dimanche 27 février 2011

Chroniques de vie selon Jan Fabre

Pour cette année 2010, le Next Festival s'offre une belle tête d'affiche en la personne de Jan Fabre. L'artiste aux milles facettes nous propose la suite et fin d'un travail débuté lors du Festival d'Avignon en 2005 alors que la performance ne durait que quinze minutes.


Fabre nous propose ici un voyage initiatique, de la naissance à la mort d'Annabelle Chambon, l'excellente danseuse. Il nous propose une relecture de la vie qui tend à désacraliser la mort. Elle est en effet célébrée, comme une non-fin de vie. « La mort nous amène à porter un autre regard sur la vie, un regard plus intense, plus complet » disait-il à propos de Preparatio Mortis.


Le voyage commence sur un long noir (très long pour certains) accompagné d'une musique quasi religieuse qui dressera les poils de chacun. Une fois les oreilles habituées à ce son, c'est au tour du nez d'entrer en action. Une odeur de fleurs fraiches nous parvient doucement, toujours dans le noir. Arrive enfin la lumière, chaude, nous présentant un plateau couvert de fleur et au centre, sorte d'autel qui respire.


On réalise après quelques minutes que cet autel est habité par un corps mouvant. Petit à petit, des membres sortent de ces fleurs. On découvre alors un corps de femme, qui incarnerait la vie. Annabelle Chambon est la vie. Elle vit avec les fleurs, les possède, les entrelace.


La danse n'est pas danse. Elle est expression. Les mouvements sont saccadés, toujours sur fond d'orgue. L'ambiance est lourde, le spectateur mal à l'aise face à ce voyeurisme. On assiste en fait à la naissance de la danseuse, l'autel devient utérus. Après la naissance vient la mort. Deuxième partie du spectacle, la danseuse est nue, enfermée dans un cercueil transparent, entourée de papillons. Elle hurle, dessine sur les parois du cercueil en plexiglas, et fini par s'éteindre.


Jan Fabre signe un coup de maître avec ce solo. L'émotion est à son comble des premières minutes jusqu'à aux dernières. On vit avec elle, on meurt avec elle. Il réussi une fois de plus à nous placer dans une situation inconfortable, mais avec le temps, c'est peut être finalement ce que cherche le spectateur devant une œuvre de l'artiste.


Célia Cadran, AS3


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