mardi 3 mai 2016

Critique: La Part et l'Autre - Accord de trois, Jean Michel Sanejouand


 La Part et l'Autre - Accord de trois, Jean Michel Sanejouand

En ce samedi 26 mars, alors que je me trouvais au Lille Métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut, pour voir l'exposition sur Amedeo Modigliani, c'est un artiste, hélas bien moins connu, qui attira mon attention avec une de ses œuvres dévoilées dans la collection d'art moderne.
Il s'agissait d'une des œuvres du peintre et sculpteur Jean Michel Sanejouand, intitulée La Part et l'Autre – Accord de trois, qui faisait face à l'entrée de la pièce, comme pour inciter tous les regards à délaisser les autres tableaux et à se concentrer sur lui. Constituée de trois toiles placées l'une à côté de l'autre, chacune d'environ deux mètres sur un mètre, cette peinture, ou plus précisément cette acrylique sur toile, se caractérisait dès les premières secondes par l'importance du blanc, des parcelles de toile vierge, qui coupe les motifs de tout lien avec la réalité. L'origine religieuse et sacré de ce format de l'oeuvre, qu'est le triptyque, mis en avant une symbolique qui semblait être celle de la vie et de la mort, avec une toile au milieu qui nous révélait un arbre aux branches anguleuses, tordues, et dénudées de toute vie, une nature apparaissant comme morte, et avec des toiles sur les côtés qui dévoilaient des doubles traces de brosse se tortillant sur la toile, autour de motifs indéfinissables et de masques finement décorés, dignes d'une fête de carnaval, emplis de gaieté, de vie, ou bien au contraire pouvant être vu comme des masques funéraires avec des yeux vides, marqués par l'absence de vie.
On note dans cette œuvre un contraste fort avec la toile du centre qui montre le statique, la rigidité, la mort, et les toiles des côtés qui montrent un ensemble de coup de peinture qui virevoltent en tous sens, avec légèreté, créant ainsi un chaos qui est accompagnés par les filets et les gouttes de peinture qui témoignent de la rapidité du mouvement du peintre, mais aussi une certaine ambivalence avec les doubles coups de brosse qui montrent un arrêt brutal, une cassure dans l'élan, une stagnation, mais qui expriment aussi un rebroussement, un changement d'avis, une évolution de la pensée.
Ces masques et traces sont accompagnés de motifs abstraits que l'on ne peut définir précisément et qui ainsi laissent place à l'imagination du spectateur pour reconnaître une forme et trouver une signification. On peut y voir un oiseau ? Une feuille ? Ou juste une broche ? Tout ce qui peut venir à l'esprit du public. Et cela va créer une distanciation, tout comme avec les masques fixant le public mais aux regards vides. Il y a une invitation du spectateur à trouver en lui même la problématique que soulève l'oeuvre, ce triptyque ne questionne pas mais invite à un questionnement du spectateur sur lui même, qui est intime, l'artiste ne guide plus le public.
Il s'agit donc d'une œuvre moderne abstraite, qui reprend un aspect sacré et symbolique, ceux de la nature, de la vie, de la mort, et de l'absence, et qui en appelle à une réflexion sur soi par sa distanciation. 

Corentin Le Jeune, AS1

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