vendredi 22 avril 2011

ZOONOMIA : Pas si bête !




L'exposition "ZOONOMIA, de la nature humaine", a eu lieu du 21 Janvier au 27 Mars 2011 à La Condition Publique de Roubaix.


La Condition Publique est un centre culturel qui regroupe chaque mois des concerts, des expositions, un restaurant... C'est un ancien bâtiment industriel qui date de 1902 où pendant 70 ans, la laine et la soie y étaient conditionnées. C'est un bâtiment très sombre avec de grands escaliers métalliques, un endroit tout à fait inhabituel pour y exposer des oeuvres. Mais justement, il est toujours agréable de se rendre dans des endroits qui sortent de l'ordinaire pour y voir une exposition. De plus, la sombreté reignant, nous sommes très vite plongés dans une atmosphère tout à fait à part, un univers vraisemblablement décalé à peine le premier pied posé dans ce Hall B de La Condition Publique.


Christian Gonzenbach est un artiste suisse de 35 ans. Il est plasticien, vidéaste, photographe et travaille à Genève. Il porte un très grand intérêt pour la science puisqu'il étudie la biologie pendant un certain temps, ce qui influencera considérablement ses oeuvres qu'il ne considère d'ailleurs pas comme des inventions mais plutôt comme des expériences. C'est un peu comme si, avant de créer une oeuvre, Christian Gozenbach se posait cette question : Que se passerait-il si... ?


Ainsi, l'exposition est en réalité divisée en deux parties : Une partie "zoo" est une autre "exposition" à proprement parlé. La partie "zoo" ne comporte qu'un vaste enclos dans lequel y est entreposé un énorme rocher où y sont regroupés trois malheureux moutons qu'on ne voit pratiquement jamais. Cette partie d'exposition est tout à fait inutile puisqu'il n'y a pas grand intérêt à voir trois moutons tassés à l'intérieur d'un gros caillou par peur du monde extérieur. Il est dommage qu'on prenne des animaux vivants pour les "désanimaliser" et en faire de vulgaires "oeuvres". Néanmoins, la deuxième partie de l'exposition rattrape la première. Dans celle-ci, 13 oeuvres y sont exposées dont deux vidéos. Ainsi, Christian Gozenbach nous montre une baleine géante en charpente de bois, des crânes humains réalisés en coquilles d'oeuf d'autruche, des animaux taxidermisés à l'envers ou encore un lapin géant réalisé à partir de 650 vraies peaux de lapin, cette dernière oeuvre étant réellement le clou de l'exposition. L'oeuvre de cet artiste suisse est tout à fait surprenante, voire dérangeante, puisqu'il parvient à faire une étude de l'animal inerte, à le reconstruire et le mettre en scène à partir de ses propres os, de sa chair et de sa peau. C'est alors que cette dimension "d'expérimentation" prend tout son sens. De plus, l'oeuvre questionne beaucoup puisque l'artiste fait en sorte que l'Homme et l'animal soient étrangement rapprochables. En effet, on fait adopter à l'animal une attitude humaine et le contraire est aussi vrai. Par exemple, dans "Les Xuamina", ces animaux taxidermisés à l'envers, Christian Gonzenbach est parti de questions comme : Qu'est-ce qui apparaît quand le poil disparaît ? En perdant sa pilosité, l'homme gagne-t-il en civilisation ?
C'est de cette manière que "ZOONOMIA, de la nature humaine" s'avère être une exposition tout à fait pertinente car elle interroge infiniment sur les liens les plus profonds que possède l'homme avec l'animal, ces deux êtres pas si différents au final.


Ajoutons tout de même que l'exposition est déconseillée aux âmes plus ou moins sensibles ou aux défendeurs les plus férus d'animaux car ils pourront aisément trouver en cette exposition une oeuvre tout à fait incommodante, voire malsaine.




Mélissa Haddadi, AS1.

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