mardi 9 mars 2010


Les space invaders : du jeu vidéo au street art

« Urban invasion detected. A reality game by → Invader », sur ces quelques mots s'ouvre le site internet d'Invader, artiste envahisseur d'espace (selon la traduction littérale) depuis plus de dix ans. Sous cette phrase, une grande photo présentant un décors urbain (« east london » nous dit la légende) dans lequel apparaît, sous un panneau publicitaire, un étrange monstre jaune très pixelisé, tout droit sortit d'un jeu vidéo des années 80...

Un clic sur ce drôle d'animal et nous entrons dans le site de l'artiste français « Invader » qui nous expose son projet mondial de street art.
Comme nous l'annonçais la phrase de présentation, l'artiste s'est créé son propre jeu qui consiste à envahir les villes du monde entier. Pour cela, il s'inspire d'un ancien jeu vidéo dont il reprend l'esthétique, comme on peut le voir dans le menu de son site : en haut défile un vaisseau rouge qui explose pour faire apparaître la phrase « mail to invader », ce qui permet de prendre contact avec l'artiste ; en dessous se trouvent 6 petit monstres que l'on retrouve au fil des pages pour nous guider dans le site ; en bas un premier lien pour accéder à la newsletter et un second annonçant « FAQ », le tout sur un fond noir et gris ou on peut reconnaître un space invader sur un mur et la silhouette d'un homme en dessous. Le menu est donc très original, il reprend les caractéristiques d'un jeu vidéo (la police d'écriture, les couleurs, la pixelisation des icônes, etc...).

Toutefois, on peut regretter la non mise en valeur des deux derniers liens qui, selon moi, sont pourtant les plus importants du site. En effet, le lien vers la newsletter permet d'accéder à l'actualité du projet (puisque le site ne rend pas compte de toutes les avancées de l'artiste) et celui mystérieux du « FAQ » donne en réalité accès à une interview écrite d'Invader, ce qui nous permet d'en apprendre (enfin !) un peu plus sur lui, sur sa manière de travailler, et surtout sur son projet. C'est donc dommage de le faire apparaître en dernier car un visiteur non informé ne comprend pas de quoi il s'agit avant d'ouvrir cette fenêtre. De plus, Invader ne parle pas du tout du street art, qu'il pratique pourtant. Si on compare avec le site de Wooster (dans les « links » d'Invader), qui fournit de nombreuses informations sur son travail et sur le street art en général, on peut remarquer qu'Invader centre son site principalement sur une présentation de son jeu, laissant une grande part au mystère, ne donnant que quelque réponses dans l'onglet « FAQ ».

Malgré tout on ne peut pas lui en vouloir de ne pas s'étaler sur les explications, ni de ne pas fournir une mise à jour de sa carte du monde (onglet « Around the World ») quand on voit le nombre de villes qu'il a réussi à envahir en une dizaine d'années ! Pour moi cette carte du monde est d'ailleurs le cœur du site, puisqu'elle présente les principaux lieux infiltrés : elle nous donne l'impression d'avoir affaire avec un méchant de James Bond ou à un savant fou, l'« Envahisseur », qui ne peut donc trop dévoiler ces projets... En sélectionnant une ville, on tombe sur un tableau donnant le score que l'artiste s'est donné par invasion, ce score dépend du nombre d'« envahisseurs » posés, de leur taille, etc... Il nous livre également les photo de ces space invaders qu'il répertorie minutieusement, ce qui donne parfois suite à une carte touristique des plus originales.

On peut enfin souligner l'originalité du moyen de passer à la photo suivante : il faut trouver le space invader et cliquer dessus, le visiteur devient donc chasseur, ce qui a donné des envies à certaines personnes dans la réalité, qui vont organiser des randonnées pour trouver ces space invaders.

C'est pourquoi, si certains traitent Invader de pollueur visuel, il me semble qu'il pousse plutôt les spectateurs à sortir, à lever le nez, à découvrir la ville.
Pour une fois c'est au spectateur de venir à l'œuvre, de la chercher et non plus l'inverse.

Mathilde Bagein, As 1

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