mercredi 12 mai 2010
« Ice » de François Verret
Françoit Verret nous emmène dans ce spectacle dans un univers très particulier où les voix, la musique, le chant, se mélangent à la danse au risque de paraître flou de sens. Celui-ci cherche à créer un espace dans lequel le texte s’accorde à la musique, pour traduire des émotions et des sensations parmi les paysages qu’il donne à voir.
Tout cette espace scénique, intelligemment mis en place, avec ces ambiances lumineuses qui traduit le ressentit des personnages et l’atmosphère froide de la pièce, la musique qui semble mélanger du Jazz, du rock, et musiques expérimentales qui structure cet univers au même titre que les chants qui accentuent les paroles par des cris, des chuchotements, des répétitions, et la danse qui donne tout le charme de la pièce et qui exprime véritablement la signification du texte d’Anna Kavan dont Verret c’est inspiré. Le texte est en anglais et non traduit ce qui permet au public de ne pas s’attarder à la compréhension des paroles mais à la signification de l’univers qu’elles traduisent comme le dit Aurore Krol dans sa critique de « Ice » : « La pièce est en anglais, non traduite, et c’est aussi ça, décrocher du sens : dériver vers la sensation, recevoir des évocations en lieu et place d’une explication textuelle ».
La scène du rideau est particulièrement intéressante dans sa mise en scène. En effet on y voit un rideau et un danseur au centre de la scène où celui-ci tourne autour du rideau en tirant un câble et en faisant tourbillonner le rideau comme une tornade. C’est à ce moment là que le chanteurs « chante » et dit « black Hole » c’est qui traduit de l’anglais veut dire « trou noir ». On comprend alors que la mise en scène, l’espace, le décor, tout cet esthétique vient appuyer le texte, vient le représenter « physiquement » comme avec ce rideau tournoyant qui représenterai un trou noir. Cette esthétique mise en scène est travaillé pour mettre en valeur le texte. Cela dit cette esthétique nous donne des interprétations multiples ce qui peut « noyer » le public dans sa vision de la pièce.
Une place importe est placé à la danse qui peut paraître improvisée et désordonné au premier abord mais qui serait en fait chorégraphiée en harmonie avec l’environnement représenté. On peut remarquer ce travail de chorégraphie notamment quand une danseuse est « enfermée » dans un carré lumineux et que sa danse nous parait alors comme un débattement, une envie de liberté car elle ne franchit à aucun moment le carré lumineux même s’il est paraît en donner l’envie. On comprend donc que l’éclairage au même titre que la musique viennent « définir » et « structurer » d’une certaine manière ce que l’on voit.
Finalement, « Ice » est un spectacle d’une mise en scène assez ingénieuse dans la forme avec des danses et des musiques qui en se mélangeant permettent de donner une interprétation au texte d’Anna Kavan qui plonge le spectateur dans un univers qu’il reconnait ou qu’il découvre en étant compatible avec celui du metteur en scène. Cependant cet univers, cette esthétique abstraite assez complexe en un sens peut également perdre le spectateur qui ne comprendra pas le sens de la représentation. Que cela soit voulu ou non le spectateur n’aura pas forcément une interprétation positive de la pièce car n’ayant pas compris il ne pourra pas en dire du bien et se forger un point de vue.
On peut retrouver cet univers, où l’on utilise l’esthétique de la scène pour interpréter un texte, dans les mises en scène de Romeo Castellucci qui crée lui aussi un « monde abstrait » et de Pippo Delbono qui travail également sur cet irréalisme et sur les rapports aux corps.
Ce spectacle ne m’a pas totalement déçu car j’y aie découvert un univers et des chorégraphies impressionnantes, qui m’ont permis de reconnaitre le travail de metteur en scène, néanmoins cette dernière étant très abstraite je n’aie pas put vraiment comprendre toute la signification qui s’en dégageait et donc passer le spectacle en étant entre réflexion et admiration ne m’a pas forcément plut, mais c’est peut être ainsi que fonctionne l’art.
Humberto Da Silva AS1
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