentations dans la société, comme à travers nos expressions comme « il n’est pas dans son assiette » par exemple ou par des artistes qu’on connait tous comme Géricault, Charles Perrault, Jonathan Demme, Rubens ; et même sur ses représentations dans nos croyances.

Je terminerai en disant que cette exposition m’a donné faim, surtout quand en bas dans les cuisines il y avait les enfants qui préparés un gâteau, car oui dans le Musée du Moulin et de l’Alimentation il y a des ateliers culinaires en lien avec la thématique de l’exposition de l’année, qui sait ce qu’étaient en train de préparer nos jeunes chefs ? Sur ce je vous recommande cette exposition, elle vaut le détour, surtout pour ceux qui aiment les sujets non traditionnels. 


Elisa Walbert (AS1, La Catho, Lille)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire