Cannibals. Fictions et Réalités.
Le titre ne ment pas. A travers
cette exposition, on est plongé au cœur du cannibalisme, entre réalités et
fictions, entre récits de voyages, photographies, objets rituels, gravures et
autres observations directes ; et films, romans, bandes dessinées, contes,
musiques, peintures. Si on ne remet pas en doute la partie fictionnelle de l’exposition,
à savoir les œuvres d’artistes peintres, cinéastes, musiciens, et écrivains
célèbres qui se sont fortement inspirés du cannibalisme. On peut remettre en
doute la véracité des récits de voyages, des gravures et même des photographies
surtout que nous sommes à l’ère du numérique où l’abondance d’images retouchées
nous donne le droit au scepticisme. La question des sources est donc très importante
dans cette exposition que nous offre le Musée du Moulin et de l’Alimentation de
Bruxelles.
Exposition pour le moins
surprenante, en tout cas pour moi. Je m’attendais à des œuvres d’un/une ou de plusieurs
artiste(s) dont le cannibalisme aurait été la source d’inspiration. A la place,
j’eus le droit à un cours d’histoire du cannibalisme pour le moins passionnant
et très riche. En effet, l’exposition est mise en scène de telle sorte qu’on
doit d’abord apprendre l’histoire du cannibalisme avant de découvrir ou
redécouvrir les contes de Charles Perrault, les tableaux de Rubens (Saturne dévorant
un de ses fils) ou Géricault (Le radeau de la Méduse), ou encore la célèbre
comptine Il était un petit navire, qui, replacée dans ce contexte n’est plus du
tout pour les enfants ! Et qui ne l’a
jamais vraiment été d’ailleurs.
Pour un sujet tabou dans notre
société occidentale, le cannibalisme est ici montré sous un angle différent des
stéréotypes qu’on peut parfois trouver. En effet, j’ai appris que le
cannibalisme répond à des codes de conduites, il n’est pas gratuit. Il prend
alors deux formes principales : l’endo-cannibalisme et l’exo-cannibalisme,
le premier est un rite funéraire alors que le deuxième est un acte de
démonstration de sa puissance sur l’ennemi vaincu.
La transsubstantiation fait
également partie de cette histoire du cannibalisme, ou ici plus spécifiquement
l’anthropophagie puisque l’exposition se concentre sur l’espèce humaine. Je n’avais
encore jusque là jamais pensé à l’Eucharistie en ce sens, le corps et le sang
du Christ comme acte de cannibalisme, en tout cas il est considéré comme cela
par certains.
Cette exposition nous montre bien
qu’on en apprend jamais moins, toujours plus, et que notre esprit critique doit
toujours être en éveil.
Pour finir, une partie de l’exposition
nous invite à découvrir des photographies prises au Congo Belge lors des années
de colonisation. Le texte accompagnateur nous apprend alors que les soldats
belges, ceux du Roi Léopold II auraient fait preuve d’actes de cannibalisme à l’égard
des peuples indigènes pour montrer leur puissance et leur domination. C’est
dans ce genre de situation que notre esprit critique doit particulièrement être
attentif, car il est très surprenant qu’un peuple occidental civilisé aurait
montré de tels actes barbares. Cependant, je n’ai pas rejeté l’information. L’artiste
belge Jan Fabre a en effet récemment dénoncé à travers ses toiles en carapaces
de scarabées le règne du Roi Léopold II et sa violence à l’égard des peuples
indigènes. L’information qu’apporte donc ici la photographie et son texte n’est
donc pas erronée même si elle n’est pas à prendre pour argent comptant pour
autant.
Cette exposition n’a donc pas
pour but de nous faire découvrir un/une ou des artiste(s), elle a pour but de
nous donner une vue d’ensemble sur la thématique du cannibalisme, sur son
histoire, sur ses représentations dans la société, comme à travers nos
expressions comme « il n’est pas dans son assiette » par exemple ou par
des artistes qu’on connait tous comme Géricault, Charles Perrault, Jonathan Demme,
Rubens ; et même sur ses représentations dans nos croyances.
Je terminerai en disant que cette
exposition m’a donné faim, surtout quand en bas dans les cuisines il y avait
les enfants qui préparés un gâteau, car oui dans le Musée du Moulin et de l’Alimentation
il y a des ateliers culinaires en lien avec la thématique de l’exposition de l’année,
qui sait ce qu’étaient en train de préparer nos jeunes chefs ? Sur ce je
vous recommande cette exposition, elle vaut le détour, surtout pour ceux qui
aiment les sujets non traditionnels.
Elisa Walbert (AS1, La Catho, Lille)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire