vendredi 31 mars 2017

Gaps in the Grid - Peter Stewart


Peter Stewart traite ici d’un sujet dans l’air de son temps : très souvent reprit par les artistes (et notamment les photographes) du 20ème et 21ème siècle. A travers la photographie d’immeubles et du ciel vue d’en bas, le photographe nous questionne sur la vie urbaine et la verticalité des villes. L’artiste nous présente à travers cette série un point de vue unique du paysage urbain et de la volonté de notre époque d’aller toujours plus haut. 
L’artiste nous offre ici la vision d’un monde qui tend à s’inverser : le ciel que nous entrevoyons entre les immeubles pourrait être vu comme une route qui se crée dans le ciel.
Le choix de l’angle donne à l’oeuvre une dimension impressionnante. Ici l’artiste affiche quelque chose de commun, soit un immeuble, d’un point de vue que nous sommes peu habitués à voir. 
La possibilité de plusieurs sens de lecture caractérise cette oeuvre. On peut regarder l’image de manière réaliste et objective, et ainsi voir la réalité représentée. Mais en la regardant plus longtemps ou attentivement, c’est autre chose qui peut être mis en perspective. Le spectateur peut vite être amené à se poser des questions. Cette photo remet en cause notre perception de ce qui est vrai, et le spectateur se retrouve plongé entre réalité et irréalité.
Le résultat final pour lui-même de la photo fait part de quelque chose d’unique.
De plus, l’artiste offre au spectateur, par le choix de cette prise de vue, la possibilités de voir les choses différemment et peut être ainsi voir le monde différemment. 
En effet, cette photo (et cette série) à été réalisée à Hong-Kong, ville connue pour son sur-développement démographique. De ce fait, cette photo présentant une accumulation d’appartements sur des façades d’immeubles est bien représentative, et illustre bien cette caractéristique de la vie en Chine. 
De manière assez paradoxale, par cette contre-plongée et par une utilisation minutieuse des couleurs, l’artiste sublime un lieu qui en général ne fait pas rêver. Peter Stewart pourrait presque être comparé à un magicien : il rend la fadeur et la trivialité belle, en redonnant à ses immeubles où vivent la classe populaire Chinoise, de la grandeur, de la majestuosité, quelque chose qui impressionne.
De plus, Stewart place son spectateur comme face à l’humanité et à la réalité : nous sommes tout petit comparé à cela.
Ainsi l’artiste amène la banalité du quotidien au statut d’oeuvre d’art.
L’artiste nous amène à nous questionner sur l’enfermement et ainsi nous faire part de son point de vue. Les figures géométriques qui ressortent des photos ressemblent presque à des quadrillages grâce à la présence de beaucoup de lignes verticales et horizontales. En effet, l’idée d’une humanité enfermée dans des cases est mise en avant.
Les titres des oeuvres confirment cette idée : Little Boxes, The Walled City, The Grid : nous comprenons ici que dans des lieux où sont censés vivre des humains, il n’y a justement rien d’humain, la vie de l’humanité est assimilée à des boites, des grilles les unes en face des autres, comme dans un effet de miroir entre les deux bâtiments.
La richesse de cette oeuvre ressort aussi du fait que que ces façades d’immeubles peuvent paraitre fades et froides, pour autant elles montrent la vie personnelle de chacun à travers les vêtements posés sur les fenêtres, les plantes sur certains balcons, ou encore les lumières qui témoignent et mettent en perspective la vie de chacun, au milieu de tous.
La structure est ainsi humanisée, personnifié, et les individus caractérisés et individualisés dans leur similarité. 
La photo est prise de nuit : cela nous ramène à un moment où l’on se pose souvent des questions sur la vie, existentielles. Cela montre la dimension quelque peu philosophique, qui nous amène nous aussi, en tant que spectateur à nous questionner, comme si nous étions à la place du photographe, allongé sur le sol à regarder ces immeubles et le ciel.
Comme par magie, le photographe arrive a capturer un instant et nous l’offrir, à un moment où il fait nuit, où il est habituellement difficile de voir.

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