lundi 7 mars 2011

Preparatio mortis

Une danse vacillant entre la vie et la mort

On arrive, on s'installe, on parle à son voisin, noir. De l'orgue vient heurter nos oreilles, peu à peu c'est notre nez qui est sollicité par une odeur prononcée de fleurs. Enfin après quelques minutes plongées dans le noir, nos sens en exergue, la lumière apparait sur une sorte de sépulture recouverte de fleurs. Celle-ci semble alors prendre vie lorsque qu'elle se met à se mouvoir dans le rythme d'une réspiration. Cette métamorphose se poursuit par la découverte d'un bras, enfin la danseuse en entier s'extirpe de son cocon floral.

Ce deuil auquel nous pensions assister serait plutôt une naissance. En effet j'ai vu dans cette danse funèbre que nous propose Annabelle Chambon, une succession de tableaux qui pourrait correspondre aux différentes étapes de la vie d'un Homme. La danseuse s'amuse avec les fleurs telle une petite fille, plus tard c'est au fruit défendu qu'elle goûtera, elle joue de son corps jusqu'à le faire paraître squelettique. Il nous semble qu'il lui est de plus en plus difficile de progresser, seule sur cette scène, serait-ce sa Préparation à la mort?

Noir. Décidément Jan Fabre déroute son spectateur en lui faisant perdre toute notion de temporalité, car c'est plutôt de sensation qu'il est question ici, au public de se libérer de tout et se laisser emporter dans ce passage entre la vie et la mort.

La lumière revient, éclairant ce qui paraissait autrefois une sépulture, maintenant devenue un autel tout en transparence, une date inscrite dessus qui concorderait avec celle d'Annabelle Chambon. Effectivement dès la minute où nous naissons, nous nous préparons à la mort puisque c'est là l'issue de notre vie. Nous nous apercevons qu'à l'intérieur de ce "reposoir", la danseuse effectue des mouvements en semi allongée. Sa gestuelle nous évoque celle de l'eau, accentuée par la présence de buée sur les parois de verre. Une fois de plus, la performeuse n'est pas seule, les fleurs étant remplacées par des papillons se posant sur le corps dénudé de cette femme. Dans la peinture, ces papillons représentent l'envolée de l'âme. Enfin après quelques dessins, parfois érotiques, dessinés sur les cloisons, cette jeune femme se meurt peu à peu pour laisser place au noir.

On applaudit, on reparle à son voisin, on s'en va. Finalement, peut être que ce n'est pas si terrible de se préparer à la mort, puisque nous repartons de ce spectacle apaisé, Jan Fabre et sa danseuse réussissant à nous faire entrer dans un monde où la sensation prime sur les questions.

Marie Lalisse AS3

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