Fluctuat aborde différentes rubriques telles que la musique, le cinéma, les livres, les jeux vidéo, la télévision, la société, les arts, la scène, les sorties, le foot, le sexe et la politique, le tout différencié par des codes couleurs qui tentent de proposer des repères parmi le riche et dense contenu du site et qui renvoient à chaque rubrique thématique, avec sa page d'accueil individuelle et ses propres rubriques.
Ainsi l'équipe du webzine Fluctuat a cerné très tôt la révolution apportée par Internet. Ses membres se sont précipités dans cette immensité pour produire du contenu et/ou l'analyser. Internet est infini, la production intellectuelle aussi : c'est un fait, ils partent de ce postulat pour s'en servir et l'on retrouve cette idée sur le site. En effet, Fluctuat sait mettre à profit tous les outils proposés par Internet. Dans ce sens, c'est un magazine défricheur et assez avant-gardiste, même si ces appellations lui allaient sans doute mieux à ses débuts qu'aujourd'hui, étant désormais rattrapé par d'autres sites à la pointe. Sur le site, on est ainsi sans cesse dans la mise en abîme : le site dans le site, le blog dans le site, les liens dans le blog, qui peuvent eux-mêmes renvoyés vers un site comme c'est le cas pour leurs « bookmarks » [marques-pages] très utiles. L'information est là, elle est dense, la boucle est bouclée. Telle est la navigation sur le site : on peut y passer des heures, y plonger au grès des clics, s'y perdre à n'en plus finir. Difficile peut-être de pouvoir reprendre sa respiration facilement : mieux vaut savoir pratiquer l'apnée pour tenir longtemps sans respirer, afin de ne pas être frustré de devoir sortir trop tôt du site.
Ce qui fait la particularité du site sur la forme, outre ses nombreuses rubriques et la façon dont elles se déploient, c'est aussi le fait qu'il y a beaucoup d'images en couleurs, d'ailleurs parfois en mouvement. Le format ingénieux du diaporama propose quelque chose de novateur qui permet d'avoir des infos ou des aperçus décalés en douze clics. Aussi, il n'y a pas beaucoup de pub et ça c'est agréable. Puis les pages sont bien organisées : articles, entretiens, news, zapping, dossiers, « à voir également » qui est un très bon raccourci. Les articles ont aussi une composition claire : titre, chapeau, développement en paragraphes distincts, avec des renvois grâce à des liens utiles qui permettent de prolonger la lecture et aussi la possibilité de réagir directement grâce aux commentaires. Et il y a encore d'autres atouts : blogs – dont le blog Aeiou qui a eu le clic d'or en 2005 – radios et concours. Néanmoins, attention aux yeux, la multitude d'informations peut les faire piquer un peu, les fonctionnalités ne sont pas toutes évidentes à trouver même si elles sont très adaptées et le « tout imbriqué » peut être perçu comme « trop imbriqué », malgré la logique de ce versant de l'utilisation d'Internet.
Ce qui fait ensuite la particularité du site sur le fond, c'est que ses articles sont traités sérieusement, mais aussi et surtout avec de l'humour, de l'audace et du second degré. L'actualité est suivie de près, il y a toujours des articles dans le vif du sujet, mais on peut aussi trouver des déviations vers des sujets hors de propos, plutôt hilarants, incongrus voire impertinents. Cela apporte un plus au site selon moi, même si certains y verront encore un trop plein d'informations et de détours. Les avis sont autrement très tranchés et c'est donc intéressant de s'y confronter. Cela dessine une silhouette du site ou du journaliste. Mais généralement, ce qui est bien, c'est qu'il n'y a pas vraiment d'élitisme ou de partis pris auxquels on s'attend forcément : il peut y avoir des surprises tous les jours malgré tout ! Les dossiers présentés sont aussi remarquables par leur utilité : un retour sur un style musical, sur l'histoire de la photographie ou le polar scandinave peut être utile pour comprendre les références du site et aller plus loin.
Enfin, ce qui constitue la caractéristique principale de Fluctuat, c'est d'être un webzine participatif, un peu communautaire. Son signe particulier est d'ailleurs d'être « pop et connecté », comme il le précise lui-même. Il y a ainsi un forum général et par rubrique, plus un forum « fun ». Le public peut réagir tout de suite à un article par un commentaire. Il est par contre un peu dommage qu'il faille cliquer pour les lire, la lisibilité et l'attrait des commentaires est donc moins grande. Les lecteurs ont aussi la possibilité de noter eux-mêmes les produits culturels qu'ils consultent. Puis le site est également personnalisable grâce à des netvibes, peut se consulter par sa newsletter et est bien sûr présent sur les réseaux sociaux tels Twitter ou Facebook. Ainsi, d'après un sondage Médiamétrie, le magazine compterait plus de 4 millions de lecteurs, dont 1,3 million par mois. Ce lectorat auquel Fluctuat s'adresse principalement est plutôt la génération jeune allant de 18 à 35 ans, génération branchée, connectée et avec des références communes.
Si l'on tenait à comparer Fluctuat à d'autres sites, on pourrait se tourner vers ceux de Chronic'art ou des Inrockuptibles, autres sites généralistes de l'actualité culturelle. Mais ces derniers sont censés faire écho à leur version papier, la mettant d'ailleurs plutôt à mal dernièrement. Au moins Fluctuat ne s'est pas pris dans cet écueil car il a tout de suite été pensé pour Internet. Il est d'ailleurs plus fluide et un chouia plus en avance aux niveaux des technologies. On peut aussi penser au site Evene, mais celui-ci est tout de suite plus sérieux, plus littéraire, plus adulte et avec plus de publicités et de produits dérivés.
En définitive, Fluctuat est un webzine dans lequel beaucoup peuvent se retrouver, que ce soit seulement dans une rubrique, dans plusieurs, ou dans toutes ! C'est justement ce qui en fait sa force, car il est très complet et participatif. On peut donc choisir de consulter Fluctuat une première fois seulement parce qu'on est intéressé par les arts puis s'ouvrir à l'occasion vers d'autres rubriques, ou bien être délibérément ouvert à tout et piocher ici ou là au gré des clics hasardeux mais riches en découverte. Voilà un moyen de rester vraiment « connecté » sur l'actualité culturelle et les phénomènes de société : embarquez à bord !
Mathilde Doiezie, AS3
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