La revue Mouvement, bimestriel devenu trimestriel depuis peu, s’est démarquée des autres revues artistiques et culturelles. Elle s’est imposée comme une des références de la presse en ce domaine-là, visible notamment avec les partenariats hautement culturels (Centre Georges Pompidou, Musée du Louvre, Le laboratoire,….). Existant depuis 1998, elle nous propose un regard « aiguisé » et critique sur les différentes pratiques artistiques contemporaines (danse, théâtre, musiques, arts visuels mais aussi philosophie ou littérature) ainsi que sur les créations qui en découlent. Cependant, la revue ne s’arrête pas dans son engagement artistique et culturel. Une analyse critique sur les enjeux esthétiques et politiques est « palpable ».
Les créations, aujourd’hui, ne se fixent pas, d’où le sous-titre ambigu du magazine La Revue indisciplinée. Cela correspond à la vision du rédacteur en chef et de son équipe importante (une soixantaine). On ne peut pas « dresser » les créations artistiques contemporaines. Rien n’est sous contrôle, seul y subsiste un véritable foisonnement. Cette idée se poursuit dans la présentation du sommaire, où seules trois rubriques restent stables (Le cours des choses, Matières vives et l’Agenda des possibles). Mouvement n’a pas le désir de « cloitrer » les disciplines dans des rubriques. Comme peut le faire le magazine Beaux-arts. (Marché de l’Art). Le titre, certes ambigu, des dossiers répondent à l’actualité artistique et culturelle à chaque numéro (la douleur de l’argent pour le film du québécois Richard Brouillette l’Encerclement). La revue suit « le cours des choses ».Cette dernière s’articule autour d’un débat ou d’un dossier accompagné d’un visuel souvent incongru sur la page de couverture. Des affiches publicitaires sur des événements artistiques (expositions, pièces de théâtre, spectacles de danse contemporaines,….) qui couvrent le pays et s’éparpillent en conséquence sur plusieurs pages au début, au milieu et à la fin. Un édito, souvent virulent sur les politiques culturelles ou sur l’actualité artistique, écrit par le rédacteur en chef (David Sanson) et le directeur de publication (Jean-Marc Adolphe), nous est proposé en introduction. S’enchaine l’actualité sur les différentes formes d’expression où la présentation des articles est particulière. Des pointillés séparent visuellement ces derniers. Doit-on nous même, lecteur, effectuer un geste « artistique » en les découpant ? Doit-on percevoir cela comme une invitation à morceler l’actualité artistique ?
Rien n’est tabou, ici. Tout se dit sans complexe et sans hésitation. Par exemple, la revue ne cache pas leur antipathie envers le gouvernement actuel avec son Ministre de la Culture et de la Communication, Fréderic Mitterrand. Elle passe au peigne fin toutes les actions, les décisions du gouvernement. Notamment l’action du ministre d’avoir nommé Jean Marie Besset à la tête d’un Centre dramatique national de Montpellier (c’est la une de l’édito du n° ?). Toutefois, le discours peut se voir accrédité d’un ton très intellectualisé, employant des termes « scientifiquement » artistique. Mouvement ne répond sûrement pas aux attentes de lecteurs amateurs d’art. Un certain élitisme est percevable à la lecture de ses articles et de ses dossiers. Ce qui n’enlève pas, néanmoins, son accessibilité aisé notamment avec une politique d’abonnement instauré par le magazine (offres promotionnelles, tarif réduit pour les étudiants), ainsi que des invitations aux expositions et aux spectacles promus, analysés et critiqués. Cependant, le tarif en kiosque de 9 euros ne me semble pas abordable. Toutefois pour les mordus de l’art contemporain, il subsiste un site internet de la revue (http://www.mouvement.net/) où toutes les informations croustillantes, ainsi qu’une newsletter régulière sont présentes.
« 190 pages !» me suis-je exclamé la première fois. Un véritable pavé qu’est Mouvement. Cela peut jusqu'à faire fuir les plus assidus. Pourtant, au contraire, il ne fait qu’attirer ces derniers dans la mesure où pendant trois mois ils peuvent l’emporter partout où ils vont mais non facilement en vue du grand format. 5 minutes de notre temps et nous pouvons lire un ou plusieurs articles très intéressants, accompagnés de visuels pertinents et nettement artistiques, sur les différentes formes artistiques. Ils se démarquent par leur sérieux et par une analyse poussée sur la scène artistique contemporaine. Malgré d’ailleurs un aspect parfois « barbouillé » où notre regard de lecteur s’y perd avec toutes les informations « morcelées » un peu partout dans l’espace de la page. Cela peut s’expliquer par sa grande ouverture culturelle et artistique sur le continent européen (membre de Team Network), voir sur les autres continents. En cela, Mouvement peut être assimilé au magazine Art Press (revue bilingue sur la création contemporaine internationale) à la seule différence que la revue indisciplinaire est plus « agréable à lire », malgré son discours assez pointu.
Posez donc votre regard sur cette « revue indisciplinée » et peut être parviendriez vous à « contrôler » ce flux d’expressions, de formes et de créations artistiques contemporaines qui abondent dans notre société.
Elodie Pollet- AS3
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