jeudi 13 janvier 2011

Exposition « Anonymes : l’Amérique sans nom » au BAL

Anonymes ? Personne n’est anonyme. La volonté d’anonymat est un phénomène sociétal, le résultat de deux tendances montantes de la première moitié du XIXème siècle, au sein de la société nord-américaine : la montée de l’individualisme associée à l’envie de certains artistes de retourner aux choses authentiques, qui s’attachent ainsi à montrer le quotidien de la population, la vie banale de « Monsieur Tout-le-Monde ».
Grâce à son exposition actuelle, le BAL fait le lien entre la volonté de la société américaine et celle de ses artistes. À travers les clichés d’individus anonymes, les photographes de l’agence Magnum documentent la vie d’une certaine époque, à un certain endroit. Le titre de l’exposition prend alors tout son sens : « Anonymes : L’Amérique sans nom », ou le portrait d’un pays, d’une société à travers la vie de sa population. Mais il apparaît peu à peu que derrière cette volonté documentaire objective, les photographes dénoncent en réalité les dérives de la société dans laquelle vivent ces individus : la dureté du travail en usine, les dérives et excès de la société de consommation, certains problèmes sociaux...etc.
Mais cette dénonciation n’est pas assumée par tous. En effet, on remarque que la majorité des clichés exposés sont pris en noir et blanc, laissant croire à une réelle objectivité de la part des photographes. À l’inverse, les clichés pris en couleurs revendiquent clairement le fait de n’être que des images du réel, une réalité filtrée : photographies tirées des archives d’un commissariat de police, réutilisation de clichés provenant de Google Maps, participation de figurants dans les scènes photographiées...

D’un point de vue personnel, cette exposition m’a paru très pertinente, inscrite dans un contexte (le BAL, le Bal ’ lab et le Laboratoire des images), et poursuivant un objectif précis : faire en sorte que le visiteur « s’auto-éduque » à la lecture des images, en apprenant à prendre le recul suffisant pour les interpréter correctement et en se détachant du regard du photographe, et exerçant son esprit critique sur ce regard photographique qui ne peut jamais être tout à fait objectif. On regrette cependant le manque d’explications, qui parfois laisse des questions sans réponses en ce qui concerne la réelle volonté des photographes, ou des commissaires d’exposition Catherine Dufour et David Campany.

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