dimanche 27 février 2011

Corps, accords et désaccords



Dans Be yourself, présenté à La Rose Des Vents les 18, 19 et 20 janvier dernier, le chorégraphe Australien Garry Stewart explore le corps humain et le « moi » pour une expérience multidimensionnelle.

Car la grande force de ce spectacle est de jouer sur la diversité, tout d’abord des registres scéniques, Be Yourself mélange à la fois danse, musique, mots, vidéo etc. ; des danseurs aux ethnicités et morphologies différentes, on remarquera les détails attachés à chaque costume pour les rendre singuliers. Mais également dans sa finalité : en effet, l’œuvre s’applique à décrypter le corps humain comme source du « moi » en procédant par actes.

Dans un premier temps, le corps se fait machine, avec ses rouages et sa mécanique à maîtriser, il faut alors en tester les capacités et les limites. Sur scène, les danseurs deviennent automates, une impression d’autant plus renforcé par les bruits de machinerie qui viennent ponctuer l’univers sonore, les corps sont désarticulés, les mouvements saccadés, décomposés pour en observer les moindres détails. Reste une impression de chaos et de confusion exacerbée par des éclairages quasi hallucinogènes et des musiques étouffantes. Puis, de ces corps naissent les émotions : la joie, la peur ou la colère et les pulsions amoureuses, le rejet… autant de chamboulements nécessaires pour composer des personnalités uniques et aboutir à une harmonie entre tous ces individus et toutes ces individualités et ce par un final plus poétique et mélodieux où les mouvements se font fluides et les corps tous reliés entre eux par des jeux de lumière et de vidéo.

L’attrait principal reste la performance très impressionnante : les danseurs enchaînent acrobaties, mimes, chorégraphies alliant break dance, classique et postures spectaculaires à une cadence effrénée. Le saisissement est d’autant plus grand que la Grand Salle de La Rose des Vents permet aux spectateurs, par la proximité entre la scène et le public, de voir de façon très nette les visages et la concentration des ces athlètes dans les moindres détails. Très vite les danseurs se font comédiens, les comédiens sont substitués à la vidéo… Et ce dans une maîtrise totale, il n’y a pas un seul temps mort et jamais l’on ne s’éloigne du sujet. Chaque tableau parvient à nous surprendre cependant ceux-ci s’éternisent et finissent par lasser. L’expérience reste assez éprouvante notamment par des stroboscopes à outrance et des effets sonores assourdissants et très percutants. A plusieurs reprises, les basses hypra saturées parcourent même les corps des spectateurs, la perception du spectacle est donc elle aussi plurielle.

Maud Fournier
AS1

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