Foujita monumental!

Tout chez Léonard Tsuguharu Foujita semble fait d'oppositions.
On le voit japonais, il est français. On l'imagine extravagant, il prend le nom de Léonard en hommage à De Vinci. Dans ses oeuvres, il mêle l'Orient et l'Occident. C'est à cette image, celledu contraire, qu'est consacré l'exposition Foujita de la ville de Reims.
Le titre de l'évènement souligne cette idée d'opposition: « Foujita monumental! Enfer et Paradis »
Foujita était un fervent croyant, il se fait baptiser en 1959 à Reims. Il y construit La Chapelle Notre Dame de la Paix, où il repose désormais.
Reims, étant sa « ville d'adoption », était déjà dépositaire d'oeuvres de l'artiste. Elle en hérite de nouvelles en avril dernier et décide donc de monter l'exposition « Foujita monumental! » au musée des beaux-arts.
Si le musée n'a jamais été un lieu très...accueillant (prêter un stylo bic, c'est sûr, c'est prendre le risque de ne plus le revoir...surtout si vous êtes toujours aussi aimables à la fin de la visite mesdames), le cadre demeure agréable puisque le musée est installé dans une ancienne abbaye.
Trouver l'exposition au sein du musée est une autre paire de manches... À droite? À gauche? Toujours plus à gauche? Après avoir survolé renaissance, baroque et réalisme, Foujita est enfin là, sur une photo de plus de deux mètres le représentant en maillot de bain d'époque et se brossant la moustache.
L'exposition est construite en plusieurs parties, délimitées par la couleur qui passe du jaune lorsque nous sommes face à des masques de bronze, au bleu foncé quand les tableaux blancs font leur apparition. Agréable comme atmosphère pour l'enfer.
Un Foujita mondain se dévoile à travers les reproductions de tableaux (d'ailleurs présents) de ces contemporains (Matisse, Modigliani...)qui font échos à sa vie passée dans le Paris des années folles. Puis on passe à un Foujita pieux avec ses nombreuses Vierges et son « Apocalypse de Saint Jean », avant d'arriver devant ses fameux diptyques « Les grands blancs ».
Ces tableaux sont assez représentatifs du travail de l'artiste. Foujita voulait y représenter « le plus beau des matériaux: la peau humaine. ». Ainsi « Compositions au chien et au lion » et « Les lutteurs » représentent des corps mais ce qui ressort est l'habile composition de Foujita.
Il réussi à mêler l'art oriental des estampes à l'art occidental.
Peut-être que, dans son art, Foujita n'a pas décidé lequel des deux est l'enfer, lequel des deux est le paradis..

C.A As1