dimanche 22 février 2015

Critique de l’œuvre : « sans titre », Augustin Lesage, 1937, huile sur toile 62 x 44 cm, Musée du Lam






    Cette œuvre est à mon sens, le chef d’œuvre rêvé de l'enfant que j'étais. En effet, Augustin Lesage a un petit peu agit tel un enfant voulant dessiner ce qu'il lui passe par la tête. Sauf que si je me rappelle bien, mes dessins à moi étaient plutôt du genre sales, ratés, sans esthétique attirante. Chez Lesage, on retrouve le trait de la personne amateur, le côté « fait maison » mais tout cela compose une toile magnifiquement riche et attirante.
Petit, j'adorais la symétrie, c'est pourquoi j'aime le travail d'Augustin Lesage. Tout se base sur la géométrie, des lignes, des ronds, des losanges assemblés comme un jeu. Comme si il fallait remplir lignes par lignes un motif d'une couleur au choix. Les couleurs utilisées me font penser aux dessins animés de ma jeunesse, le marron très présent dans Kirikou ou alors ce bleu rappelant les palais de Azur et Asmar. Cette sensibilité pour cette œuvre est bien sur différente selon les passés de chacun, mais quoi que l'on dise, chaque personne regardant ce tableau prononce la même onomatopée : « wouaaa ».

     Ce mot est d'ailleurs très révélateur du lieu où est exposé l’œuvre à savoir la partie « Art brut » du musée du Lam. En effet, ce tableau se trouve au milieu du multitude d’œuvres semblables à celle-ci. Avec les toiles de d'Augustin Lesage et l'impressionnante « toile bleue » de Victor Simon, on rentre dans un univers tout à fait particulier. Apercevoir cette univers provoque la même sensation que lorsque on regarde le bouquet final d'un feu d'artifice ou lorsqu'on regarde les étoiles. On ne sait plus quoi regarder, doit-on se concentrer sur une couleur ou sur une forme ? Ce sont toutes ces questions qui nous font remarquer que l'on observe les œuvres depuis un certain temps. Voilà comment j'ai pu remarquer à quel point j'appréciais cette œuvre : je me suis dis que je pouvais la regarder durant des minutes et des minutes.

     Cette toile m'a aussi rappelé ces longs et ennuyeux cours de philo de terminale où je tuais le temps à dessiné des motifs sur chaque lignes de mes fiches bristol. C'est comme ça que j'ai cru qu'il étais possible que cette œuvre soit issu d'un travail de peinture automatique. Car oui en effet, en apprenant l'histoire d'Augustin Lesage, j'ai eu vraiment des doutes sur la création de ses œuvres. Il est très difficile à croire que cette inspiration vienne d'un travail semblable à l'écriture automatique. Il y a forcément eu une certaine réflexion sur la composition des éléments, notamment cette géométrie presque parfaite. Mais si l'on observe bien, on peut voir facilement que l'artiste n'a jamais reçu de cours de peinture, sur la partie bleue en haut de la toile. Ce bleue est très imparfait et amateur. Mais serait-ce un effet voulu ou une conséquence de sa non-expérience ? Toujours est-il qu'il est tout de même pas facile à croire qu'un mineur puisse produire des œuvres du jour au lendemain.


     Mais cette toile nous rappelle à tous que chacun de nous a un potentiel artistique. Car très peu de personne n'ont jamais dessiné des formes sur leurs cahiers de cours. Mais Lesage a quand même un véritable talent pour imaginer des formes finalement très simples mais dans un univers très riche et complexe. Le résultat est là, l'admiration, les images d'enfance, l’esthétique tantôt orientale, tantôt africain. Tout ce mélange constitue comme un jeu ludique où la règle serait d'imaginer des objets ou êtres vivant comme lorsqu'on regarde les nuages. 

Arnaud Boileau AS1 

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